Vladimir Poutine a prêté serment, ce lundi 7 mai, pour son quatrième mandat à la présidence de la Russie. Il est désormais officiellement à la tête du pays jusqu’en 2024. Investi en fin de matinée, lors d’une cérémonie riche en symboles à Moscou, il a ensuite proposé de reconduire son actuel Premier ministre, Dmitri Medvedev
De notre correspondant à Moscou, Daniel Vallot
La cérémonie s’est déroulée dans le cadre somptueux du grand palais du Kremlin. Une cérémonie très protocolaire et retransmise en direct à la télévision, suite à la réélection en mars de Vladimir Poutine avec 76,7% des voix, soit le score le plus élevé depuis son arrivée au pouvoir. Le chef du Kremlin s’est imposé plus que jamais comme l’homme fort d’une Russie qu’il a replacée au premier rang sur la scène internationale, au prix de tensions croissantes avec les Occidentaux.
A midi précisément, le président russe a gravi, seul, les marches de l’escalier menant à la salle Saint-André, où étaient couronnés les tsars. Et ce n’est sans doute pas une coïncidence si Vladimir Poutine avait choisi cet endroit pour sa première investiture présidentielle, en 2000.
Vladimir Poutine a donc prêté serment sur la Constitution et a ensuite prononcé un discours d’une vingtaine de minutes environ. « Je suis particulièrement conscient de ma responsabilité colossale devant chacun de vous, devant la Russie, a lancé Vladimir Poutine devant les députés, les sénateurs et des personnalités du monde culturel russe réunis au Kremlin. Je ferai tout pour augmenter la puissance, la prospérité et la gloire de la Russie. » Cela avant de ressortir du grand palais seul, une nouvelle fois.
A l’extérieur, il a pris quelques instants pour discuter avec un groupe de jeunes volontaires de sa campagne électorale : une façon sans doute de rendre la cérémonie moins guindée, d’essayer de montrer que le président russe est encore à l’écoute de la population. Même si ces jeunes étaient bien évidemment triés sur le volet.
L’objectif du Kremlin au cours de la cérémonie était d’éviter les images catastrophiques de l’investiture de 2012, lorsque le cortège présidentiel de Vladimir Poutine avait parcouru les rues de Moscou, des rues vides de toute population pour des raisons de sécurité.
Quid de 2024 ?
En théorie, il s’agit de son tout dernier mandat car la Constitution russe sur laquelle Vladimir Poutine a prêté serment ce lundi a posé une limite de deux mandats consécutifs. Mais on peut imaginer plusieurs scénarios, si le président russe veut rester au pouvoir au-delà de 2024, l’année de fin de ses fonctions : modification de la Constitution ou encore échange de postes avec son Premier ministre comme cela avait été le cas en 2008, avec Dmitri Medvedev.
Interrogé le soir de sa réélection sur l’éventualité d’une candidature à l’issue de ce mandat, quand il aura 72 ans, l’ancien agent de la KBG a répondu: « Vous devez plaisanter ! Qu’est-ce je dois faire ? Rester ici jusqu’à mes 100 ans ? Non. » Selon des experts, le président russe pourrait mettre à profit les six prochaines années pour préparer un successeur.
Medvedev proposé comme Premier ministre
Peu après son investiture, Vladimir Poutine a proposé une nouvelle fois Dmitri Medvedev comme Premier ministre, donnant ainsi la continuité du tandem au pouvoir. Cette proposition a été soumise « à la Douma [chambre basse du Parlement, ndlr] pour obtenir son accord », a indiqué le Kremlin dans un communiqué.
Dmitri Medvedev c’est le choix de la stabilité, et surtout de la loyauté. Un critère essentiel pour le président russe, une loyauté sans faille qui s’est vérifiée au cours des 15 années de travail en commun. En 2003 déjà, Vladimir poutine nommait Dmitri Medvedev chef de son administration. Les deux hommes s’étaient rencontrés dans les années 90 à la mairie de Saint-Pétersbourg.
Un tandem solide et éprouvé. En 2008, c’est Dmitri Medvedev qui prend la présidence du pays, Vladimir Poutine, c’est la Constitution, ne pouvait effectuer plus de deux mandats consécutifs. Quatre ans plus tard, Vladimir poutine retrouve ses fonctions à la tête du pays sans difficulté.
Perçu comme pâle, falot, voire docile, à 52 ans Dmitri Medvedev ne lui a jamais fait d’ombre. Brièvement successeur, mais jamais dauphin, cet amateur de gadgets, photographe à ses heures perdues, adhère aussi sans réserve à toutes ses priorités.
■ Un vaste remaniement attendu
Pour Arnaud Dubien, directeur de l’Observatoire franco-russe à Moscou, la reconduction de Dmitri Medvedev n’est qu’une formalité, mais elle devrait s’accompagner, en revanche, d’« un grand remaniement à l’étage en dessous, au niveau des vice-Premiers ministres, du gouvernement lui-même, et au-delà à la tête de grands groupes publics qui jouent un rôle très important dans l’économie », et ce même « si des sources bien informées disent que Poutine devrait attendre la fin de la Coupe du monde de football avant de procéder à des remaniements dans le secteur sécuritaire ».
Source: RFI