Politique

22 Mars 2012- 22 Mars 2019: La réaction de Fabou Kanté de la CPM

Chers tous
Le 21 Mars 2012, lors d’une réunion à Kati, qui s’est soldé par une montée de tension entre des militaires et le ministre de la défense d’alors, suite à des propos tenus par le dernier que certains hommes de rangs et de troupes ont trouvé inappropriés et méprisants, le Général Sadio Gassama fut contraint de quitter ladite rencontre en catastrophe pour faire cap sur Koulouba. Suivi par quelques hommes décidés à aller exposer les raisons de leur désapprobation au chef suprême des armées, les poursuivants se sont butés à la riposte guerrière de la garde présidentielle. S’en est suivi une montée d’adrénaline suite à laquelle des soldats ont forcé les portes des gardes d’armes et de munitions du camp Soundjata KEITA, pour organiser la riposte. Le Capitaine Amadou Aya SANOGO fut désigné commandant des opérations et dans la nuit du 21 au 22 Mars 2012, Amadou Toumani Touré alias ATT, à moins de 90 jours de la fin de son mandat de Président élu, venait d’être renversé par le 3ème Coup d’Etat militaire de l’histoire du Mali moderne. Deux (02) éléments sont à retenir ici avant de poursuivre : 1- le Putsch de Mars 2012 n’était ni intentionnel, ni planifier ni donc organisé 2- Il a fait foirer un autre Putsch qui semblait être mieux préparé avec des officiers supérieurs comme manager. La déclaration publique du Président de l’Assemblée Nationale de l’époque, en la personne du Professeur Dioncounda TRAORE qui disait ceci sur l’ORTM : « On n’est pas à l’abri d’un coup d’Etat  » est assez illustratif. De quel coup parlait -il? Ce qui est certain, pas celui qui est intervenu.

Vous comprendrez alors aisément avec moi, la confusion, le traumatisme, l’amateurisme et la peur qui pouvaient habiter l’esprit et le cœur d’officiers subalternes, sans conscience et formation politiques qui, de façon inopinée se sont retrouvés à la tête d’un Etat déjà affaibli par une rébellion meurtrière d’une cruauté rare, éclatée un an avant et qui avait déjà menacée l’intégrité du territoire malien et sa souveraineté politique. C’est dans ce contexte que les maliens se sont divisés en trois (03) catégories avec trois postures politiques différentes : 1- Il y a ceux à qui le coup d’Etat a apporté un confort politique pour l’avoir interpréter comme une belle raclée vindicative administrée à certains acteurs du mouvement dit démocratique , qui en réalité ne se sont servis de la démocratie que pour la satisfaction de leurs intérêts personnels, familiaux, partisans et claniques 2-Il y a ceux qui ont trouvé que du moment où le coup d’Etat c’était imposé comme réalité objective il fallait donc à ce titre œuvrer pour transformer cette crise en opportunité 3-Il y avait enfin, ceux pour qui le coup d’Etat ne représentait ni plus ni moins que la fin apocalyptique et irréversible des avantages et des privilèges gagnés et conservés pendant vingt ans (20) de gestion du pouvoir étatique.

Les 02 premières catégories se sont retrouvées ensemble dans le camp du soutien à Amadou Aya SANOGO mais avec ligne de démarcation claire qui n’était pas forcément perceptive de l’extérieur. En effet, pour la première catégorie, il s’agissait de soutenir le Capitaine à l’aveuglette, oubliant ainsi que l’action politique doit se fonder sur des valeurs et des idéaux et non sur un individu ; alors que pour la seconde catégorie, la devise était limpide. Oui et Oui à Amadou Aya SANOGO mais à condition que ces actes incarnent le changement tant souhaité par le peuple malien, qui d’ailleurs dans son écrasante majorité a applaudi au putsch avec l’unique espoir qu’il ouvrirait la voie à la renaissance politique de notre pays.

La suite de l’histoire est connue. Nos acteurs politiques et la plupart de nos intellectuels n’ont pas su se départir des considérations personnelles au profit du Mali, si bien que les restaurateurs ont eu gain de cause sur les progressistes. Les loups et les caïmans de notre arène politique, aguerris dans l’intimidation, la récupération et l’instrumentalisation, de mèches avec les réseaux mafieux et maçonniques de notre sous-région, ont semé la zizanie entre les militaires, morcelé le camp du soutien déjà divisé et se sont confortablement réinstallés dans le fauteuil de la continuité en termes de mode de fonctionnement étatique et de comportement politique. L’essentiel des problèmes auxquels est confronté aujourd’hui notre pays et cela sur tous les plans, ne sont ni plus ni moins que la conséquence de la mauvaise gestion que les Maliens ont fait du coup d’Etat de 2012.

Il y a quelques semaines, sur le plateau d’Africable, à la faveur du « Débat du dimanche » monsieur Adam THIAM, du journal le Républicain, questionnait : « Avons-nous tiré les leçons du 22 Mars 2012 ? », j’ai répondu de vive voix, seul, devant le petit écran NON !

En fait, notre éloignement des valeurs démocratiques et républicaines, la criminalisation de notre économie, la corruption généralisée dans presque tous les secteurs de la vie publique et privée de notre pays bref, la mauvaise gouvernance, nous ont conduit à l’effondrement de notre Etat comme un château de carte en 2012. C’est donc l’occasion de nous poser les bonnes questions. Qu’avons-nous fait de 2012 à nos jours pour que le respect de loi par tous et son application juste et équitable à tous, soient réellement constable au sein de nos populations ? Qu’est ce nos acteurs politiques ont fait afin le jeu démocratique ne soit un prétexte pour eux de prendre les populations en otage et de manipuler ses derniers pour régler des comptes inter-partis au mépris total des citoyens ? En quoi nos élites ont agi pour que ceux qui travaillent gagnent dignement leur vie à la différence de ceux bénéficient de tous les accompagnements à cause de leur appartenance à une formation politique, à un groupe de pression, à un réseau mafieux, à une bande de criminels, ou à des groupements d’escrocs en bandes organisées ?

La maxime selon laquelle les mêmes causes produisent généralement les mêmes est pourtant connue de tous et l’histoire des hommes s’accélère, comme aime le dire le plus souvent Cheick Tidianne Gadio. Nous avons tous intérêt à sortir du saupoudrage, des manipulations, des logiques d’éliminations politiques pour faire face aux véritables questions de sécurité, de paix et de développement de notre patrie. Regardez bien dans quel contexte de tension sociopolitique, économique et sécuritaire le pays est. Il en faut plus que ce que nous avons aujourd’hui en femmes et hommes d’Etats et de citoyens pétris de sincérité dans l’engagement patriotique, crédité de confiance auprès des populations et dotés de compétences pour identifier les problèmes et les résoudre. C’est le seul gage pour éviter une répétition de l’histoire dans 24 heures ou dans 50 ans.
Bien à vous tous
Fabou KANTE
Président de la Coalition Patriotique pour le Mali (CPM)
Président du Mouvement Tabalé
66 78 67 10 / 76 07 41 07
fabou_kante@yahoo.fr

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