Elu Président du Haut Conseil Islamique du Mali à la faveur du 3e congrès ordinaire, tenu les 20 et 21 avril derniers, au Centre International de Conférences de Bamako (CICB), Chérif Seid Ousmane Madani Haïdara recadre : « Je suis un jeune frère à Dicko. Je l’ai toujours servi avec loyauté. Et ma confiance en lui n’a jamais fait défaut. Il n’y a pas de guerre entre nous leaders religieux. Mais c’est une question de personnes». Le présent congrès était placé sous le signe ‘‘Réconciliation et Paix’’.
Le successeur de l’Imam Mahmoud Dicko préside désormais un Bureau exécutif de 59 membres mis en place de façon consensuelle. Au-delà de ce Bureau, cinq commissions ont été mises en place où siègera chacune des organisations musulmanes dont une commission de contrôle du Bureau exécutif dirigée par Cheick Soufi Bilal Diallo. Pour le tout nouveau Président du HCIM, Seid Cherif Ousmane Madani Haïdara, la crainte de Dieu doit être la première des choses de tout Musulman.
Aussi il n’est pas allé par le dos de la cuillère pour couper court aux supposés discordes entre son prédécesseur Mahmoud Dicko et lui. «Je suis un jeune frère à Dicko. Je l’ai toujours servi avec loyauté. Et ma confiance en lui n’a jamais fait défaut. Il n’y a pas de guerre entre nous leaders religieux. Mais c’est une question de personnes», a précisé Haïdara. Avant de rassurer que la cohésion et l’union règneront toujours entre les Musulmans de ce pays, vu que tous les Musulmans utilisent le même Livre Saint, le «Coran» et ont le même Envoyé, le Prophète Mohamed (PSL).
L’ouverture du congrès a été présidée par le Chef de l’Etat, El hadj Ibrahim Boubacar Kéïta, qui a plaidé pour un Mali uni dans la diversité. Si pour le Représentant des familles fondatrices de Bamako « nous sommes tous des Musulmans », la Maire de la Commune III a, quant à elle, salué le rôle des leaders religieux dans l’encrage de la Paix et de la Démocratie au Mali. « Nous avons soif de la Paix, nous avons besoin de prier pour la Paix. La promotion de la paix doit être notre credo, quel que soit notre bord politique », a-t-elle dit.
Prenant la parole, le Président sortant du HCIM, l’Imam Mahmoud Dicko, a remercié le Chef de l’Etat de sa présence à la cérémonie, et le Gouvernement qui a pris l’entièreté des frais d’organisation du congrès. « Nous avons les moyens de relever les défis de la paix. Le Mali regorge de ressources nécessaires pour relever ce défi« , a martelé l’Imam Dicko. Aussi, il a appelé les futurs membres de l’institution religieux et les fidèles musulmans à rester unis autour du Bureau entrant.
Dans son discours d’ouverture, le Chef de l’Etat a invoqué le Tout Puissant pour qu’il nous accorde la paix et la concorde avant d’appeler tous les Maliens à la quiétude et à l’entente: «Il nous faut, cependant, nous arrêter pour nous interroger sur ce qui nous arrive ici au Mali en particulier et dans le Sahel en général. Je veux parler de l’Islam intolérant, sectaire, si cela est encore digne d’être appelé Islam, qui crée l’insécurité, la désolation et hélas trop souvent la mort chez nous. Des Imams exécutés parce qu’ils rejettent l’extrémisme qui dénature leur Religion; des femmes fouettées parce qu’elles ne portent pas le voile ; des enfants privés de leur ballon de football au nom de la charria, de leur charia. Cela n’est pas l’Islam que cette terre a connu, de Tombouctou au Wagadou, du Songhoï au Macina. Ce n’est pas l’Islam d’Arawane, ce n’est l’Islam des Kounta, ce n’est pas l’Islam des Sangaré-Barry, ce n’est pas l’Islam des Tall, des Cheick Hamanoullah. Il est temps, chers frères et sœurs en Religion, que les musulmans de notre pays condamnent d’une voix, agissent d’une voix, agissent d’un même élan, à l’image de l’un de nos voisins hier victime du salafisme armé mais aujourd’hui revenu à un Islam de tolérance et d’amour grâce à l’action militante et concertée de tous ses ulémas».
Le Président de la République a souhaité que les participants s’impliquent plus fortement à la réussite de ce 3e congrès ordinaire du Haut Conseil Islamique du Mali pour vaincre le terrorisme plus singulièrement dans le Centre du Mali et mettre fin aux conflits intercommunautaires dans notre pays. «Oui, tenons ce congrès sur notre Islam ; entendons-nous sur les lignes rouges , ce qu’on peut faire à un musulman mais aussi ce qu’un musulman peut faire à son prochain. Faisons-le au plus vite, car nos populations vivent sous le joug du terrorisme ; nos forains et nos militaires sautent sur les mines, nos ethnies vivant jadis dans la cordialité commencent à se livrer la guerre. La réponse sécuritaire est indispensable et l’Etat ne se dérobera pas. Mais le Haut le Conseil Islamique, conformément à sa vocation, peut prendre les devants et la parole , au profit de l’Islam , dans l’intérêt des musulmans que le pouvoir des fusils désoriente de plus en plus dans certaines parties de notre pays où l’islam n’a jamais été un bras amputé , un corps lapidé mais une main et une porte qui s’ouvrent », a expliqué IBK.
Remarquant avec regret les absences des frères des autres confessions religieuses à la cérémonie d’ouverture, notamment Son Éminence Cardinal Jean Zerbo de l’Eglise Catholique et le Pasteur Révérend Nouh Ag Infahi Yattara de l’Eglise Protestante, le Président de la République a souhaité leur présence à la cérémonie de clôture prévue du dimanche 21 avril 2019.
Le Chef de l’Etat a aussi remercié le Président sortant du HCI, Mahmoud Dicko qui, à ses dires, a accompli pleinement et dignement sa mission à la tête de cette faîtière des musulmans. « Vous avez su assurer avec brio l’interface et la représentation, ici au Mali comme à l’extérieur du Mali. C’est un grand leader qui s’en va », a-t-il regretté.
L’Imam Mahmoud Dicko en a profité pour appeler les musulmans et les participants au Congrès à la prière, aux bénédictions pour la paix, la réconciliation nationale et la tolérance, l’unité de tous les fils et toutes les filles du Mali.
La cérémonie a été marquée par des prières et bénédictions pour la paix et la réconciliation dans notre pays et par des allocutions dont celle du Représentant des familles fondatrices de Bamako, celle du Représentant de la commission d’organisation du 3e congrès et tous ont exprimé leur soif de paix et de réconciliation dans un Mali apaisé pour son développement socio-économique.
Cyril ADOHOUN
L’Observatoire