L’atelier de Haut Niveau sur la Réforme du Système de Santé du Mali, tenu au Centre International de Conférence de Bamako, du 25 au 28 février 2019, s’est soldé par trois batteries de recommandations fortes en l’endroit du Gouvernement malien, relativement à l’offre des soins et services de santé de qualité, à la gouvernance et communication, et au financement de la santé.
Conformément à la lettre de mission du Président de la République et à la Déclaration de Politique Générale (DPG) de Monsieur le Premier Ministre de juin 2017, certaines réformes au sein du système de Santé au Mali ont été annoncées. Pour traduire cette volonté politique en actions concrètes, le Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique (MSHP) a engagé une réflexion sur des réformes clés tendant à renforcer le système de santé et à accélérer la marche vers la couverture sanitaire universelle dans la perspective de l’atteinte des Objectifs de Développement Durable (ODD). C’est dans ce cadre qu’a lieu du 25 au 28 février 2019, à Bamako, l’atelier sur la réforme du système de santé.
Ce vendredi 1er mars 2019, les rideaux sont tombés ce sur cette rencontre, sous la présidence du Premier Ministre Soumeylou Boubèye Maïga. Celui-ci avait à ses côtés le Ministre de la Santé et de l’Hygiène Publique, Pr Samba Ousmane Sow, de sa collègue Safia Boly de la Réforme de l’Administration et de la Transparence de la Vie Publique, du Chef de file; des Partenaires Techniques et Financiers, Mme Josiane Yaguibou, Représentante de l’UNFPA au Mali.
La synthèse des travaux présentés par le Rapporteur Général de l’atelier, Pr Bréhima Koumaré, recommande, en ce qui concerne l’offre des soins et services de santé de qualité, de renforcer le plateau technique à tous les niveaux de la pyramide sanitaire, de définir le paquet d’activités des établissements de santé par niveau en fonction de la restructuration en cours en prenant en compte le secteur privé, de procéder à une communication intensive pour une meilleure compréhension de la population sur les gratuités annoncées.
Il a été recommandé d’accélérer le processus d’adoption des textes d’application sur les gratuités; d’expérimenter l’initiative au centre de la vie communautaire, à travers un projet pilote avant sa mise à échelle; de renforcer la collaboration entre les Départements en charge de la Santé et de l’Education dans l’amélioration de la formation de base dans les écoles de santé, et d’impliquer le secteur privé à toutes les étapes de la politique de santé (conception, planification, mise en œuvre, suivi et évaluation).
Les recommandations sur la gouvernance et la communication concernent les services de santé des armées et d’autres services de santé parapublics dans les activités de communication du MSHP.
Ainsi, il est souhaité de rendre fonctionnel le cadre de concertation et de dialogue avec le secteur privé et de valider les textes y afférents, de mettre l’accent sur l’application effective de la loi hospitalière, de respecter les textes règlementaires en vigueur et renforcer l’autorité de l’Etat Mettre un accent sur la redevabilité et de développer la responsabilité et l’éthique.
Par ailleurs, l’atelier recommande de renforcer l’opérationnalisation de la Politique Genre au sein du Département ; de Réviser et adapter les textes législatifs règlementaires régissant l’exercice privé des professions sanitaires (à but lucratif et non lucratif) ; de Relire le Décret n°099-346/PRM du 3 novembre 1999, portant statut particulier des agents de santé dans le cadre de la motivation du personnel, Relecture du code des impôts en ce qui concerne l’exercice privé des professions sanitaires.
Pour le financement de la Santé, les recommandations portent sur la proposition d’un mécanisme pérenne pour la mise en œuvre des mesures d’accompagnement de la gratuité, l’évaluation du coût de la gratuité par cible (estimation du coût par personne et un forfait par an et par cible). S’y ajoutent l’engagement des échanges nécessaires avec les ministères et les acteurs concernés sur les financements innovants proposés et la mise à l’échelle le financement basé sur les résultats.
De façon générale, l’atelier recommande de finaliser le document cadre de la reforme par un comité d’Experts nationaux et , mis en place par le MSHP, de mettre en place un comité stratégique pour la mise en œuvre et le suivi évaluation par le MSHP ; d’élaborer un Plan d’actions avec un calendrier de réalisation séquentielle des réformes urgentes; d’augmenter le Budget alloué au Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique pour soutenir la mise en œuvre de la réforme.
Enfin, il s’agira de faire une évaluation à mi-parcours de la mise en œuvre de la réforme sur la Santé.
Ces recommandations pertinentes permettra, si elle est mise en œuvre, de réduire significativement la morbidité et la mortalité des groupes vulnérables notamment les femmes et les enfants.
Selon le Premier Ministre, ces recommandations «feront l’objet d’un examen attentif de la part du Gouvernement».
«C’est en cela que des décisions prises dans le sens de la promotion du droit du plus grand nombre de nos concitoyens à un accès équitable et abordable aux soins de santé de qualité pourront être traduites en actions concrètes. Je demeure convaincu que la réussite de la réforme approfondie du système de santé repose essentiellement sur la pleine et entière participation des experts que vous êtes», a indiqué Soumeylou Boubèye Maïga. Qui enchaîna : «II ne pourra y avoir de véritables réformes, à même de répondre aux besoins et aspirations profondes de nos populations en matière de santé sans son appropriation non seulement par les acteurs de santé mais aussi par l’accompagnement et l’engagement de tous, y compris les partenaires techniques financiers. J’en appelle, donc, à votre sens élevé de responsabilité pour qu’ensemble, nous puissions conduire ce processus à bon port, main dans la main ».
Le Premier Ministre a rassuré que le Gouvernement ne ménagera aucun effort pour réunir les conditions idoines de la pleine réussite de ce processus de réforme.
Dans le cadre des mesures annoncées par le Président de la République relatives à la gratuité des soins, le Chef du Gouvernement a annoncé qu’un mécanisme sera mis en place au sein du Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique pour assurer la mise en œuvre progressive de ces gratuités à travers une feuille de route. Il est également important d’assurer une communication intense sur ces mesures et leurs modalités de mise en œuvre. Le Gouvernement mettra en place ces mesures dans les meilleurs délais.
Cyril ADOHOUN
L’Observatoire