Le 3eme mandat des Chefs d’Etats et le coup d’Etat dans l’espace CEDEAO créent de véritable incompréhension au sein de l’institution Ouest africaine. Les divergences de vue sur des questions liées aux fonctions du président de la république provoquent la naissance de blocs selon les intérêts. Décryptage. |
Destinée à coordonner les actions des pays membres, la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dans son cercle restreint des Chefs d’Etats, semble devenir un fleuve qui est loin d’être tranquille. Ce bourdonnement au plus haut sommet de l’Organisation Ouest Africaine fragilise l’institution autant que les actions des groupes armés terroristes sur le Sahel.
Divisés sur des questions d’ordre politique liées aux fonctions du président de la République, les Chefs d’Etats de la CEDEAO par leur appréciation à géométrie variable favorisent la naissance de blocs en fonction des intérêts.
En effet, une bonne lecture des rapports de coopération, d’amitiés entre les présidents permet de voir l’existence de ce fameux bloc qui divise l’Organisation.
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Dans le cercle des chefs d’Etats de la CEDEAO, il y a bien entendu les partisans du 3e mandat. Ce courant est incarné par Alassane Dramane Ouattara de la Côte d’Ivoire, Alpha Condé de la Guinée Conakry et Faure Gnassingbé du Togo. Ces trois chefs d’Etats se soutiennent et ne cachent pas leur amitié.
Il y a aussi les opposants au troisième mandat. Pour avoir déclaré publiquement que le 3eme mandat est synonyme d’un coup d’Etat, et que les chefs d’Etats de la CEDEAO doivent le combattre au même titre qu’un coup d’Etat militaire, le Général Umaro Sissoco EMBALO, président de la Guinée-Bissau, se revendique d’office le militant anti 3eme mandat au sein de la CEDEAO. Isolé par les mis en cause, le président bissau-guinéen caresse Assimi Goïta du Mali et fait des yeux doux à Rock Marc Kaboré en vue d’élargir sa base dans le cercle restreint des présidents Ouest Africain.
L’aîné des quinze Chefs d’Etats qui composent la CEDEAO, le Président du Nigeria dont le pays joue le rôle de médiateur officiel semble aussi jaloux de Ana Akufo Addo du Ghana et de Mohamed Bazoum du Niger, lesquels à l’interne, se vêtissent du manteau de médiateur de palais. La preuve, Assimi Goïta, qui venait de faire tomber Bah N’Daw le 25 mai 2021, était l’invité du président ghanéen au sommet extraordinaire des Chefs d’Etats de la CEDEAO à Accra, le 30 du même mois.
Enfin, Macky Sall du Sénégal, Patrice Talon du Benin et Georges Weah du Liberia se contentent d’observer et cachent pour l’instant leurs positions.
Entre positionnement et recherche de soutien, chacun prêche sa politique. La visite de travail et d’amitié qu’a effectuée le président bissau-guinéen au Mali, les 26 et 27 juin derniers, illustre parfaitement le tableau décrit ci-haut. Venu consolider les liens de fraternité et renforcer sa coopération avec le Mali, l’hôte du président malien Assimi Goita était porteur de son propre message.
Tenir bon face à Macron
A son homologue et ami Assimi Goïta, le Général Umaro Sissoco EMBALO, partisan d’Amilcar Cabral, figure emblématique de la lutte pour l’indépendance de la Guinée Bissau, aurait réitéré tout son soutien pour la réussite de la transition malienne et exhorté le Colonel à tenir bon face au président français Emmanuel Macron et son frère de la Cote d’Ivoire Alassane Ouattara. Hasard du calendrier ou simple coïncidence. Juste après la visite du Général en terre malienne qui conteste au sein de la CEDEAO les soutiens de la France, Macron a dépêché ses envoyés spéciaux auprès d’Assimi Goïta, le président de la transition malienne.
Sur sa page Facebook, celui-ci a écrit : « Ce lundi, j’ai reçu les envoyés spéciaux du Président Macron, M. Franck Paris et l’Amiral Jean Philipe Roland. Nous avons échangé sur les défis liés à la lutte contre le terrorisme et la stabilité du Sahel ».
De source officieuse, les envoyés spéciaux de Macron étaient venus pour demander à Assimi Goïta s’il est vraiment disposé à travailler avec la France qui déploie plus de 3000 militaires au Sahel dans le cadre de la lutte contre les groupes armés terroristes.
A la tête d’un pays déjà fragilisé par les actions groupes armés terroristes au centre, le Président Assimi Goïta au cœur des agissements des Chefs d’Etats de la CEDEAO doit faire de bon choix pour lui permettre de sauver son pays. La Guinée Bissau est loin d’être cet Etat qui peut efficacement apporter son soutien dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. A Assimi Goïta d’accélérer les pas pour éteindre la flamme qui enflamme les régions de Ségou et Mopti.
O.M
Le Soft