Au Mali, au début du mois de mai, des représentants des partis de l’opposition radicale ont fait leur entrée dans le gouvernement du Premier ministre, Boubou Cissé, après avoir signé un accord de politique. Du coup, au sein de l’alliance de l’opposition radicale (FSD), des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent pour dénoncer l’attitude des opposants présents au sein du gouvernement, tout en les invitant à ne plus se considérer, désormais, comme membres de l’opposition.
L’opposition radicale malienne est désormais divisée sur l’attitude à adopter vis-à-vis des partis alliés qui ont fait leur entrée au sein du dernier gouvernement. De plus en plus de voix s’élèvent pour les critiquer sévèrement.
« Malheureusement, ce sont des attitudes qui décrédibilisent la politique. Ce sont souvent aussi des changements de camp. Nous pensons qu’ils sont allés au partage du gâteau. Nous pensons qu’ils sont allés à la soupe. Eh bien, nous espérons qu’ils vont faire la vaisselle, comme l’a exigé monsieur Ibrahim Boubacar Keïta ! », souligne Nouhoum Sarr, le président du Front africain pour le développement (FAD) et membre d’une des deux alliances de l’opposition radicale.
Il va plus loin et considère que dorénavant, des partis représentés au sein du gouvernement, ne sont plus dans l’opposition. « Je pense qu’on ne peut pas appartenir à la majorité présidentielle et appartenir à l’opposition. Pour nous, ils se sont exclus de l’opposition politique. Ils sont de la majorité… », estime-t-il.
Le président du FAD ajoute qu’une réunion extraordinaire doit être convoquée par l’opposition pour tirer les conséquences qui s’imposent. Également, deux autres leaders de l’opposition malienne tels que le général Moussa Sinko Coulibaly ainsi que le médecin et homme politique, le Dr Oumar Mariko, sont sur la même longueur d’onde.
Une opposition à la croisée des chemins
Beaucoup sont surpris, voire choqués, par l’entrée au gouvernement de plusieurs figures de l’opposition, qui avaient farouchement combattu le chef de l’État Ibrahim Boubacar Keita lors de la présidentielle 2018. Le ralliement le plus spectaculaire, c’est celui de Tiébilé Dramé, qui était à cette époque le directeur de campagne de Soumaïla Cissé, le numéro 1 de l’opposition. Aujourd’hui, Tiébilé Dramé est le nouveau ministre des Affaires étrangères du Mali.
Du coup, avec ce deal politique, on peu dire que le président IBK n’a manifestement pas une opposition à sa hauteur intellectuelle, encore moins à la hauteur des défis urgents du pays.
L’irresponsabilité politique n’a décidément pas de limite. De fait, l’opposition malienne semble évoluer dans une terrible vacuité idéologique et programmatique. Ses membres ne proposent aucun projet alternatif et s’en tiennent à de stériles invectives. Elle se complaît dans un minimalisme renversant, ponctué par des salves de propos répugnants sur l’identité d’IBK, la couleur de la peau ou le nombre d’années passées dans la construction du pays.
Il est immoral de faire subir à un peuple déjà martyrisé par la crise ce niveau de débat au sujet de qui est plus bon dirigeant que l’autre parmi ceux qui sont dans le gouvernement du Dr Boubou Cissé. On nie décidément tout au peuple malien : à l’indignité de leur situation économique, ils doivent ajouter le manque de respect de ceux qui sollicitent, pourtant, leur confiance.
En un mot, comme en cent mots, l’opposition malienne est sans stratégie. C’est un manque d’objectivité de l’opposition démocratique malienne qu’il faut dénoncer, sans équivoque. Une indignation sélective consisterait à ignorer ou banaliser un mal qui risque de gangrener notre pays déjà affaiblie par la pauvreté et le déficit de vision démocratique de l’opposition.
Une opposition dépourvue d’idées ?
Par manque d’idées ou de véritables propositions pertinentes, une partie de la classe politique malienne (à savoir l’opposition) brille par des réflexes de destruction pathologique du régime IBK. Avec une vison de destruction, l’opposition malienne est souvent critiquée. Elle peut se révéler pires que ceux-là qui nous gouvernent sans vertu, sans efficacité, sans probité. Et parfois, les alternances– quand elles surviennent – nous font tomber de Charybde en Scylla. Elles ne représentent souvent que des changements de personnes, sans alternative programmatique ni transformation sociale.
Nonobstant, on ne peut plus s’empêcher de se poser la lancinante question sur l’avenir de l’opposition dans notre pays. L’égoïsme ou la boulimie du pouvoir des leaders de l’opposition les empêche de fédérer leurs énergies pour une action commune. « Mieux vaut être la tête du rat que d’être la queue du lion » semble être leur credo.
Avec son entrée dans le nouveau gouvernement dirigé par le Dr Boubou Cissé, l’opposition malienne est désormais affaiblie et divisée. En dehors de ses difficultés d’organisation, elle doit surmonter deux handicaps. Le premier est le manque de moyens. Actuellement, personne ne se dégage pour financer les actions de l’opposition. Cette situation limite beaucoup la détermination des rares hommes politiques qui ont décidé, courageusement, de faire face à IBK.
En entendant, l’opposition malienne manque de stratégie et de moyens pour sa politique. Depuis, elle est divisée.
Jean Pierre James
Nouveau Réveil