Bon an, mal an, entre espoir et tensions, les concertations nationales réunissant toutes les forces vives sur la transition a été d’un joli succès. En effet, à travers un cadre stimulant, créateur et inspirant, la junte gagne son pari par sa capacité à mettre le peuple en mouvement vers une vision attractive de l’objectif commun, celui de la pose des jalons d’une refondation d’Etat fort.
La tendance et les attentes sont désormais claires. De plus en plus, nous nous éloignons du concept d’une junte ayant renversé l’ordre constitutionnel pour aller vers celui d’une junte légitimée avec délégation de pouvoir constituant pour la transition vers une 4ème République démocratiquement robuste. C’est du moins ce qui se dessine avec la mise ne œuvre des recommandations des concertations initiées par la junte. Légitimée également au-delà des frontières, puisque la Cédéao, qui avait imposé au Mali un embargo sur les flux commerciaux et financiers, se voit obligée de considérer cette junte comme seule interlocuteur pour parler du Mali. Les responsables du CNSP dont le président colonel Assimi Goita sont même à la rencontre de chefs d’Etat et de gouvernement de la Cédéao qui se réunissent aujourd’hui mardi à Accra, la capitale ghanéenne.
Selon les sources bien introduites, le colonel Goita et son équipe vont, non seulement présenter aux chefs d’Etat les résultats des concertations de Bamako, mais également pour faire savoir sur la nécessité de considérer la volonté du peuple souverain du Mali sur l’architecture de la transition. Ces concertations nationales se sont déroulées dans une ambiance, certes mouvementée en raison de la particularité des attentes, mais surtout franche et sereine. Elles auront permis surtout de pouvoir dégager les grands axes de la transition, telle que voulue par la junte.
En vertu de la Charte de transition, adoptée par environ 500 participants de différentes forces vives de la nation au terme de trois jours de concertations, le futur président de transition peut être un militaire ou un civil. C’est par acclamation que le document de charte a été adopté donnant ainsi plus de légitimité à la junte qui initiés ces assises. En vertu de l’article 19 de la charte qui concerne particulièrement la junte et ceux qui ont participé aux événements, allant du 18 août, date du coup d’État, à l’investiture du président de transition, les membres de la junte bénéficient tous de l’immunité juridictionnelle. Ils ne pourront donc pas être poursuivis ou arrêtés pour des actes posés lors desdits évènements.
Ainsi, la période de transition politique va durer 18 mois et sera dirigée par un président et un vice-président désignés par un collège mis en place par le Comité national pour le salut du peuple (CNSP). En plus du président de transition et son vice-président, un gouvernement va être formé avec au maximum de 25 membres sous la conduite d’un Premier ministre qui sera nommé par le président de transition conformément à la Constitution en vigueur. Aussi, durant cette période de transition qui se veut fédératrice, un Conseil national de 121 membres composé de l’ensemble de forces vives de la nation sera mis en place en tant qu’organe législatif. La junte s’est donc taillé un premier joli succès dans la prise effective de ses responsabilités depuis la « démission » d’IBK le 18 aout dernier après avoir signé ses décrets de dissolution de l’Assemblée Nationale et de révocation du gouvernement.
Rencontre CEDEAO et CNSP à Accra: Les injonctions à la junte
Déjà, cette junte qui fait renaitre tout l’espoir pour un Mali nouveau se veut rassurant. Par la voie de son chef, le colonel Assimi Goïta, la junte s’est félicitée de l’esprit qui a animé ces assises et pris l’engagement de veiller rigoureusement à la mise en œuvre des documents validés par les participants qui consacrent les modalités pratiques de la transition démocratique jusqu’aux prochaines élections.
Les axes prioritaires retenus dans la feuille de route, tels que le rétablissement et le renforcement de la défense et de la sécurité sur l’ensemble du territoire national ainsi que la promotion de la bonne gouvernance, couvrent bien le champ des priorités nationales. L’on peut souligner, une autre priorité importante : la réforme de la Constitution, un chantier majeur qui va conduire à de nombreux changements dans le cadre législatif et administratif.
Daniel KOURIBA
Le Renard du Mali