Les leaders d’organisations de la société civile (OSC), membres du Réseau des Associations Maliennes de Lutte contre la Corruption et la Délinquance Financière (RAMLCDF), et acteurs de la presse indiqués comme des lanceurs d’alerte sont en atelier de formation depuis ce mardi 12 septembre 2023 à l’Hôtel Salam. En initiant cette formation, l’ONUDC met en lumière le RAMLCDF, mais met aussi en œuvre les mesures préconisées par l’alinéa 2 de l’article 13 et par l’article 33 de la Convention des Nations Unies contre la Corruption.
L’ouverture des travaux de cet atelier de trois jours a été présidée le Commissaire au Développement Ahmed Mohamed Yahya, représentant du ministre de la Refondation de l’Etat, chargé des relations avec les institutions, en présence du Président du Réseau des Associations Maliennes de Lutte contre la Corruption et la Délinquance Financière (RAMLCDF), Moussa Ousmane Touré, du Chef du Bureau Programme Pays de l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC) au Mali, Antoine Sougnabe Misset, de Famory Kéita, Vérificateur Général adjoint du Mali, et Djibril Kane représentant du président de l’Office Central de lutte contre l’enrichissement illicite (OCLEI).
Ladite formation vise à établir un dialogue et contribuer à la mise en place d’un cadre d’échange et de partage sur les défis et obstacles liés au rôle des uns et des autres dans la lutte contre la corruption, et envisager des pistes de solution, ainsi que des mécanismes de collaboration pour éradiquer la corruption au Mali. Mais aussi renforcer les capacités des bénéficiaires sur les mécanismes de lancement d’alerte, en vue de d’une plus grande efficacité dans leur travail de dénonciation, et faire le plaidoyer pour l’adoption de la loi portant protection de lanceurs d’alerte au Mali.
La vision du RAMLCDF, selon son Président Moussa Ousmane Touré, est de faire du Mali un pays « intègre et sans corruption ». « Notre mission est d’entreprendre des actions concrètes visant à apporter des changements de comportement de tous les acteurs et de la population elle-même afin de réduire voire éliminer la corruption au Mali. Nous avons pour objectif général de contribuer à la lutte contre la corruption par la promotion des principes de transparence, de responsabilité, de redevabilité et d’intégrité », a-t-il souligné.
A en croire M. Touré, le RAMLCDF œuvre spécifiquement à contribuer à améliorer la gestion des ressources publiques, renforcer le cadre juridique du Mali en matière de lutte contre la corruption, l’enrichissement illicite, le blanchiment de capitaux, la délinquance économique et financière ainsi que les capacités opérationnelles et organisationnelles du Réseau. Aussi, contribuer à l’élaboration des politiques, programmes et projets anti-corruption, et lutter contre le népotisme, l’impunité, le favoritisme, le trafic d’influence, la fraude et la concussion.
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L’atteinte de ces objectifs passe selon le président du RAMLCDF, par des actions tels que « ester en justice sur le plan national, régional et international, mener des actions de plaidoyer, de sensibilisation, d’information et de formation, appuyer les institutions dans la prévention et la lutte contre la corruption, l’enrichissement illicite, le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et le recouvrement des avoirs, et surveiller régulièrement le bien public ».
A en croire le président du RAMLCDF, « les formes de corruption et délinquance financière que signalent périodiquement les structures étatiques de lutte contre la corruption sont des contre valeurs qui sont nées et qui ont grandi du fait de l’affaiblissement de la gouvernance ». Alors que la corruption affecte négativement le processus de développement économique, social et culturel du Mali, « entache la crédibilité » de ses politiques publiques et « bloque l’efficacité » des projets de développement.
M. Moussa Ousmane Touré estime qu’un Etat fort, animé par des femmes et des hommes patriotes et intègres, peut gagner la lutte contre la corruption, la délinquance économique et financière.
Pour vaincre la corruption et la délinquance financière, il faut, à en croire le président du RAMLCDF « pouvoir créer un environnement hostile à la corruption ». Cela repose, selon lui, sur l’adoption de certaines mesures dont « la restauration de l’autorité de l’Etat », « l’intégrité et l’indépendance du pouvoir judiciaire », le contrôle périodique des effectifs de la fonction publique d’Etat et des collectivités territoriales, la mise en place d’un système de vigilance pour la passation des marchés publics en initiant une commission de suivi-évaluation pour tous les marchés publics notamment ceux soumis à l’approbation du conseil des ministres, et « auditer la justice ».
La place des organisations de la société civile dans cette lutte est, de « participer à la mise en œuvre, au suivi et à l’évaluation des politiques publiques de l’Etat », de « jouer un rôle de vigile des comportements des organismes publics et de la société civile elle-même, tout en collaborant à l’effort national de développement ». « Les associations de lutte contre la corruption doivent se doter de capacités pour détecter, surveiller et rapporter les faits et pratiques corrompus aussi bien en leur sein que dans les services publics et privés », a préconisé le président du réseau. Avant de marteler : « La lutte contre la corruption doit être vue comme une architecture supportée par des piliers qui se soutiennent les uns des autres et la fragilité d’un seul de ces piliers peut faire écrouler l’ensemble de l’édifice. C’est pourquoi, il est important d’entretenir un dialogue régulier entre nous. »
Pour sa part, le Chef du Bureau Programme Pays de l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC) au Mali a indiqué qu’il s’agira, via cette première formation, de « mettre en avant le rôle prépondérant des OSC » dans la lutte contre le fléau de la corruption.
M. Antoine Sougnabe Misset a salué les efforts du Mali qui, parmi les premiers Etats à ratifier la Convention contre la Corruption, « a déployé d’importants efforts dans la mise en œuvre de la Convention ». Au-delà de ces principales institutions indépendantes de contrôle, il faut noter la mise en place d’un pôle économique et financier, l’adoption de la stratégie nationale de lutte contre la corruption, la création de la Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières (CENTIF), l’inscription des infractions de corruption dans le code pénal, et autres. Sans oublier les avancées majeures réalisées dans les mécanismes d’examen du cycle 1 et 2.
Ouvrant les travaux, le représentant du ministre de la Refondation de l’Etat, chargé des relations avec les institutions, le Commissaire au Développement Ahmed Mohamed Yahya a souligné que les OSCs « jouent un rôle crucial dans la recherche, la documentation et la dénonciation des pratiques de la corruption », conformément aux termes de la Convention des Nations Unies contre le fléau.
M. Yahya a saisi l’occasion pour remercier les OSCs pour leur contribution forte au processus d’élaboration et d’approbation de la SNLCC et son plan d’action.
Faut-il le souligner, le Réseau des Associations Maliennes de Lutte contre la Corruption et la Délinquance Financière (RAMLCDF), créé le 09 décembre 2021 et reconnu suivant le récépissé N° 00388/GDB-CAB, le 11 juillet 2023, est un regroupement de plusieurs Associations et ONG du Mali ayant décidé de mettre leur connaissance et expérience en commun en vue de participer activement à la lutte contre la corruption et la délinquance financière sous toutes leurs formes. Il est le Principal Réseau des Organisations de la Société Civile qui se consacre à la lutte contre la corruption, la promotion de l’intégrité et de la bonne gouvernance.
Cyril Roc DACK / Icimali.com