Dans une déclaration déposée à notre rédaction, des membres fondateurs dénoncent la violation des textes au niveau de l’Adema PASJ à travers le soutien apporté au président IBK dès le 1er tour de la présidentielle et l’exclusion de Dramane Dembélé. Selon de sources concordantes, ils ont initié une pétition qui vise à réserver le comité exécutif d’IBK. En attendant cette bataille qui s’annonce frontale, nous vous proposons en entier la déclaration.
Cette année 2018 en raison des échéances électorales prévues, est une période charnière dans la vie de notre pays. La communauté nationale dans toutes ses composantes observe avec beaucoup d’appréhensions le processus de préparation de l’élection présidentielle (première échéance des élections générales à venir). Les acteurs politiques en général et les partis en particulier qui ont vocation à conquérir le pouvoir affûtent leurs armes.
Notre parti, Adéma-P.A.S.J. a engagé dès le début de l’année 2017 le processus de désignation de son candidat à l’élection présidentielle. Dès l’entame, la conduite de ce processus en raison de la place de choix qu’occupe ce parti sur l’échiquier politique et des enjeux liés à cette élection présidentielle a naturellement suscité l’intérêt de l’opinion nationale, africaine voire internationale.
Dès la 15ème Conférence Nationale tenue le 25 Mars 2017 les délégués ont « invité le Comité Exécutif (C.E.) à engager dans les meilleurs délais le processus du choix du candidat à l’élection du président de la République de 2018 ».
Le 27 Mars 2018 la 16ème Conférence Nationale : « invite le C.E. à boucler le processus du choix du candidat à l’élection présidentielle de 2018 à la fin du mois d’avril 2018 au plus tard » conformément à l’article 64 des Statuts.
Les recommandations issues de ces instances traduisent ainsi la volonté de la majorité des délégués des structures de base du Parti de mettre fin à cette politique appelée « stratégie d’accompagnement » pratiquée depuis 2002.
Le peuple de Adéma-P.A.S.J. était donc en droit d’attendre la désignation d’un candidat interne à l’issue de la dernière instance (la Conférence Nationale extraordinaire du 19 Mai 2018).
Au lieu de s’atteler à la mise en œuvre de ces recommandations (mandat des délégués) les premiers responsables du Comité Exécutif Parti useront de subterfuges, de manœuvres dilatoires pour retarder la prise de décision, entretenant l’hypothétique candidature de Dioncounda Traoré avec comme point culminant à une ridicule et humiliante passe d’armes épistolaire entre le Président et le Secrétaire Général du parti.
Les tenants de la stratégie de l’accompagnement n’auront rien épargné aux militants pour atteindre leur objectif : maintenir arrimé coûte que coûte le grand Adema-P.A.S.J. à l’attelage du parti au pouvoir.
C’est ainsi que le 19 Mai 2018 à l’issue de la 3ème Conférence Nationale extraordinaire du parti Adema-P.A.S.J. tenue sous tension et haute pression, le Comité Exécutif a annoncé la « décision » du parti de ne pas présenter de candidat et de soutenir la probable candidature du Président sortant Ibrahim Boubacar KEITA.
Faisant fi de l’important enjeu que constitue le choix d’un candidat à l’élection présidentielle, la résolution issue du rapport d’orientation politique du Comité Exécutif est adoptée par acclamation.
La procédure adoptée en matière de désignation du candidat à l’élection présidentielle est sans précédent dans les annales du parti. Elle constitue une violation des règles démocratiques qui devraient régir le fonctionnement d’un parti démocratique.
Le Parti se trouve ainsi pris en otage par quelques responsables de sa direction au mépris de la volonté de la base.
Notre parti qui a certes traversé de nombreuses crises au cours des 2 dernières décennies fait face aujourd’hui à une des épreuves les plus douloureuses de son existence.
Cette « décision/résolution » a suscité la colère, la consternation, l’indignation, l’humiliation, l’incompréhension chez les militants, les sympathisants, et au-delà chez de nombreux démocrates maliens comme africains qui continuent de faire part de leur inquiétude, quant à la survie du parti et l’avenir de la démocratie malienne.
L’atmosphère tendue dans laquelle se sont déroulés les travaux et les multiples pressions exercées par les partisans du soutien à Ibrahim Boubacar Keita, ont fini de convaincre de l’existence d’un véritable plan de déstabilisation (voire de destruction) du Parti.
Devons-nous ? Pouvons-nous laisser faire ?
A l’ouverture de la Conférence Nationale extraordinaire, le Président du Parti a lancé cet appel : « Gardons à l’esprit que dans notre pays, nous sommes les héritiers d’un riche patrimoine politique dont les maîtres mots sont la discipline, le débat d’idées dans la courtoisie, le droit à la différence dans le respect mutuel, la protection de l’intérêt supérieur du pays entre autres » En effet , ce sont ,entre autres, les mêmes valeurs et les principes sur lesquels les membres fondateurs ont créé le Parti et auxquels des millions de Maliens ont adhéré.
Mais quelles réponses le Président du Parti et ses soutiens ont-ils eux-mêmes réservées à cet appel ?
Par la violation des textes du parti et le mépris de la volonté ferme de la base militante, et cela simplement à des fins personnelles et pour pérenniser les Abeilles dans le rôle d’accompagnatrices des régimes en place, au lieu de travailler à consolider le parti, à renforcer sa base, à maintenir son leadership sur l’échiquier politique national et sa réputation au niveau africain et international
Par La conduite plutôt cavalière des débats allant jusqu’à l’exclusion des délégués présumés favorables à la candidature interne et le refus de procéder au vote.
La controverse est ainsi ouverte :
– Lesquels sont majoritaires ?
– Les partisans de la candidature interne ou les gestionnaires du Parti qui veulent soutenir le Président sortant dès le 1er tour ?
Nous, membres fondateurs et militants d’Adema-P.A.S.J, signataires de la présente déclaration :
- Dénonçons ces pratiques du Comité Exécutif qui constituent une violation flagrante des principes démocratiques et mettent le Parti en péril ;
- Rejetons cette résolution forcée de soutien à un candidat extérieur à notre parti ;
- Considérons comme nulles et de nul effet les sanctions prononcées contre les camarades « coupables » de non-respect des décisions illégitimes ;
- Appelons tous les militants et militantes, sympathisants et sympathisantes de la Ruche, fidèles à l’Appel au Peuple malien lancé le 26 mai 1991 par les fondateurs d’Adema, le Parti Africain pour la Solidarité et la Justice, à opposer une résistance déterminée et organisée aux velléités d’affaiblissement de notre parti , à se tenir mobilisés pour la Reconstruction de leur maison fortement ébranlée sur la base de son projet de société toujours actuel.
Ce faisant, nous contribuerons à renforcer et à consolider les acquis démocratiques et à restaurer la confiance des Maliens aux vertus de l’engagement politique.
Fait à Bamako, le 05 Juin 2018
Source: L’Indicateur du Renouveau