Dans un contexte de tensions croissantes avec les puissances occidentales, le ministre a rappelé que le Mali cherchait avant tout des « partenariats respectueux » et non une nouvelle forme de dépendance. « Certains nous disent pourquoi vous êtes allés vers la Russie. Vous quittez un maître pour un autre maître. Nous leur avons dit qu’ils ont tout faux. La Russie n’est pas une ancienne puissance coloniale et elle n’est pas une puissance coloniale », a-t-il insisté. Ces propos font écho au sentiment croissant au Mali de rejet d'une influence étrangère perçue comme paternaliste.
SANS DÉTOUR

Le ministre Abdoulaye Diop critique l’inaction de la communauté internationale et défend le rapprochement Mali-Russie

En déplacement en Russie pour la première Conférence ministérielle du Forum de Partenariat Russie-Afrique, Abdoulaye Diop, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale du Mali, n’a pas mâché ses mots. Interrogé par la télévision nationale malienne à la fin de la conférence, il a exprimé une critique cinglante de la communauté internationale et a défendu fermement le choix stratégique du Mali de renforcer ses liens avec la Russie.

Dans un contexte de tensions croissantes avec les puissances occidentales, le ministre a rappelé que le Mali cherchait avant tout des « partenariats respectueux » et non une nouvelle forme de dépendance. « Certains nous disent pourquoi vous êtes allés vers la Russie. Vous quittez un maître pour un autre maître. Nous leur avons dit qu’ils ont tout faux. La Russie n’est pas une ancienne puissance coloniale et elle n’est pas une puissance coloniale », a-t-il insisté. Ces propos font écho au sentiment croissant au Mali de rejet d’une influence étrangère perçue comme paternaliste.

Le ministre a également souligné la nécessité pour le Mali et ses voisins de « prendre la destinée de nos pays » face à une communauté internationale qui, selon lui, appliquerait des politiques de « deux poids, deux mesures » dans la gestion des crises sécuritaires au Sahel. « Un allié et un ami est mis en cause, je pense qu’on préfère regarder ailleurs. Nos populations sont très déçues et nous pensons que plus que jamais, nos pays doivent faire ce qui est nécessaire pour assurer la sécurité dans nos pays », a-t-il déclaré.

Les échanges de M. Diop avec ses homologues de la Confédération des États du Sahel (AES), tenus en marge de la conférence, ont abordé des priorités stratégiques, notamment en matière de diplomatie et de sécurité, deux piliers majeurs de la nouvelle alliance régionale. « Nous avons échangé sur les actions prioritaires convenues et les perspectives dans ce domaine », a-t-il expliqué, réaffirmant ainsi l’importance de la coopération interétatique au sein du Sahel pour contrer la menace terroriste.

Mali et Russie : Une coopération renforcée pour relever les défis globaux

Le ministre Diop a également pris pour cible l’inaction du Conseil de sécurité des Nations Unies, notamment en ce qui concerne une plainte déposée par le Mali, le Burkina Faso et le Niger contre l’Ukraine. Cette dernière est accusée d’avoir soutenu activement les groupes terroristes dans le nord du Mali par des moyens logistiques et des renseignements. « Le Conseil de sécurité n’a même pas reçu ce que nous avons déposé. Nous savons que la Russie soutient notre démarche mais on n’a entendu personne. Qu’est-ce que ça veut dire ? Je vous renvoie la question. Est-ce que la communauté dite internationale travaille pour la paix et la sécurité ? », a-t-il lancé, visiblement exaspéré par l’inaction des Nations Unies.

Allant plus loin, le ministre a mis en doute l’existence même de cette « communauté internationale », interrogeant sa légitimité et son efficacité. « Est-ce qu’il existe une communauté internationale ? Est-ce que c’est une communauté ? est-ce qu’elle est vraiment internationale ? », a-t-il questionné, soulevant ainsi un débat de fond sur l’équité et la représentativité des institutions internationales.

Par ces déclarations, Abdoulaye Diop réaffirme le choix du Mali de diversifier ses alliances, en particulier avec des partenaires non occidentaux, et pose la question de l’autonomie des États africains dans un monde multipolaire.

Cyril Roc DACK / Icimali.com

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