Sans ambages et détours, le maire de la commune rurale de Télé, Sékou Boubacar Doucouré, cet élu, en citoyen ordinaire, exprime son cri de cœur face à la situation chaotique du Mali et propose des alternatives.
Il est le maire de la commune rurale de Télé, une des 16 communes du cercle de Goundam dans la région de Tombouctou, au nord du Mali, laquelle ne fut point épargnée de la crise politico-sécuritaire de 2012. Sékou Boubacar Doucouré sort de son silence et peint pathétiquement les conditions de vie atroces des populations respectives des régions du nord et au centre du Mali.
« Nous vivons au nord et au centre la peur au ventre et cela va de mal en pis. Nous vivons dans la précarité nos biens nous sont extorqués tout y passe : argent bijoux, bétail, céréales, marchandises, véhicules, engins jusqu’à nos femmes qui sont violées. Nous vivons ici avec l’interdiction d’exercer les métiers lucratifs de : transporteurs, d’entrepreneurs, d’agriculteurs, d’éleveurs. Notre bétail volé et vendu dans les pays voisins et nos terres spoliées par des nouveaux propriétaires armés qui pensent déjà avoir tout conquis », a-t-il égrené. M. Doucouré déplore également la fermeture des écoles et le manque des structures adéquates. « Nous vivons avec des écoles fermées, des centres de santé inopérants où l’ignorance et les maladies font bon ménage. »
L’élu de la commune rurale de Télé, en citoyen ordinaire, fustige l’attitude de l’Etat malien et des groupes armés. « Nous vivons sous la bannière de groupes d’hommes armés qui parlent avec l’état en notre nom et qui nous martyrisent en sachant bien que nous n’avons rien à nous reprocher dans cette affaire. Nous vivons une confusion où l’état et les groupes armés parlent en notre nom sans nous consulter, nous sommes des victimes innocentes exposées à des prédateurs », a-t-il regretté.
La politique de faire croire que tout va bien au Mali
L’élu de Télé sort ses gongs pour exprimer son cri de cœur face à la tournure paroxysmique de la situation au Mali. Cependant, fustige-t-il, la chaine nationale, dans ses gesticulations, voulant faire croire que tout va bien au Mali. Pourtant, le tableau est tristement sombre à travers plusieurs maux qui gangrènent le Mali.
« Le train de vie festif que mène l’état en panne d’idées et de moyens pour faire face à la situation ; le comportement frileux de l’état devant la communauté internationale et les responsables des groupes armés ; le comportement nocif de certains gros commis de l’état vis à vis de la chose publique (marchés publics) ; l’insouciance de certains maliens par rapport à ce qui se passe au nord, au centre de notre pays et au danger qui les guette ; le traitement peu orthodoxe des problèmes liés au bon fonctionnement de l’armée malienne ; le dialogue politique sous-traité à la société civile, nous dirons ici qu’il faut rendre à César ce qui appartient à César ; les groupes armés manipulés par des européens sans vergogne qui font feux de tous bois», a brossé lamentablement M. Doucouré.
Sortir de la léthargie pour une alternative salvatrice du Mali
Selon M. Doucouré, les populations, désespérées et exaspérées face à la gravité de la situation, demeurent dans l’expectative du retour de l’état. « Nous vivons dans le désespoir total de recouvrer la liberté, la sérénité, la libre circulation et surtout de voir le retour de l’état dans ses missions régaliennes. Nous avons besoin d’actions concrètes et d’impartialité entre les communautés. Il est très mauvais qu’un Gouvernement soit partial envers des communautés sous son contrôle », a avisé l’élu du Télé. Pour lui, l’alternative salvatrice du Mali demeure un dialogue inclusif franc avec les vrais problèmes sur la table. « Il est grand temps de sortir de notre léthargie pour sauver le Mali d’un naufrage presque imminent.
Les Maliens doivent désormais se parler à cœur ouvert, nous n’avons que des problèmes. Le dialogue politique prôné, aujourd’hui, doit nous permettre de nous ressaisir pour mettre sur la table les vrais problèmes du pays, les solutions ne doivent pas se démarquer de l’unité et de la stabilité de notre pays. Un seul slogan, nous devons tout donner au Mali qui nous a tout donné », a suggéré Sékou Boubacar Doucouré, maire de la commune rurale de Télé.
Almoudou M. BANGOU/ pour Icimali.com