Les réactions tonitruantes de Komoguel, ancien premier ministre lâché sans ménagement par ses employeurs, démontrent qu’il a perdu le sens des réalités et qu’il aura du mal à se concilier avec un projet incluant un vrai dialogue avec le Peuple. L’homme semble souffrir de ce que craignent les rhétoriciens : la logorrhée, cette diarrhée verbale qui saisit le locuteur et l’entraîne dans une sorte de tourbillon discursif inarrêtable.
GRANDE GUEULE

Komaguel : chute en roue libre

Les réactions tonitruantes de Komoguel, ancien premier ministre lâché sans ménagement par ses employeurs, démontrent qu’il a perdu le sens des réalités et qu’il aura du mal à se concilier avec un projet incluant un vrai dialogue avec le Peuple. L’homme semble souffrir de ce que craignent les rhétoriciens : la logorrhée, cette diarrhée verbale qui saisit le locuteur et l’entraîne dans une sorte de tourbillon discursif inarrêtable.

En effet, on se rend compte, après chacune de ses tribunes, qu’il sera délicat pour ce monsieur d’inspirer confiance sur sa capacité d’écoute et de conciliation des positions politiquement antagonistes et potentiellement conflictuelles, tout en favorisant la convergence des Maliens vers l’essentiel. C’est à la fois triste et regrettable que, par son amateurisme et son émotivité, il ait anéanti de façon irrévocable les espoirs des Maliens provenus, selon ses propres mots, du mouvement populaire historique du 5 juin 2020 parachevé le 18 août de la même année, par l’aile patriotique de nos forces de défense et de sécurité (les mônèbô denw).

En fait, je suis d’avis que l’exercice de la responsabilité d’État va de paire avec un vocabulaire approprié et un sens élevé de la tenue. Malheureusement, notre Transition a mis en scène un personnage qui n’a ni le sens de la grandeur ni la maîtrise de la portée de ses actes sur le devenir de la nation.

Quand on a assumé de si hautes fonctions sous une transition au service d’une « junte militaire », on devrait avoir la décence de ne pas remettre en cause la légitimité de ces mêmes autorités, auxquelles l’on a appris cyniquement les mystères de la gouvernance politique de l’Etat. À moins que les privilèges perdus et l’envie inextinguible de remettre la main sur le pouvoir et la grâce évanouis nous fassent oublier qui l’on est véritablement. Sans cette « junte militaire », Komaguel ne pèserait pas le poids d’une plume, tant politiquement, socialement que sociologiquement.

Faut-il lui rappeler son discours consécutif à la suspension des activités des partis politiques et celles des organisations à caractère politique ? En effet, à la suite de la saisine de la Cour Constitutionnelle par les signataires de la déclaration commune du 31 mars 2024, à l’effet de constater le vide juridique et institutionnel créé à l’expiration du délai indiqué dans le décret N°2024-0230 du 10 avril 2024 suspendant leurs activités, jusqu’à nouvel ordre et d’en tirer toutes les conséquences de droit, l’actuel ancien premier ministre, lors d’une rencontre du Comité de pilotage du Dialogue direct inter-Maliens pour la paix et la réconciliation avec les membres du Gouvernement, a laissé entendre que «la transition en cours prendra fin avec l’investiture d’un Président de la République et que des élections n’auront lieu que lorsque la stabilité du pays sera assurée ».

C’était en mai 2024. Un an après, ce même monsieur, drapé dans son nouveau grand boubou de circonstance rappelant la tenue des griots aux chechias des palais, ose dénoncer la prolongation injustifiable d’une transition qu’il a contribué à enraciner, dans une tribune en date du 12 juillet 2025 intitulée « Attention à ne pas atteindre le point de non-retour !», affirmant sans sourciller : « construisons un État et non un pouvoir personnel… L’expansion de l’insécurité et du terrorisme qui fut naguère l’une des principales raisons qui ont provoqué le soulèvement du Peuple à travers le M5-RFP, est devenue le justificatif majeur pour imposer l’injustifiable : prendre le Mali en otage, en proclamant la prolongation indéfinie de la Transition « jusqu’à la pacification totale du pays ». À quand cette pacification totale du pays ? Celui qui interroge doit avoir la réponse à son interpellation, car il est lui-même l’auteur de la formule. On doit se rappeler que la parole, une fois prononcée, n’appartient plus à son auteur mais aux destinataires dudit discours. Car l’opinion ne manquera pas de le lui rappeler en cas de non-respect de la promesse ou de déloyauté de sa part.

Inconstances, incohérences et contradictions…

Nous devons relever les paradoxes, les contradictions, les inconstances, les incohérences et les ambiguïtés de ce personnage atypique, avant, pendant et après l’exercice de ses différentes fonctions politiques et administratives. Avec les militaires, il a créé, construit et consolidé le pouvoir répressif en cours, au lieu de construire et consolider l’Etat malien. Un État, ce sont effectivement des règles, des lois et règlements pour tous, que tout le monde doit respecter. Oui, on ne fait pas ce qu’on veut parce qu’on a la force des armes. Quid de la responsabilité et de la culpabilité du conseiller en chef des militaires au pouvoir ? Qui a induit et facilité les cinq premières années des militaires au pouvoir, espérant sur un retour de l’ascenseur le propulsant, éventuellement, au sommet de l’État ? Le deal est devenu un torchon, du vulgaire papier-toilettes… Comme quoi, si la tromperie fait dîner, elle ne fera pas souper. Malheureusement, la vie politique de notre pays fourmille de personnages de cet acabit capables de changer au gré de leurs relations conjoncturelles avec le pouvoir. Ils réapparaissent à chaque crise pour tenter de désorganiser l’ordre établi ou se faire désirer par une partie crédule de la population en manque de repères. Ce n’est pas la première fois que nous voyons ce monsieur se dédire et renoncer à ses « convictions ». Ce ne sera pas non plus la dernière fois, comme les événements le montrent…

