En réaction à l’annonce de la France de la suspension de son aide publique au développement au Mali, le régime des cinq Colonels est monté au créneau. Dans un communiqué lu à la télévision nationale par le porte-parole du gouvernement, il est admis que ce que la France a fait, ne constitue qu’un non évènement du fait de l’effectivité antérieure de ladite suspension. Mais, comme depuis le début de l’escalade entre les deux pays, la réponse des Maliens fut celle du berger à la bergère.
Encore une fois, le bras de fer entre Bamako et Paris prend toute une autre tournure. Les presque désormais deux ex idylles dont la séparation semble douloureuse, ne cessent de se chamailler. Quand Paris murmure, Bamako à son tour touche. A l’origine, le déploiement au Mali de supplétifs russes que Paris considère comme étant des mercenaires.
D’une part, Paris ne rate pas d’occasion pour accuser les forces armées maliennes et leurs alliés russes d’exactions contre les populations civiles dans le nord et le centre du pays. A son tour, Bamako va jusqu’à accuser la France de soutenir le terrorisme. Les relations entre les deux pays s’altèrent.
Après un moment de répit, notamment après le discours d’Abdoulaye Maïga à l’ONU, Paris ne répondait presque plus à Bamako tout en continuant à évacuer ses troupes du nord du pays vers le Niger voisin. Mais, il a fallu ce mercredi 16 novembre pour que les deux pays se lancent des piques pas des moindres. Selon le ministère français des affaires étrangères, c’est « face à l’attitude de la junte malienne, alliée aux mercenaires russes de Wagner, que nous avons suspendu notre aide publique au développement avec le Mali ».
En réplique, le porte-parole du gouvernement malien, le colonel Abdoulaye Maïga a affirmé que Bamako a pris note de l’annonce faite par la France le 16 novembre 2022, des mesures de suspension de son aide publique au développement en destination de son pays. Avant de dénoncer : « aux motifs fallacieux de la coopération militaire Mali-Russie et des risques de détournement de cette aide ».
Or, si Paris qui avait suspendu son aide publique au développement n’entendait pas suspendre l’humanitaire dans le pays, l’option était l’octroi direct aux ONG françaises des fonds mis à disposition dans le cadre de l’action humanitaire de la France au Mali. Ce que Bamako refuse catégoriquement.
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En guise de réponse, Bamako aussi suspend avec effet immédiat, toutes les activités menées par les ONG opérant au Mali sur financement ou avec l’appui matériel ou technique de la France, y compris dans le domaine humanitaire.
Les réactions suite à cette position radicale du gouvernement malien ont suscité de nombreux commentaires.
Selon nos informations, avec sa position de 184e pays sur l’indice de développement humain, ils sont 7,5 millions de Maliens qui ont besoin d’assistance, « soit plus de 35 % de la population ». Ce qui inquiète déjà les acteurs de l’humanitaire sur le terrain dans toutes les régions du pays d’ailleurs.
Dans l’opinion, nombreux sont ceux qui pensent que cette méthode de gouvernance finira par conduire le pays droit dans le mur. Pour avoir une idée nette sur la nature de cette aide, l’économiste Modibo Mao Macalou lors de son interview dans le journal ‘’la Preuve’’ avait laissé entendre qu’en 2020, le montant engagé par la France au Mali était de 233 millions d’euros (soit près de 153 milliards de FCFA) y compris 95,6 millions d’euros (soit environ 62 milliards de FCFA) de don. Cependant, il a ajouté que cette aide se concentrait essentiellement sur les secteurs de la santé, les banques et services, l’éducation, l’eau et l’assainissement, l’agriculture, les interventions d’urgence, les autres multi secteurs et surtout le soutien budgétaire.
Conséquences
Pour certaines organisations de la société civile, cette nouvelle mesure pourrait avoir de lourdes conséquences sur la population malienne. Dans un courrier adressé au président Emmanuel Macron et cité par le Monde, le collectif ‘’Coordination Sud’’ regroupant des ONG françaises de la solidarité internationale a indiqué que cette suspension de l’aide publique au développement allouée par Paris « entraînera l’arrêt d’activités essentielles voire vitales menées…’’ au profit de la population en situation de grande pauvreté ». Au total, selon ‘’ECOFIN’’ près de 70 projets de développement en cours ou prévus au Mali, ces prochaines années, pourraient être stoppés.
Dans ce contexte de vulnérabilité et d’insécurité grandissante marqué par une économie fortement impactée par les nombreux défis, de nombreuses personnes se demandent sur la nouvelle orientation que prendra le gouvernement de transition pour pallier cette aide hautement considérable qui provenait de l’ex puissance coloniale !
Abderrahmane
Source: Le Soft