Le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga est clair, l’Algérie ‘’a sapé sa crédibilité et son autorité de médiateur impartial’’, d’où la fin de l’Accord pour la paix et la réconciliation (APR) de 2015 issu du processus d’Alger dont le gouvernement a dû constater, le 25 janvier 2024, l’inapplicabilité et la caducité après un long et lourd investissement politique et financier.
Lors d’une rencontre le mercredi 31 janvier dernier, au Centre international de conférences de Bamako (CICB), avec les organisations professionnelles et les faîtières du secteur privé, représentées notamment par le Conseil national du patronat du Mali (CNPM), la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (CCIM) et l’Organisation patronale des industriels (OPI), le Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga a expliqué les raisons qui ont poussé les autrorités de la transition à mettre fin à l’APR.
Le PM a dénoncé la mauvaise foi manifeste des mouvements signataires de l’Accord, qui s’en sont écartés et éloignés depuis fort longtemps, rendant sa mise en œuvre quasi-impossible. « Ils se sont négativement illustrés, à travers des actes de provocation et de belligérance, comme cela a été constaté pendant tout le processus de retrait de la MINUSMA des emprises que les forces des Nations Unies occupaient dans le Nord …». L’attaque barbare du bateau Tombouctou, perpétrée sur des centaines de civils, en est une des douloureuses preuves.
Dr Choguel Kokalla Maïga a regretté le comportement de l’Algérie, chef de file de la Médiation internationale, « qui a sapé sa crédibilité et son autorité de médiateur impartial dans la gestion d’une série d’actes ». Parmi ces actes, il y a « l’accueil sans concertation ou notification préalable» par le Président algérien, de citoyens maliens subversifs et de citoyens maliens poursuivis par la justice malienne pour actes de terrorisme ; l’existence en Algérie de bureaux de représentation de certains groupes signataires devenus des terroristes ; la volonté de l’Algérie de maintenir le régime de sanctions de l’ONU contre le Mali.
Ces agissements, aux dires du Premier ministre Maïga, « ont pris la forme d’ingérence intolérable dans les affaires intérieures du Mali et d’actes aussi hostiles qu’inamicaux, incompatibles avec les usages diplomatiques et avec l’esprit des relations de fraternité et de bon voisinage ».
Cependant, même si l’Algérie est sortie de son rôle de médiateur, le Premier ministre reste lucide : « Nous faisons la distinction entre les errements actuels du gouvernement algérien et les liens séculaires d’amitié, de fraternité et de bon voisinage qui lient les peuples frères malien et algérien ».
Il a aussi rappelé que la mise en œuvre « intelligente » de l’Accord se concrétisera par la mise en place du Comité de pilotage chargé de la préparation et de l’organisation du Dialogue inter-Maliens, et ce, afin d’éliminer les racines des conflits communautaires et inter-communautaires.
Mariam DOUMBIA avec La Primature