Hamidou Doumbia- Parti YELEMA Changement
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Lettre ouverte au premier ministre Dr Choguel Kokala Maîga : Quand la cohérence s’envole, la démocratie devient fragile.

Mon cher premier ministre, mon cher Choguel, permettez-moi à l’entame de mon propos de vous réitérer mes meilleurs vœux de succès à vous et à votre équipe pour une transition réussie et apaisée. Dans cette aventure à bord du Mali express, il ne peut y avoir de destin individuel glorieux s’il ne s’inscrit pas dans le cadre d’un destin global, collectif et harmonieux car le pays étant sérieusement à l’abîme, s’il s’écroule, il n’y aura point de salut pour personne.

C’est pourquoi, je puis me permettre d’affirmer non pas sans risque, que votre succès sera en premier le vôtre mais que votre échec sera aussi le nôtre puisque nous partageons un destin commun. De ce fait, votre défaite ne sera jamais orpheline. Si vous échouez, c’est le pays tout entier qui aura échoué parce qu’au-delà de nos différences et nos querelles politiques, je ne pense pas que nous ayons d’autres pays en partage que le Mali.

Mon cher Choguel, excusez à l’avance la légèreté de ton que j’emploi pour vous nommer car je ne veux pas vous adresser ces paroles en simple citoyen mais je prendrai le temps de cette lettre, la posture d’un ami qui vous livre ses impressions avec la sincérité de son cœur, un cœur rempli d’amour pour son pays, un cœur vert, or, rouge, un cœur qui ne bat jamais sans le son qui nous unit : un  peuple-un but-une foi. Je vous épargnerai la rhétorique d’un certain malinké, ancien pensionnaire de la Sorbonne sur ce que fût l’histoire du Mali, celle de Sunjata, de Monzon et de Sékou Amadou. J’espère seulement que ce corbeau que je m’apprête à vous adresser vous parviendra et qu’il vous sera fort utile. Un bon conseil est bien plus précieux que 1000 lingots d’or selon la sagesse africaine.

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Mon cher ainé, en âge, votre sagesse dépasse la mienne. Mais la sagesse est-elle liée exclusivement au nombre de cheveux gris qui pousse sur nos têtes ? Vous savez que les hommes passent et que l’Etat demeure. Premier ministre, vous ne l’étiez pas, aujourd’hui vous l’êtes, un jour vous ne le serez plus. Ainsi va la vie ! Aucune fonction n’est perpétuelle tout comme aucun homme n’est indispensable. Cela dit, leurs actions auront toujours des répercussions positives ou dommageables sur tout un groupe, tout un peuple quand ils sont aux affaires. Ne misez jamais sur le mauvais cheval dont le plus terrible est le flou et l’incohérence mais misez toujours sur le bon cheval qui est la pensée cohérente et l’homogénéité entre les mots et les actes. La parole est sacrée.

Mon tendre ainé, l’une des vertus les plus remarquables du parcours politique reste la clarté. Elle transcende tout, elle éclipse tout, elle est meilleure que tout. Un homme politique sans clarté est assimilable à un soleil sans lumière ou un bateau sans cap ni itinéraire. C’est un tonneau vide dont le principal objectif est simplement de faire du bruit sans rien changer objectivement à la situation. Le propre et le mérite du politique se résume à apporter des solutions concrètes aux problèmes de la nation et non de jouer la carte des sophistes en tentant de plaire. Et comme le disait Socrate à Calliclès dans le Gorgias en tentant de plaire plutôt que d’être dans le vrai, c’est au métier de flatteur que vous appelez cher ami.

