Alors qu’il passe ses jours à la maison centrale d’arrêt de Bamako pour s’être joué de l’Ambassade de Chine, le maire Abba Niaré n’a pas fini avec ses vieux démons. Le Vérificateur Général vient de l’épingler pour un détournement de plus de 150 millions de FCFA.
Par rapport à la pertinence de la mission, le rapport a indiqué que la vérification financière porte sur les opérations de recettes, de dépenses, d’attribution des parcelles de terrain et de recrutement d’agents effectuées par la Mairie de la Commune II du District de Bamako, au titre des exercices 2017 et 2018 (1er semestre), soit une année après son élection Abba Niaré. Il faut préciser que les constations sur place ont mis en exergue des irrégularités administratives et financières.
Le rapport permet de situer sur les contours du clash avec l’Ambassade de Chine qui aura provoqué le retour en prison du Maire, pour le montant de plus de 25 millions de FCFA. En effet, en l’absence de délibération du Conseil communal, le maire Niaré a accepté un don de l’instance diplomatique et a procédé au recrutement d’agents. Le don chinois était destiné à l’achat de poubelles, de matériels informatiques et à la réparation de la pelle chargeuse.
S’agissant du recrutement, il a été effectué en 2017 et a concerné cinq (5) agents dont trois (3) ont été affectés à la Cellule communication et deux (2) agents collecteurs.
En outre, il a fourni une délibération du Conseil communal, datant de 2018 et relative au recrutement des agents de la santé des centres secondaires d’état civil, qui ne peut justifier le recrutement effectué en 2017.
Aussi, le Maire n’a pas justifié les achats sur le don chinois, de poubelles, de matériels informatiques et la réparation d’une pelle chargeuse. Il n’a pas pu fournir le procès-verbal de réception et la facture d’achat de 4 000 poubelles, la facture et l’attestation de service fait relatives à la réparation de la pelle chargeuse.
S’agissant du matériel informatique, les caractéristiques des matériels présentés à la mission ne sont pas conformes aux indications mentionnées sur le bon de commande. Pour l’acquisition des matériels ci-dessus mentionnés et la réparation de la pelle chargeuse, le Percepteur a émis trois (3) chèques d’un montant total de 28,90 millions de FCFA au nom du fournisseur de matériel informatique.
Les vérificateurs ont constaté que l’ANICT a été spoliée par le maire Niaré. Qui n’a pas utilisé la subvention de cette structure conformément à son objet. Il a exécuté sur les fonds reçus des dépenses non prévues par la convention. Ces dépenses sont relatives, entre autres, aux salaires du personnel conventionnaire et des agents non titulaires de la Mairie, à des appuis des animateurs d’un jardin d’enfants, à des heures supplémentaires ou à des primes. Le montant payé s’élève à 16,82 millions de FCFA.
De plus, la mission a relevé que la mairie de la commune 2 affiche un ensemble de dysfonctionnements et d’irrégularités financières, suite à la célébration des mariages. Les Régisseurs des Centres secondaires d’état civil n’ont pas reversé l’intégralité des recettes. Des recettes issues de la délivrance des actes de mariage n’ont été ni enregistrées ni versées à la Perception pour un montant total de 35,70 millions de FCFA. Plus loin, le rapport du VEGAL indiquera que l’élu communal du RPM a procédé au fractionnement des dépenses pour un montant total de 54,53 millions de FCFA. Le montant cumulé des dépenses de curage des caniveaux des différents quartiers de la Commune, réalisé en 2017, dépasse le seuil de passation des marchés public
Saisine effective du pôle économique et financier
En ce qui concerne la transmission et la dénonciation de faits par le vérificateur général au président de la Section des comptes de la Cour suprême et au Procureur de la République près le Tribunal de grande instance de la commune III du district de Bamako en charge du Pôle économique et financier, toutes les dépenses irrégulières ont été mises à l’attention de Procureur. Si l’Ambassade de Chine fut la première à le faire, reste que les nouvelles charges mises à nue par le VEGAL compliqueront le cas du maire actuellement détenu.
Les travaux aux fins du présent rapport ont émis des recommandations pour corriger les manquements constatés. Il s’agit de disposer des titres fonciers de l’État par affectation ou cession avant de procéder à leurs attributions, d’autre part, soumettre l’acceptation des dons et legs et les recrutements à la délibération du Conseil communal et à l’approbation de l’autorité de tutelle.
La vérification de cette municipalité mentionnée à la page 65 du rapport a permis de démontrer que la commune 2 était pilotée à vue, car le maire s’est maintes fois passé du Conseil communal dans ses prises de décisions ignorant aussi la tutelle du Gouverneur de Bamako. La facture à payer s’élève donc à 153.824.400 CFA !
D. K.
L’Observatoire