Hier, jeudi 10 mai 2018, les ministres de l’agriculture, Dr Nango Dembélé et celui de la sécurité et de la protection civile, Salif Traoré étaient interpellés par les députés à l’Assemblée nationale du Mali. Le ministre Nango Dembélé était à la fois interpellé par l’honorable Amadou Araba Doumbia de l’opposition et Ahmada Soukouna de la majorité sur non seulement la gestion de l’engrais mais aussi sur l’insécurité alimentaire qui frappe la population malienne. « La gestion des engrais n’est pas satisfaisante. Ni en terme de certification de leur qualité, ni en terme de gestion de cette subvention. Nous notons avec regret un manque de professionnalisme de votre département. Pour nous, ça sent la magouille, l’opacité, le clair-obscur, l’arnaque », a souligné l’honorable Amadou Araba Doumbia. Le ministre Salif Traoré répondait aux questions de l’honorable Oumar Mariko de l’opposition sur l’annulation de l’appel d’offre relatif au marché de la Carte Biométrique sécurisée et sur la situation des fonctionnaires diplômés de l’école de police nationale.
La séance de question orale tenue dans la salle Modibo Keïta de l’Assemblée nationale était présidée par le président de l’hémicycle, l’honorable Issaka Sidibé, en présence des membres du gouvernement et d’autres personnalités. La série de questions orales a débuté par les interrogations de l’honorable Amadou Araba Doumbia de l’opposition. Selon lui, la gestion des engrais n’est pas satisfaisante, ni en terme de certification de leur qualité, ni en terme de gestion de cette subvention. « Nous notons avec regret un manque de professionnalisme de votre département. Pour nous, ça sent la magouille, l’opacité, le clair-obscur, l’arnaque….Cela ne date pas d’aujourd’hui. Ici même, devant cette auguste assemblée, certains de vos prédécesseurs ont été interpellés sur la question. Le mal persiste. Il est structurel. Le Gouvernement n’a trouvé aucune solution », a déploré l’honorable Amadou Araba Doumbia. « Alors combien d’hectares sont exactement exploités par les exploitants agricoles au cours de cette campagne ? Pouvez-vous expliquer sommairement la procédure par laquelle sont gérées les subventions agricoles en République du Mali ? Quinze sociétés auraient été choisies par votre département dans le cadre de la gestion des subventions. Cela est-t-il vrai ? Si oui, quelle sont les motivations et les critères qui ont prévalu lors de ce choix ? Pouvez-vous nous citer les noms des sociétés qui ont été choisies et nous indiquer leur position sur la chaine des valeurs concernant les engrais? Quel est le montant prévisionnel des subventions relatives aux engrais de la campagne 2017-2018? A combien l’Etat Paye les engrais avec les fournisseurs pour cette Campagne ? Quel est le taux de la subvention accordé sur ses produits par l’Etat », voila autant de questions adressées au ministre de l’Agriculture. Dans ses éléments de réponse, le ministre Nango Dembélé a fait savoir que plus de 43 millions d’hectares sont cultivables au Mali. Avant de citer le nom de quelques sociétés fournisseurs d’engrais dont Toguna Sa, Arc en ciel, Gdcm, Sogefer etc. « Nous avons fait des progrès en matière de contrôle de qualité même si nous n’avons pas encore atteint la norme requise au niveau international. La qualité des engrais s’est beaucoup améliorée dans la campagne dernière et va se poursuivre», a-t-il dit. Selon lui, le montant prévisionnel des subventions relatives aux engrais de la campagne 2017-2018 s’élève à 48 310 511 500 FCFA. A l’en croire, la subvention de l’engrais est de 12 000 FCFA et le prix sur le marché est de 11 000 FCFA. Pour lui, la subvention a un impact sur le riz et le coton. Enfin, le ministre dira que des dispositions seront prises pour mettre les uns et les autres dans leur droit. Revenant à la charge, l’honorable Amadou A Doumbia a souhaité à ce que les paysans tirent les bénéfices de la subvention de l’engrais. Pour lui, le principe de la crédibilité du fournisseur n’a pas été respecté. A cet effet, il a invité l’Etat à prendre ses responsabilités pour la bonne gestion de la situation de l’engrais. Le ministre faisait face aussi, aux questions de l’honorable Ahmada Soukouna de la majorité. Selon ce dernier, comment peut-on organiser des élections dans un pays dont la population a faim ? « Vous n’êtes pas ici sur le banc des accusés. Mais en tant que représentant de la population, nous avons le devoir de vous dire que le problème de la population est la sécurité alimentaire. Vous devrez faire en sorte que le malien puisse manger à sa faim. La situation est très grave. Il n’y a pas un endroit au Mali où le besoin de sécurité alimentaire ne se fait pas sentir. Pouvez-vous nous dire à la daté d’aujourd’hui, la quantité de céréales que vous avez en stock ? », a martelé le 4ème vice-président de l’Assemblée nationale. En réaction aux cris de cœur de l’honorable Soukouna, le ministre Nango Dembélé reconnait que les résultats de la campagne dernière sont un peu mitigés. Cependant, il dira que 16 090 tonnes de céréales sont disponibles. A l’en croire, le ministère de l’action humanitaire a commencé à distribuer les vivres et les dispositions sont entrain d’être prises pour renforcer le commissariat à la sécurité alimentaire afin de palier à l’insécurité alimentaire.
