EDITO

Mot de la semaine : Blocage

Depuis la nomination de Boubou Cissé comme Premier ministre, le lundi 22 avril, voilà plus de dix jours après l’on n’arrive pas à mettre en place un gouvernement. Le vœu de voir éclore enfin un gouvernement inclusif oude large ouverture ouencore consensuel s’amoindrit, de jour en jour, à cause des dissensions entre les acteurs politiques.C’est la première fois dans l’histoire de notre jeune démocratie que l’on arrive à un tel blocage dans la formation  d’une équipe gouvernementale.

Est-ce par souci d’inclusivité qu’il tarde à être mis en place ? Ou bien, c’est à cause des égos surdimensionnés des uns et des autres que les acteurs ne parviennent pas à un minimum de compromis ? Le blocage pourrait être dû également au fait qu’IBK n’a pas tiré les  leçons des échecs des gouvernements  précédents d’où sa propension à reléguer au second plan les multiples crises qui secouent le Mali. Le blocage ne pourrait-il pas venir de l’Opposition qui, dans ses calculs politiciens, craint d’être mis devant le fait accompli ? Voici autant de question que l’on se pose et auxquelles il faut répondre.

IBK, après avoir nommé Boubou Cissé comme Premier ministre, lui a assigné comme principale mission de mettre en place un gouvernement de large ouverture pour juguler les différentes crises. Sixième Premier ministre de l’ère IBK, le Président de la République ne voudrait certainement pas que Boubou Cissé échoue comme ses prédécesseurs PM. Il a certainement pris la mesure de la gravité de la crise multidimensionnelle et surtout ses conséquences sur le Mali et sur son régime, d’où son appel de pied à son Opposition. A la gravité de la crise, s’ajouterait l’urgence des réformes à faire pour continuer à bénéficier du soutien de la Communauté internationale.

Pour l’Opposition, IBK donne seulement l’apparence d’un Président préoccupé par les multiples problèmes qui assaillent notre pays, alors qu’il n’en est rien. Sinon, il allait accepter de signer un accord politique de partage de responsabilité dans la gestion  des affaires publiques. L’Opposition qui conditionne sa participation au gouvernement à la signature d’un document qui renfermerait les clauses du contrat qui va désormais lier les acteurs politiques, ne serait pas prête à aller à n’importe quel attelage pas en tous cas toute l’opposition.

Si tant est qu’IBK souhaite que  Boubou Cissé fasse plus que ses prédécesseurs,  en termes de reformes et de résolution de la crise socio-sécuritaire, il doit accepter les conditions posées par l’Opposition.Tout porte à croire que c’est seulement après avoir apposé sa signature sur l’Accord politique, qu’il soit contraignant ou pas,  que l’Opposition acceptera de siéger dans le gouvernement. C’est autour d’un compromis qu’il faudrait faire appel à toutes les intelligences de quelque bord politique qu’elles soient. Est-ce de la mer à boire que d’accepter un compromis politique pour un partage de responsabilité dans la gestion du Mali ?

L’Opposition est désormais face à l’histoire et à ses responsabilités. Si elle accepte de rentrer dans un gouvernement sans un minimum de compromis, elle donnerait raison au Président de l’APCAM, Bakary Togala. Ce dernier pense, à tort ou à raison, que l’Opposition a tout simplement faim et qu’elle a besoin de manger, d’où son appel au Premier ministre d’alors de lui donner quelque chose. En acceptant de rentrer dans un gouvernement sans préalable elle se serait dangereusement mise dans une compromission et subirait le même sort, à l’heure du bilan, qu’IBK. Ce qui pourrait avoir comme conséquence la sanction collective du peuple à cette classe dirigeante qu’il jugerait pas crédible.

En somme, la responsabilité du  blocage dans la mise en place du gouvernement incombe  au Président de la République, qui est le seul garant de la cohésion et de l’unité nationale

Youssouf Sissoko

Inf@sept

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