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Le torchon brûle entre Bamako et Niamey

Le Gouvernement de la République du Mali condamne fermement et rejette les propos « inacceptables, inamicaux et condescendants » du Ministre des Affaires Etrangères du Niger, Hassoumi Massaoudou, selon lequel « si les militaires maliens ne rendent pas le pouvoir en février prochain, les sanctions internationales contre Bamako seront sévères ».

A l’issue de la session extraordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO, tenue le 16 septembre 2021 à Accra, au Ghana, le Ministre des Affaires Etrangères du Niger a, dans une sortie sur RFI, sermonné les autorités maliennes dans la gestion de la Transition, quand il déclare : « En ce qui concerne le Mali, il y a un renforcement de la volonté de mettre ces militaires-là au ban de la société. Nous considérons que l’évolution actuelle de la situation au Mali ne préjuge rien de bon, parce qu’ils marquent leur volonté, lorsqu’ils disent que les élections ne sont pas leur priorité. Pour la Cédéao, et cela a été réaffirmé : les élections, c’est notre priorité. En février 2022, les élections doivent avoir lieu, sinon nous allons associer l’ensemble de la communauté internationale aux sanctions contre les militaires maliens. Donc, nous exigeons une feuille de route claire pour qu’on aille aux élections. Deuxièmement, nous n’acceptons pas que, dans notre sous-région, des mercenaires viennent s’impliquer, viennent dégrader davantage encore la situation sécuritaire. Donc, par conséquent, la Cédéao condamne cette velléité de vouloir signer un accord avec cette société Wagner de mercenaires russes. Cela est très clair. Donc, là aussi, on tire la sonnette d’alarme. Nous ne pouvons pas accepter que les militaires maliens nous amènent un autre élément hétérogène constitué de mercenaires étrangers dans notre zone. Donc, la Cédéao tient à ce que des mercenaires russes ne soient pas dans notre région pour dégrader davantage la situation sécuritaire ».

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Interrogé sur la velléité des autorités de la transition malienne à organiser des assises nationales avant d’aller aux élections, le ministre Hassoumi Massaoudou est catégorique : « Non, non… Justement, nous n’acceptons pas. La Cédéao refuse tout autre agenda qui ne soit pas l’organisation des élections pour la fin février 2022. Donc, c’est très clair, tout autre agenda de diversion, parce qu’il s’agit pour nous d’une diversion, et en cela, nous pensons la même chose que la plupart des forces politiques du Mali, nous n’acceptons pas de diversion pour détourner les objectifs qui sont bien assignés à cette transition : la fin des élections à fin février. C’est très clair. Cette diversion ne sera pas acceptée ».

Ces propos du ministre Hassoumi Massaoudou met du feu au poudre. Dans un communiqué en date du dimanche 19 septembre 2021, le Gouvernement de Choguel Kokalla Maïga s’interroge sur les motivations réelles de cette sortie tout comme celle du Président Mohamed Bazoum en juillet dernier. Le Gouvernement malien ignore en quel titre le ministre des Affaires étrangères du Niger s’érige en porte-parole de l’Organisation dont les décisions et recommandations sont clairement énoncées dans le communiqué final du Sommet. Surtout dans la mesure où le Niger n’assume pas la Présidence en exercice de la CEDEAO. « Le Gouvernement de la République du Mali condamne fermement et rejette ces propos inacceptables, inamicaux et condescendants de la part d’un responsable dont le pays a toujours entretenu d’excellentes relations avec le Mali et qui dispose de canaux bilatéraux pour aborder l’ensemble des questions d’intérêt commun dans un esprit constructif », martèle le communiqué cacheté du ministère des Affaire étrangère du Mali.

S’agissant de la volonté prêtée aux Autorités maliennes d’engager des « mercenaires », le Gouvernement de la République du Mali s’étonne et s’interroge sur ces allégations basées uniquement sur des rumeurs et des articles de presse commandités s’inscrivant dans le cadre d’une campagne de dénigrement du Mali et de diabolisation de ses dirigeants. « Dans l’accomplissement pleine et totale de sa souveraineté et dans le souci de préserver son intégrité territoriale et le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des autres États, il ne permettra à aucun Etat de faire des choix á sa place et encore moins de décider quels partenaires il doit solliciter ou pas », rappelle le Gouvernement malien.

Au regard de l’implication forte de l’ensemble de la communauté internationale aux côtés des pays du Sahel afin de lutter contre les nombreux défis auxquels ils sont confrontés, les Gouvernement malien estime que l’essentiel aujourd’hui est de conjuguer les efforts pour assurer véritablement le bien-être et la sécurité des populations du Sahel dans un esprit de cohésion et non pas s’appesantir sur des rumeurs.

Tout en déplorant vivement la position non concertée de la CEDEAO, contrairement aux usages diplomatiques et sur une question aussi grave touchant à la souveraineté d’un membre fondateur, un pays important dans la résolution de la crise sécuritaire au Sahel, le Gouvernement malien dit rester « disponible pour un dialogue franc et sincère à travers les canaux diplomatiques appropriés ».

Cyril Roc DACK/ Icimali.com

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