L’ancien ministre est en prison au compte de » l’OCLEI » qui évalue ses biens à 3 maisons, 51 parcelles non bâties…Placé sous mandat de dépôt le vendredi 31 Décembre par la Cour Suprême, l’ancien ministre des Affaires religieuses et du culte, Thierno Amadou Hass Diallo, croupit toujours à la grande prison de Bamako. Une certaine presse et les réseaux disaient que son incarcération est consécutive à des irrégularités estimées à 639 millions par le Bureau du Vérificateur général. Depuis, nous étions étonnés que le ministre lui-même puisse faire la prison, seul, sans aucun agent de la direction des Finances et du matériel ( DFM) du département concerné. Ni le DFM, ni le régisseur, ni le ou les responsables des engagements et des finances, ni encore le secrétaire général, ordonnateur du budget, n’ont été interpellés. Nous avons continué à nous interroger même sur certains groupes Watsaps dont celui des anciens de l’AEEM. Nous avons même interpellé au sein de ce groupe des camarades financiers, afin que nous puissions comprendre. Sans réponse! De fil en aiguille, finalement, il nous est revenu qu’il n’a pas été inculpé sur la base du rapport du Bureau du Vérificateur général mais sur la base du rapport annuel 2020 de l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite ( l’OCLEI). A LIRE AUSSI
Nous nous sommes donc empressés d’éplucher le rapport qui dormait dans notre tiroir. En page 51 figure en bonne place le dossier numéro 2. Il concerne un ministre au moment de l’enquête. Aujourd’hui, il est ancien ministre. Ce dossier fait partie des six dossiers emblématiques que Dr Moumouni Guindo et son équipe ont transmis à la justice comme étant des faits présumés d’enrichissement illicite. Le ministre en question, selon nos investigations, n’est autre que Thierno Amadou Hass Diallo, chargé des Affaires religieuses et des Cultes. L’OCLEI a ouvert une enquête le concernant le 28 août 2019. Les conclusions de cette procédure enclenchée ont identifié des biens appartenant à l’intéressé au nombre de 54, composés de 3 maisons d’habitation; 51 parcelles non bâties ( dont 5 au nom de ses enfants) comprenant 47 concessions rurales d’une contenance de 45 ha 51 à 65 ca. L’enquête a fait ressortir que le ministre et ses prête-noms ont 6 comptes bancaires. Les entrées sur ces comptes sont de plus 434 millions de nos francs dans la période allant du 1er mai 2014 au 31 janvier 2020. La valeur totale des biens acquis ou mis en valeur durant la même période est estimée par expertise immobilière indépendante à plus de 420 millions de FCFA. Toujours selon l’OCLEI, le cumul des salaires, accessoires de salaires, primes et indemnités de l’intéressé est de près de 65 millions de nos francs dans la même période. L’écart non justifié devant l’OCLEI s’élève à 355 millions de nos francs. Cette somme de l’avis de l’OCLEI représente la différence entre la valeur des biens de la personne sous enquête et le total de ses revenus légitimes, sans prendre en compte ses dépenses incompressibles. Voilà pourquoi Thierno a été mis sous mandat de dépôt par la plus haute juridiction du pays. Il est aujourd’hui le seul cadre malien, le premier, à être emprisonné dans le cadre de l’OCLEI. Plaide t- il coupable ? Non, selon son entourage qui le connaît bien. Plusieurs témoignages soutiennent que Thierno peut et doit avoir tous les biens qui lui sont attribués parcequ’il se bat depuis sa tendre enfance. Albinos de son état, ainé de sa famille, il avait perdu sa mère à l’âge de deux ans. Il a donc bataillé dur, comme il avait su le faire au sein de l’AEEM en 1991 à l’ENI. La suite est connue avec son engagement, son esprit brillant, entrepreneurial. Il dispensait des cours dans des écoles privées avant d’accéder à la Fonction publique. Au finish, il est devenu promoteur d’école privée. Fonctionnaire, diplomate à Bruxelles, Thierno multipliait les initiatives pour avoir plusieurs cordes sur son arc. Il achetait des camions pour les revendre à Bamako. Lui-même est propriétaire de benne pour vendre le sable et le gravier depuis plusieurs années. Il est aussi propriétaire de Sotrama, sans compter ses solides relations avec la famille royale du Maroc et d’autres personnalités étrangères et maliennes qui le portent dans leur cœur. Avec bien sûr des retombées financières. Nous évoquerons pas son statut l’albinos dont il est très fier. Cet homme là, selon son entourage, peut bien construire plusieurs maisons et acheter des parcelles. » Depuis à bas âge, Thierno a toujours mouillé le maillot pour vivre honnêtement. Son enrichissement, s’il en est un, n’est pas illicite. Il a le plus petit département du gouvernement. Sans dotation budgétaire conséquente. Qu’est-ce qu’il peut trouver dans ce département ? Je peux jurer que ses biens n’ont rien à voir avec l’Etat. Depuis plusieurs années, son établissement privé marche… on veut faire de Thierno un cobaye. Ça ne marchera pas, il va bien se défendre », nous a expliqué un de ses proches. En tout cas, le premier prisonnier de l’OCLEI est connu. Il serait intéressant de savoir l’évolution des cinq autres dossiers: un ancien maire; un maire en fonction ; un inspecteur des finances ; un inspecteur de trésor ; un administrateur civil. Rappelons que l’OCLEI a reçu 434 dénonciations dont 422 sur le numéro vert 80 00 22 22 et 12 par courrier. Le cas de Thierno émane, nous a t- on dit, de son proche entourage qui est allé jusqu’à faire identifier une de ses maisons à Nioro du Sahel. A suivre. Wa- Salam ! Elhadj Chahana Takiou 22 Septembre |