‘’Nous ne pouvons pas avoir une police où nous avons plus de commissaires et d’inspecteurs que de policiers’’
La série de question orale a pris fin par « l’empoignade » entre l’honorable Oumar Mariko et le ministre Salif Traoré. « Par Décision Numéro 2017-780-MSPC-SG du 12 octobre 2017, vous procédez à l’annulation de l’appel d’offre relatif au marché de la Carte Biométrique sécurisée. Monsieur le ministre, quel est le motif de l’annulation de la notification provisoire que vous avez adressée à CISSE Technologie le 26 août 2016 ? Monsieur le Ministre êtes-vous au courant de l’engouement et de l’espoir suscités auprès des jeunes par le projet de confection de Carte biométrique par CISSSE Technologie ? Etes-vous au courant que le projet permettait de créer immédiatement 700 emplois réels ? L’annulation du marché a-t-elle un rapport avec les élections à venir ? Si oui lequel ? », a déclaré le député Oumar Mariko. S’agissant du cas des fonctionnaires diplômés de l’école de police nationale, l’honorable Mariko a voulu savoir pourquoi le ministre a refusé aux sous-officiers de la police détenteurs de maitrise d’accéder au corps de commissaires de police conformément au décret N°05-53/P-RM du 6 février 2006 ? Dans sa réponse, le ministre de la sécurité, Salif Traoré a précisé qu’il n’y a pas eu de contrat entre le ministère et Cissé Technologie. « C’était une procédure qui avait été enclenchée puis arrêtee pour des motifs d’ordre financier. L’objectif était d’avoir des cartes biométriques sécurisés couplées à l’assurance maladie. Ça n’a aucun lien avec les élections. Je suis le plus pressé d’avoir cette carte biométrique. C’est une question de sécurité. Notre souci est de sécuriser nos documents d’identité », a-t-il dit. A entendre parler le ministre, le point de discorde serait dû au fait que Cissé Technologie a voulu offrir la carte biométrique unitaire à 6000 FCFA or taxes tandis que le département ou du moins le gouvernement optait pour 6000FCFA mais toutes taxes comprises. S’agissant le cas de la police, Salif Traoré indique ceci : « Nous ne pouvons pas avoir une police où nous avons plus de commissaires et d’inspecteurs que de policiers. Nous avons dit que nous allons renverser la pyramide. Il n’y a pas d’inégalité. Avant hier, j’ai signé un arrêté de recrutement de 2200 policiers. Beaucoup d’avantages ont été accordés aux fonctionnaires de police. Rassurez-vous, il n’y a plus de problème entre nous. Nous avons trouvé une solution avec les syndicats de la police. Tous ceux qui ont bénéficié de l’arrêt de la cour suprême ont été mis dans leur droit. Ceux que nous recrutons directement sont des spécialités que nous n’avons pas tels que les psychologues. Plus de 100 policiers sont en formation à l’école nationale de police ».
Aguibou Sogodogo
Source: Le Républicain