Le dialogue national inclusif, le retour de l’ancien président ATT au pays et le débat sur la présence des forces françaises dans notre pays, tels sont les sujets évoqués par le président de l’UDD et de l’APR, l’ancien chef de la diplomatie malienne, Tiéman Hubert Coulibaly dans cet entretien.
Le dialogue national vient de se tenir. Quel a été l’apport de votre mouvement politique ?
On a eu un apport déterminant. D’abord, nous avons participé à tout le processus préparatoire avec les facilitateurs du dialogue. Nous avons participé à l’atelier qui concernait la rédaction des termes de référence. Nous nous sommes employés à un moment donné à rendre visite à quelques leaders de l’opposition. Nous sommes allés voir le FSD en délégation de l’ARP pour rencontrer Soumaila Cissé en lui demandant d’accepter de participer à l’atelier, de contribuer et ce qu’il avait accepté. Mais par la suite les choses se sont passées autrement et c’est regrettable. Nous avons beaucoup apporté à ce processus. Déjà en le soutenant. L’exclusivité était un objectif, tout le monde a été invité, malheureusement tout le monde n’a pas participé. Ce qui nous préoccupe aujourd’hui est l’après dialogue. Il y a eu quatre grandes résolutions qui ont été édictées et ces résolutions il faudra les mettre en œuvre. Nous pensons que cette mise en œuvre, il faut continuer à faire appel y compris à ceux qui n’ont pas participé. Même ceux qui n’ont pas participé aujourd’hui peuvent contribuer à la mise en œuvre de ces résolutions là dans un contexte de cohésion national donc c’est l’appel que nous souhaitons lancer. Nous nous sommes battus comme toutes les organisations politiques au cours du dialogue pour faire prévaloir notre point de vue. Et nous avons pu réussir à faire passer un certains nombre de propositions et cela nous satisfait grandement. Pour le reste, l’année 2020 sera une année de grands chantiers parce que les résolutions, notamment celles qui concernent les élections et celles qui concernent la révision. Surtout une des plus importantes qui concernent le retour de l’administration sur l’ensemble du territoire.
Votre appréciation sur le retour de l’ancien président ATT…
Excellente nouvelle ! Le retour du général Amadou Toumani Touré est une excellente nouvelle ! J’ai toujours considéré que ce n’était pas bien pour le Mali que l’ancien président ATT fut retenu. Certains ont parlé d’exil mais moi je préfère le terme voyage qui commençait à être trop long ! Ce n’était pas à l’honneur de notre pays, d’autant que je considère que le pronunciamiento de mars 2012 a été un triste événement pour notre pays. Mais ça fait partie de l’histoire. Nous vivons notre histoire avec des événements positifs et aussi avec des événements négatifs mais chaque événement aide la nation à se structurer. Faisons en sorte de ne plus commettre de genre de fautes. Nous sommes une république, nous avons décidé que le pouvoir s’octroyait par les élections et que son exercice était républicain alors restons dans cela. Les coups d’État, les bousculades armées sont d’un autre âge. Ce n’est ni bien pour notre système démocratique c’est encore moins bien pour nos forces de défense et de sécurité.
Pensez-vous que le contexte de 2013 est différent de celui de 2019-2020 ? Etes-vous de ceux qui pensent que l’armée malienne n’a pas besoin de l’armée française ou des autres forces étrangères ? Est-ce que le débat par rapport au départ des forces étrangères doit être mené aujourd’hui ?
Le contexte de 2013 n’est pas celui de 2019-2020. Vous avez raison là-dessus. Le contexte est différent mais le mal est-le même. Le contexte est différent mais c’est une maladie dont le virus a muté. C’est une maladie qui est partie d’une partie du corps et qui essaie d’envahir tout le corps. Exactement comme la cellule cancéreuse, qui en luttant contre les cellules saines produit ce qu’on appelle les métastases. Tel est le contexte de 2019. Déjà, 2012-2013, nous avons eu besoin de l’appui international. Aujourd’hui, c’est l’ensemble du sahel qui tremble, qui subit ! Ce n’est pas parce que nos forces sont lâches ou incompétentes mais c’est parce que le combat est complexe.
Nous avons besoin de l’appui des forces internationales et cela peut être justifié par mille et un arguments. C’est une menace globale. Nous devons produire une approche de la sécurité collective. Le partenariat est une vertu, je n’ai pas dit l’assistanat. Partenariat : nous devons travailler ensemble. Nous devons faire en sorte que le niveau de nos armées progressivement monte, en matière d’effectifs, en matière d’équipements, en matière de doctrine, en matière de capacité de rayonnement. Petit à petit, notre besoin d’appui immédiat va se réduire. Même si nous atteignons des niveaux importants en matière de capacité, le partenariat dans la lutte contre le terrorisme surtout le terrorisme du XXIe siècle est une nécessité. Aucune armée aujourd’hui ne travaille seule. Ne serait-ce que sur la base du partage de renseignement; ne serait-ce que sur la base du prolongement logistique qu’une armée peut produire sur un territoire qui est loin de celui d’une autre armée pour l’aider à progresser vers un ennemi qu’elle souhaite détruire. Le partenariat dans la lutte contre le terrorisme est une donnée, ce n’est pas une circonstance et cette donnée est stable.
Propos recueillis par Alpha Mahamane Cissé