Avec quatre millions de maliens sous pressions dont près d’un million dans une situation d’urgence alimentaire à la suite de la mauvaise campagne agricole dernière, les distributions alimentaires gratuites (DAG) organisées par le Commissariat à la sécurité alimentaire (CSA) accusent un retard considérable. Des blocages administratifs au niveau du Secrétariat général de la Présidence et au ministère des finances seraient à la base.
Un scénario apocalyptique plane sur le Mali si rien n’est fait pour acheminer les vivres aux 900 Maliens qui souffrent des conséquences de la mauvaise campagne agricole de l’année dernière et l’insécurité civile qui plombe certaines zones du pays. Un spectre qui risque de faire oublier aux autorités la présidentielle.
Selon des sources introduites au CSA et à l’Office des produits alimentaires du Mali (OPAM), les différents stocks de sécurité et de souveraineté sont reconstitués à hauteur de souhait. Que les 28 000 tonnes de céréales destinées à assister les populations éprouvées par une période de soudure exceptionnelle longue, sont disponibles dans les différents magasins de l’OPAM. Il ne resterait plus que leur acheminement vers les bénéficiaires qui ne peuvent plus d’attendre. Des questionnements s’imposent.
Si le plus difficile est de reconstituer les stocks, comment leur acheminement pourrait poser un problème ?
Il nous revient que le Ministère et de l’Economie et des Finances et l’Autorité de régulations des marchés publics après avoir autoriser le Secrétariat technique et financier (STF) créé par le Décret 2017-0284/P-RM du 27 mars 2017 relatif au Secrétariat technique et financier du Dispositif national de Sécurité alimentaire et nutritionnelle, conformément aux recommandations du dernier Conseil national de sécurité alimentaire présidé par le Premier ministre par l’intérim du ministère Nango Dembélé en mars dernier. Ces recommandations demandent au CSA de prendre toutes les dispositions nécessaires dans l’urgence pour acheminer les vivres où de besoin. Compte tenu de l’urgence, le STF a demandé et obtenu dans un premier temps du ministère de l’Economie et des Finances l’autorisation de procéder au recrutement des transporteurs par entente directe. Faut-il rappeler que cette mission de transport des céréales est désormais révolue au STF depuis son opérationnalisation en janvier 2018.
Il n’en fallait pas plus pour provoquer l’ire des responsables de l’OPAM que le CSA conventionnait à cet effet chaque année. Cette question a été rapidement par l’Autorité des marchés publics.
Le syndicat des travailleurs de l’OPAM a été mis à contribution par les responsables de l’OPAM à cet effet sans succès.
Le pire est à craindre
Pendant, que le STF prenait des dispositions pour recruter des transporteurs par entente directe conformément aux recommandations du Conseil national et l’aval du ministère des finances, il y a un revirement de situation.
Le ministre de l’Economie et des Finances s’est rebiffé et a décidé de revenir sur sa décision d’autoriser le recrutement des transporteurs. Il demande de passer la procédure normale de passation de marché par Appel d’Offres. En cela, il a oublié l’urgence de la situation. Car, du lancement de l’Appel d’Offres à la sélection des transporteurs, trois mois seront épuisés.
Quelle mouche a piqué Boubou Cissé ? Qu’est-ce qui a bien pu le pousser à changer subitement de décision ? Autant de questions qui méritent réponses.
La période de soudure dure normalement trois mois soit juin-août. C’est en cette période qui est indiquée pour soulager les vulnérables. Et c’est en fin juin que Boubou Cissé a choisi pour demander de procéder à des Appels d’offres pour recruter des transporteurs. Le temps de finir la sélection, nous sommes déjà au mois de septembre. Alors, les populations sous pressions seront forcément dans l’urgence. Ceux dans l’urgence seront certainement mort de faim.
Déjà on annonce une situation d’insécurité alimentaire et nutritionnelle insoutenable pour les zones du Centre et du Nord du pays. Les animaux meurent comme des mouches et les hommes sont obligés de se déplacer vers les zones plus nanties.
C’est dans ces conditions qu’intervient les campagnes présidentielles.
Cette situation d’inamovibilité commence à faire grincer des dents aux partenaires techniques et financiers qui financent le dispositif.
Ils ont adressé des centaines de correspondances à qui de droit pour tirer la sonnette d’alarme. Mais, rien ne fit. Boubou Cissé campe sur ses positions et le Secrétariat général continue dans sa léthargie et son mutisme assourdissant et complice.
Pendant, ce temps les populations sont au bord de l’implosion.
Si les plus hautes autorités ne s’assument pas, elles risquent d’avoir la mort de centaines de milliers de cadavres sur la conscience. Dans les pays de la sous-région qui ont connu les mêmes problèmes que le Mali, notamment le Burkina Faso, les autorités ont pris toutes les dispositions pour subjuguer les conséquences de la mauvaise pluviométrie par des mesures d’urgences. Elles ont compris qu’en période exceptionnelle, des mesures exceptionnelles s’imposent.
Il est grand temps que le président IBK s’assume sinon l’insécurité civile au nord et au centre risquent de devenir les cadets de ses soucis.
A suivre.
Harber MAIGA
Source: Azalaï-Express