Dans les champs de riz, à une cinquantaine de kilomètre de Ségou, après avoir procédé au lancement de la campagne agricole 2019-2020 de l’Office du Niger, au volant d’un tracteur, le Ministre de l’Agriculture Moulaye Ahmed Boubacar a galvanisé les producteurs agricoles sur la volonté ferme des plus hautes autorités à les soutenir et que les actions de développement seront la réponse à toute provocation contre notre pays. Dans cette interview qu’il accordait à la presse à chaque étape de sa tournée de 48 heures (du 8 au 9 juillet) dans la zone Office, le Ministre rassure.
L’Observatoire : Monsieur le Ministre, avez-vous entendu le cri de cœur des producteurs sur leurs préoccupations ?
Le Ministre Moulaye Ahmed Boubacar : Nous avons entendu les paysans parlés, d’abord, des doléances, un certain nombre de problème, à propos duquel nous sommes en train de discuter avec les autorités en place de l’office du Niger, mais aussi, les organisations paysannes et leurs représentants à travers des associations, des délégués et la Chambre d’agriculture. Ces problèmes seront étudiés et au plus haut niveau de l’Etat, le Président IBK, le Chef du gouvernement, sont très attentifs à toutes doléances venant du monde paysan.
Que leur dites-vous ?
Le Mali est dans une condition particulière, la crise multidimensionnelle est une réalité au Mali. Je le dis partout où cela se doit, le Mali est un pays debout, un pays de travailleurs. Malgré toutes les difficultés, nous ne devons pas empêcher, en aucun moment, les producteurs d’aller au champ pour travailler, aux opérateurs économiques d’être au marché, à toutes sortes d’activité de se mener dans ce pays. Nous ne devrons pas céder à quelle que tentation que ce soit. Nous ne devrons pas céder à quelle que provocation que ce soit. Parce que, ce pays a toujours été un pays travailleur. Nous avons la chance d’avoir les deux plus grands fleuves de la sous-région, des lacs. Il y a aucune raison qu’on cède, nous répondrons à la provocation par des actions de développement, c’est que veut le Chef de l’Etat. Toute action qui serait en mesure de déstabiliser notre pays sera répondu par des actions de développement.
Votre optimise se fonde sur quoi, alors qu’il y a un déficit de 50% d’engrais subventionnés ?
Mon optimisme se fonde sur l’engagement ferme des plus hautes autorités de ce pays à aider l’activité agricole. Nous sommes en train d’étudier le problème. Tout ce qui doit être fait pour que la production souhaitée soit, au rendez-vous, le sera.
Vous êtes à Kolongo sur le site du projet Malibya dont les activités sont presque aux arrêts. Votre constat ?
Nous sommes venus à Kolongo pour voir l’ouvrage Malibya qui va desservir à peu près 25000 hectares. Dans cette zone, nous sommes sur trois systèmes, environ 900 000 hectares. On pourrait desservir ces 900 000 hectares, aujourd’hui, en eau, seulement si, on élargissait le canal de Macina. Le canal de Macina fait un débit, aujourd’hui, de 50 mètres cubes/seconde, alors qu’il faut aller à 150 mètres cubes/seconde. Il suffit de faire cela, tout de suite, nous allons avoir de l’eau dans la zone et mettre également de gap, c’est-à-dire, un système de digue pour empêcher la dispersion de l’eau. Et là, nous aurons, tout de suite, la possibilité d’arroser ces trois systèmes qui font 900 000 hectares. Une fois que cette zone est aménagée, avec accès à l’eau, imaginez quelle population pourrait, désormais, travailler sur la zone. A l’Office du Niger, le vrai problème des producteurs, c’est l’accès à l’eau. Donc, je pense qu’en ce moment, il faut voir au niveau de l’Etat central, au niveau des bailleurs de fonds, des partenaires techniques et financiers, comment résoudre ce problème d’accès à l’eau au niveau de l’Office du Niger ? Et, je crois qu’une fois ce problème est réglé, tout le reste va s’en suivre.
Déjà, il faut féliciter les cadres qui travaillent dans l’office du Niger, j’avoue très honnêtement qu’ils fournissent d’énormes efforts pour résoudre ces difficultés. Pour me résumer, je peux dire que notre tournée a été très utile, parce que, nous avons pu toucher du doigt les vrais problèmes et l’essentiel aujourd’hui, c’est la problématique d’accès à l’eau et sans eau, il n’y a pas l’Office. De la création de l’Office à nos jours, nous n’avons même pas encore atteint les 200 000 hectares, parce que, tout simplement, nous n’avons pas exploité le fleuve comme cela se doit. C’est vrai qu’il y a des facteurs exogènes, mais, j’avoue très honnêtement que les experts que j’ai vus ici pourraient vraiment nous sortir de cette difficulté d’accès à l’eau.
Compte tenu de la crise en Libye, est-ce que vous ne pensez pas à une éventuelle résiliation de contrat pour permettre, quand même, à d’autres structures ou aux populations de profiter des aménagements ?
Bon, en ce moment, je ne pourrai pas parler de résiliation de ce contrat. C’est vrai qu’il y a eu une crise en Libye, mais, il y a eu aussi une crise au Mali qui a d’ailleurs bloqué ce projet. Parce que, ce projet a démarré juste à la veille de la crise. Donc, ce n’est pas cette crise qui m’amènerai à parler de résiliation, dans tous les cas la Libye reste un pays africain, un pays frère et nous avons espoir que la Libye sorte des difficultés qu’elle vit en ce moment. Mais, cela n’empêche pas, quand même, que nous allons prendre langue avec qui de droit pour voir dans quelle mesure on peut très rapidement sortir nos producteurs de ces difficultés. Parce que, l’ouvrage est là comme inutile, un ouvrage qui a coûté des milliards avec une route bitumée qui accompagne tout le système. Je pense que tout ce qui a été mis en place devrait obligatoirement être exploité, sinon, ça ne servira rien.
Le rythme d’aménagement dans l’Office du Niger est lent, quand on sait que, les potentialités sont environ 2 000 000 de terres. Nous sommes, moins de 200 000. Quelle est votre lecture ?
J’avoue très honnêtement que le rythme est lent ; et je crois que l’Office du Niger est positionné parmi les priorités des actions de développement de notre pays. Je sais que le Chef de l’Etat Ibrahim Boubacar Keita, quand il accorde 15% du budget à l’agriculture, accorde une importance à cela. Ça lui tient à cœur. Cette priorité que représente l’Office sera bien marquée, nous allons y travailler. Les instructions que nous recevons tous les jours ; c’est de faire en sorte que les Maliens mangent à leur faim. A ce niveau, je ne pense pas qu’on ait meilleur outil que l’Office du Niger. Rassurez-vous, nous y travaillerons.
Ousmane MORBA, envoyé spécial à Ségou
L’Observatoire