Tribune : « Attention à ne pas atteindre le point de non-retour ! », Choguel, ancien Premier ministre 

 

Autant il est ambitieux et vindicatif, autant la mémoire l’abandonne à une vitesse supersonique. Et c’est la crainte de cette perspective qui le fait jacasser à tout vent. Komoguel a besoin de faux combats pour se trouver des causes à défendre, souvent au mépris de la prudence et de l’éthique morale. Sans logique dans ses discours à l’emporte-pièce, il est bourré de contradictions, d’ambiguïtés et de contrevérités. Comme s’il était atteint d’amnésie sélective ou d’une hérésie soudaine. Je ne conseillerais à personne d’embarquer avec un fou dans une barque pour traverser un fleuve en pleine crue. Laissons-le dans ses délires mégalomaniaques ! Un personnage-caméléon qui a tendance à vouloir faire marcher la chose publique en ne suivant que le cap de l’opinion publique ou les contingences idéologiques volatiles. Pour cela, il préfère se trouver toujours au cœur des décisions politiques, s’adapter aux péripéties du pouvoir et en saisir rapidement les leviers pour rejeter à la périphérie les opposants radicaux et les perturbateurs de son « ordre public ». Ses convictions sont aussi durables que la direction du vent. Transfuge des opinions, s’autoproclamant transformiste politique, il s’accommode des alliances, des tendances et des “événements”.

Aux tenants actuels du pouvoir d’État, aux démocrates convaincus, aux patriotes sincères et aux républicains de tous bords, je recommande de ne jamais manquer de vigilance face à cette énième tentative de diversion de Komaguel. Cela nous évitera, à tous, bien des surprises désagréables dues à l’émergence d’occultes réseaux d’influence et insinuant des intérêts égoïstes et sordides. En instrumentalisant des discours nationalistes et souverainistes, il tentera de détourner les Maliens de leur noble combat, en s’évertuant de brouiller les vrais repères et de fragiliser les fondements mêmes de notre nation.

Un Premier ministre issu, dit-il lui-même, d’un « mouvement populaire historique » (plutôt hybride et nébuleux dans sa composition et son mode de combat politique), qui s’est révélé, dans l’exercice du pouvoir d’Etat, incapable de répondre correctement aux aspirations et aux interrogations légitimes de ses mandants a sûrement atteint sa phase décadente dont personne ne peut le sauver, ni le peuple qu’il prétend défendre ni, encore moins, ses anciens patrons. S’étant voué à une certaine prostitution idéologique et politique, notre homme a perdu sa dignité et sa légitimité, la faute à son compagnonnage incestueux avec ceux qu’il feint de combattre aujourd’hui, parce qu’il n’est plus à leur table ; il s’est déprécié en se couvrant de ridicule et de discrédit. Quand un premier ministre se proclamant souverainiste et panafricaniste indécrottables ferme les yeux sur les problèmes  cruciaux de son pays (insécurité, mal-gouvernance, pilotage à vue) pour détruire insidieusement les acquis de la démocratie, saper l’État de droit et la République, il s’enferme malheureusement dans une cécité  intellectuelle et morale innommables. Premier ministre, au faîte de son destin national, il s’est installé dans une posture de refus systématique de résoudre les problèmes réels des citoyens, de consolider le vivre-ensemble, le rassemblement des Maliens autour de la patrie mortifiée. Je m’amuse des galimatias de ce monsieur qui, pour moi, n’incarne plus que le passé, et un passé pas du tout reluisant ! Il lui avait pourtant été rappelé, par des voix non négligeables, que la situation du pays exigeait de nous tous d’aller vers un « consensus minimum partagé » qui n’avait pas besoin d’être une camisole de force, mais qui supposait une prise de conscience collective, un diagnostic réel sans complaisance, une symbiose de toutes les compétences. À ce titre, seuls les hommes épris de paix, de justice, dotés d’un patriotisme éclairé pouvaient y parvenir et y pousser les autres. Malheureusement, il n’en était pas un, cloîtré dans son bunker d’illusions fantasmagoriques.

À priori, la transition est une période d’exception où il n’y a ni majorité ni opposition. Alors, chef du Gouvernement, donc de l’administration publique, il lui a été conseillé de créer une synergie de toutes les énergies positives pour sortir le pays au plus vite de l’impasse, en prenant en compte les aspirations profondes du peuple. Pour ce faire, il fallait nécessairement convertir les forces d’inertie en communautés agissantes pour le progrès. Hélas ! L’arrogance, la suffisance et l’orgueil l’habitaient trop pour favoriser une renaissance politique et patriotique bâtie sans exclusion ni mépris. Mais les eaux du grand fleuve Joliba n’arrêteront pas de couler sous les ponts de Bamako et de Wabaria de Gao.

Comme quelqu’un l’a dit, de manière plus élégante : quelle que soit la suite, ce monsieur sortira très affaibli, sinon vaincu de cette bataille sans issue qu’il a engagée, et son image n’en sera que plus écorchée. Car la soupe dans laquelle il crache aujourd’hui après l’avoir bue goulûment pendant des années lui créera une indigestion certaine.

Dieu protège le Mali en mettant définitivement fin à cette race de dirigeants.

À très bientôt !

Yaya Sangaré, Homme politique, Ancien député, Ancien ministre

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