Alors qu’on pensait sortir de l’auberge avec le dialogue politique entamé par le Président de la République lui-même et l’ensemble des partis politiques ainsi que de la société civile, nous revoici encore à la case départ. Il aura fallu les grandes tueries de Dioura et d’Ogossagou pour que les fragiles acquis obtenus par IBK à l’ensemble de la classe politique soient allés à vau-l’eau. Ces massacres qui ont provoqué l’ire de la communauté internationale, n’ont pas laissé indifférents la classe politique et la société civiles nationales, qui ; à l’unanimité, ont pointé un doigt accusateur sur l’actuel régime. Il n’en faut pas plus pour que celui qui croit que son pouvoir est divin, ferme la porte du dialogue à ses partenaires, en adoptant l’ancienne posture, celle du roi arrogant et méprisant.
Rien que sa réaction, à la fois épidermique et irritative, et cela, après les différentes interventions des acteurs politiques sur les différents massacres, les plus avertis en ont déduit que c’est l’acte de décès du dialogue politique. IBK, sachant bien qu’il ne supporte pas la contradiction, n’a pas fait mieux que de rompre les pourparlers, et avec l’Opposition et avec la société civile, même avec sa propre majorité, préférant se terrer dans sa Tour. Peut-on gérer un pays selon l’humeur du seul principe du jour ? A-t-il oublié que c’est en démocratie qu’aucune institution seule n’a tous les pouvoirs ? Que dire du peuple à partir duquel tout pouvoir tire sa légitimité ?
Ce serait du pléonasme de dire que rien ne va au Mali. Le pays de Soundiata, de Babemba, de Firhoun, de Modibo Keita, ne se serait jamais porté aussi mal qu’aujourd’hui. Il est sur le point de s’effondrer, pas par manque des ressources humaines capables de le redresser, mais par l’arrogance d’un homme. Pourquoi ne pas le dire ? Kidal ne sera plus jamais dans le giron de l’Etat unitaire du Mali. Gao et Tombouctou finiront par se révolter et s’affranchir de la tutelle de Bamako. Le centre du Mali retrouvera difficilement son vivre-ensemble qui a fait des deux communautés, peule et dogon, des cousins consanguins.
En allant plus au sud, on tombera sur une manifestation de colère des enseignants à Bamako, Koulikoro, Kayes, Ségou ; où un meeting géant à l’appel du Haut Conseil Islamique ou du moins de son Président. Ou encore on coïncidera à une grève de plusieurs jours de certains syndicats. Comment pourrait-on rester indifférent à toutes ces préoccupations, à toutes ces crises d’une gravité inouïe ? Le Président de la République est le seul à avoir la réponse. En attendant, le Bateau Mali continue de tanguer faute de capitaine.
Youssouf Sissoko
InfoSept