Les rideaux sont tombés sur ce jeudi 25 juillet 2024 sur les consultations des forces vives de la nation pour la rédaction de l’avant-projet de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, sur une note d’espoir. Aussi bien les autorités et légitimités traditionnelles que les universités, en passant par la classe politique, la société civile, les syndicats, les jeunes, tous ont affichés leurs disponibilités à apporter leurs contributions pour la réussite de tout le processus.
Ouvertes le lundi 22 juillet 2024, dans la salle Balla Moussa du Centre international de conférence de Bamako, les travaux présidés par l’ancien Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga, président de ladite commission de rédaction de la charte, accompagné de ses collaborateurs experts et rapporteurs, marquent une étape significative dans les efforts du Mali pour parvenir à une paix durable et à une réconciliation nationale.
En effet, conformément à l’article 2 du décret N°2024-0384/PT-RM du 28 juin 2024, la commission de la rédaction de l’avant-projet de la charte nationale pour la paix et la réconciliation nationale est chargée d’élaborer l’avant-projet de texte de la charte, document de référence pour toutes initiatives, actions et activités visant à promouvoir la sécurité, la paix, la réconciliation nationale, la cohésion sociale et le vivre ensemble au Mali.
A chacune de ses interventions introductrices, le président de la commission de la rédaction de l’avant-projet de la charte pour la paix et la réconciliation nationale a salué l’engagement et la disponibilité de chacune des couches sociales à œuvrer pour le retour à la paix au Mali. Selon Ousmane Issoufi Maïga, l’organisation de ces rencontres répond à « une exigence d’inclusivité » voulue par le Président de la transition, Colonel Assimi Goïta, pour lequel tous « les Maliens doivent se reconnaître dans l’esprit et la lettre de la charte nationale ».
Toutefois, l’ancien Premier ministre a indiqué que tous les Maliens doivent se sentir concernés par la charte nationale et doivent y apporter leur contribution à son élaboration. « En tant que guide des forces productives, les syndicats doivent prendre toute la place qui leur revient dans l’élaboration d’un document qui servira de référence à tous les programmes et projets de développement qui exigent la paix et la stabilité, notamment celle du front social », a-t-il précisé.
Par ailleurs, de nombreuses recommandations et propositions ont été faites pour une éventuelle sortie de crise économique et sociopolitique du pays lors de la rédaction de l’avant-projet de la charte nationale pour la paix et la réconciliation.
Des réactions
Lors des débats avec la classe politiqe, Mme Assetou Sangaré du Parti pour le Renouveau et le Développement (PRD) voit cette initiative d’un très bon œil, affirmant que chaque fois qu’il y a un dialogue, il y a de fortes chances que les gens s’entendent : « Si vous ne dialoguez pas, vous ne comprendrez pas d’abord et vous ne saurez pas ce que l’autre a sur le cœur ou ce que l’autre veut vous faire comprendre. »
En tant que femme politique, Mme Assetou Sangaré dira que l’une des urgences aujourd’hui est la sécurité. Elle soutient être consciente que les autorités font de leur mieux dans ce sens. Toutefois, fait-elle savoir, « les populations aimeraient se sentir davantage en sécurité à l’intérieur du pays ».
Selon elle, nous vivons dans un esprit où « chacun s’intéresse uniquement aux problèmes qui le concernent, sa région ou la personne touchée. Nul ne prend le problème de l’autre pour le mesurer à soi-même ». Par conséquent, elle a martelé que « les vrais problèmes du pays soient immédiatement traités avec des initiatives concrètes, de vrais projets de développement ». Il faut vraiment le développement, les vrais projets de développement ».
De son côté, Hamadoun Bah des centrales syndicales trouve que cette initiative présidentielle engage le pays sur la voie de la réconciliation, en impliquant toutes les parties de la société dans la rédaction d’un document de référence qui orientera les futures initiatives pour la paix.
Lors de sa rencontre avec la société civile composée de jeunes, de femmes et de personnes vivant avec un handicap, Ousmane Issoufi Maïga a précisé que c’est seulement l’action des jeunes et des femmes qui peut sortir le Mali de cette situation.
Si pour le président de la commission est formel, « les partis politiques sont en réalité les plus concernés par l’élaboration d’un tel document », Ousmane Issoufi Maïga n’a pas mâché ses mots quand il a s’agi des revendications politique. « Oui, nous avons des frères, des collègues politiques qui sont détenus, mais je ne peux pas me substituer à la justice de mon pays », a-t-répliqué, sans détours, aux acteurs politiques qui posent comme préalable la libération des leurs.
Mettre l’accent sur l’homme
Ce jeudi 25 juillet 2024, plusieurs figures éminentes du milieu universitaire malien comme Pr Rokia Sanogo prônent « une démocratie participative ». Pr Rokia Sanogo a souligné l’importance d’une consultation où chaque citoyen se sent concerné et impliqué pour le bien commun. « Il faut que nous soyons en paix avec nous-mêmes. La résilience du Mali passe par la valorisation du savoir-faire et du savoir-faire local », a-t-elle affirmé. Selon elle, c’est en mettant en avant les compétences locales que le Mali pourra surmonter ses défis et construire un avenir prospère.
Pour Pr Diallo, l’université est le lieu par excellence où les esprits se confrontent, les idées germent et la compétition intellectuelle prospère. « J’accueille avec beaucoup de plaisir le document, nous allons apporter notre contribution. Ce qui est important est le suivi. Le Mali est un pays des documents, mais les recommandations dorment souvent dans les tiroirs », a-t-il regretté.
Il a également insisté sur l’importance de former des individus de qualité pour garantir la paix et le développement. « Sans une bonne formation, il n’y aura pas de paix, ni de développement. Il faudrait qu’on mette l’accent sur l’homme, le type de Malien qu’il faut », a-t-il ajouté.
Le Recteur Sidy Yaya Bah, président de l’Association des écoles de Santé du Mali, a exprimé ses préoccupations quant à l’évolution inquiétante du pays. « Il faut donner une culture riche à nos enfants et enseigner la culture. Il est temps qu’on s’oriente vers l’économie agropastorale », a-t-il déclaré.
M. Bah a également appelé à une plus grande écoute et à la prise en compte des avis de tous, en insistant sur le fait que les élites doivent être ouvertes aux idées de chacun.
En réponse aux préoccupations des universitaires, Ousmane Issoufou Maïga a rappelé que les problèmes du Mali sont avant tout des problèmes humains. « Les problèmes des Maliens, ce sont les Maliens eux-mêmes. Le Mali est un laboratoire où les idées se développent et sont exploitées pour avancer. L’application des recommandations des dialogues et des foras relève des problèmes d’hommes », a-t-il conclu.
A travers ces différentes consultations, la commission a mis en avant la nécessité de renforcer la démocratie participative. Les intervenants ont appelé à un engagement collectif et à une responsabilité individuelle pour faire face aux défis du pays et bâtir un Mali résilient et prospère.
Les contributions qui sont attendues dans les jours suivant contribueront à l’élaboration de la version finale de l’avant-projet de la charte pour la paix et la réconciliation nationale. Ce document, une fois adopté, deviendra le cadre de référence pour toutes les initiatives visant à renforcer la paix et la cohésion sociale au Mali, marquant ainsi un tournant décisif vers la réconciliation et le vivre ensemble.
Sidy Coulibaly pour Icimali.com