Mon très respecté ami politique, président du MPR, à l’heure des grands défis, vous devez faire Mali de tout bois. Il ne doit y avoir de place pour les calculs politiques et politiciens, ni pour les querelles d’égo, encore moins pour les intérêts individuels . Pour vous et votre équipe, le Mali nouveau devra toujours se conjuguer au pluriel et ne jamais se conjurer au singulier. Le pays va mal comme le disait Tiken Jah. Pour réussir, vous devez rassembler ; rassembler non pas votre camp mais une majorité écrasante de maliens au nom de l’intérêt supérieur de la nation. Vous ne réussirez pas si vous diviser, vous échouerez si vous clivez. Vous vous décrédibiliserez si votre discours n’est pas le même partout et en toute circonstance. Le respect de la parole et la politique doivent être des amants siamois.

Mon cher ainé, vous devez maintenir un cap ferme, un cap clair et sans détours. Ne change jamais d’horizon au son des tam-tams. Or pour l’heure, Choguel II semble avoir trahi et enseveli Choguel I et chose encore plus inquiétant Choguel II s’attèle à contredire de plus bel Choguel II. La constance en politique n’est pas une denrée marchandable. Cela ne signifie guère qu’on ne doit pas évoluer. Mais on n’évolue jamais en reniant les principes et les valeurs qui ont fait de nous ce que nous sommes. Encore pire, on ne gagne jamais à dédire ses engagements et en nourrissant de fausses promesses car si les belles promesses ont un soir, elles n’ont jamais de lendemain. Au-delà de l’espoir immoral et injuste qu’elles suscitent dans le cœur de ceux qui vous écoutent, elles finissent toujours pour vous rattraper.

Mon cher premier ministre, ne vous embrouillez jamais  dans les questions de réformes, non qu’elles ne sont pas nécessaires, mais parce qu’en fin politicien, rompu à l’exercice, vous vous doutez bien qu’elles ont besoin de légitimité pour être mener à bien. Vous vous rappelez sans doute que ceux qui étaient légitimes par le biais du suffrage (les présidents Konaré, Touré et Keita) ont tous tenté en vain de mener les grandes réformes institutionnelles. Or aujourd’hui, il me coûte de le dire, vous n’avez ni la crédibilité au sein de l’opinion, ni la majorité au sein du peuple, ni le soutien des partis politiques pour envisager une grande réforme de notre pays. Au demeurant, le timing pour mener ces réformes n’est pas idéal et les arguments pour les justifier pas tellement recevables sauf si elles cachent d’autres intentions.

Vous ne pourrez jamais rétablir la sécurité dans un temps court. C’est une chimère.  La guerre on sait quand on va la commencer mais on ne sait jamais à l’avance quand est ce que nous allons la terminer. S’agissant de ces assisses de la refondation, comme vous le direz un Toastmasters, allez à l’essentiel. Le diagnostic de ce pays est depuis longtemps fait. Il ne reste plus qu’à appliquer les solutions. Il n’y a pas de nouveaux symptômes, le malade est toujours le même. Alors pourquoi perdre son temps et de l’argent à débattre de maux qui sont déjà pour le plus commun des maliens connu et vécu.  Je ne rentrerai dans le détail de la force obligatoire de ces assises car vouloir annexer ou insérer une assisse dans une constitution, ce sera comme ne pas mettre dans le code pénal, les infractions reconnues par la société mais plutôt le droit de la famille. C’est juridiquement impossible. Et ceux qui vous conseillent le contraire font semblant d’ignorer les principes clés du droit constitutionnel.

Mon cher ami, quand l’avancée est dure, seules les durs avancent. J’ai tellement à vous dire mais hélas je ne vais pas vous encombrer de milles mots. Tantôt je vous dirai ces propos de Victor Hugo : «  Tenter, braver, persister, préseverer, être fidèle à soi-même… », Tantôt je vous lirai ces propos de Confucius : «  l‘archer est un modèle pour le sage. Quand il a raté sa cible, il en recherche la cause en lui-même » Soyez un modèle pour vous-même, Soyez un modèle pour les hommes politiques en réussissant le pari de la transition à savoir l’organisation d’élections libres, crédibles et indépendantes dans le délai consensuel. Vous en sortirez grandi.

MAH SE DON O YI SABALI DON YE

Amicalement.

Hamidou Doumbia

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