EDITO

Autrement dit : Tout ça pour ça !

Toute la République retenait son souffre. Depuis la conversation téléphonique entre le président de la République et le chef de file de l’opposition, les Maliens ne parlaient que de leur future rencontre. Laquelle a été possible lors de cette conversation téléphonique.

La rencontre entre ces deux hommes apparaissait comme la fin ou la résolution de tous les problèmes du Mali et des Maliens. Comme s’il n’y avait rien à espérer en dehors de cette rencontre. Comme si le simple fait de voir ces deux hommes ensemble suffisait au bonheur de toute une nation.

Il y avait manifestement un parfum de diversion que nombre de nos compatriotes n’ont pas senti de loin. Puisqu’il s’était passé auparavant un événement très symptomatique de la gestion catastrophique du pouvoir. Lequel événement avait poussé des leaders religieux à demander le renvoi du Premier ministre de ses fonctions et dont l’onde de choc s’était emparée de tout le pays.

La soupape trouvée (échappatoire ou un moyen de faire baisser la tension nerveuse) était donc de détourner l’attention des Maliens et cristalliser leurs énergies autour d’un événement : la rencontre entre le chef de l’Etat et le chef de file de l’opposition. Laquelle, en soi, n’est qu’un épiphénomène en comparaison des réalités de l’heure.

Ils se sont finalement vus mardi en début de soirée. Et après ? Sommes-nous tentés de dire. À l’entendre, le chef de file de l’opposition, il aura échangé avec le président de la République de tous les sujets d’importance et d’intérêt national. Est-ce propice à la décrispation du climat politique ? Soumaïla Cissé donne sa langue au chat, en attendant la réaction, la semaine prochaine, de son interlocuteur.

Vous êtes alors servis, ceux qui croyaient que cette réunion allait  déboucher sur des décisions et mesures concrètes. La montagne a-t-elle accouché d’une souris ?Trop tôt pour le dire. Même si l’on sait d’avance  que rien d’autre ne pourrait ressortir de cette rencontre qu’un simple principe de réciprocité.

En un mot, les deux hommes sur lesquels, selon l’avis de plusieurs Maliens (ce qui est du reste discutable), repose l’avenir de toute une Nation, dont le pays et toute la population attendaient tout, se sont vus, ont discuté, plusieurs heures durant, pour se dire : «Bon, on se reverra la semaine prochaine».

Pourquoi entourer de tant de mystères une réunion, «au cours de laquelle on a parlé de tout», mais qui n’a décidé de rien et a tout remis à la semaine prochaine. De toutes les façons, ils ont dû se dire : «il ne s’agit ‘que’ de l’intérêt de la nation, ça peut attendre».

Makan Koné

Source : Nouvelle Libération

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