Message de remerciements et de reconnaissance des 11 camarades politiques à l’occasion de leur réception par l’Alliance du 31 mars, après leur libération
Mercredi 11 décembre 2024 – siège de l’Adéma-PASJ
Rendons grâce au Dieu, le Tout Puissant, le Tout Miséricordieux, qui nous a montré ce jour béni et nous a réuni en cette circonstance heureuse !
Camarades Présidents des partis politiques signataires de la déclaration commune du 31 mars !
Camarades membres du Comité de crise !
Chers invités !
Camarades militantes et militants !
Mesdames, messieurs de la presse !
Bonjour,
Nous revenons de loin : nous de la prison, vous de l’angoisse, du stress, des questions sans fin, des réponses impossibles, des efforts inlassables, notre pays confronté à des problèmes existentiels et obligé de se soucier du sort de ses enfants dont il a si besoin pour sortir de sa crise lancinante multidimensionnelle et interminable !
Mais enfin nous sommes là !
Et les onze détenus politiques, aujourd’hui libres, vous disent merci !!!
Vous comprendrez bien, j’en suis sûr, notre émotion est grande !
Depuis que nous nous sommes quittés le 05 décembre au soir au Centre International de Conférence de Bamako (CICB), nous ne nous sommes plus revus, nous n’avons même presque pu nous parler au téléphone, nous ne nous sommes donc pas concertés encore, pour pouvoir vous livrer un message politique issu de notre douloureuse expérience, tirant les enseignements et dégageant les perspectives : notre soif de nos familles, de nos parents, de nos voisins et des sympathisants nous a retenus prisonniers à la maison – délicieusement ! Mais je suis sûr que ça ne saurait tarder et nous vous reviendrons incessamment.
En attendant, permettez-moi au nom de notre doyen Me Mohamed Ali Bathily et des neuf autres de mes camarades de vous dire à tous infiniment MERCI !
Le message du premier ministre Ousmane Issoufi Maïga nous est parvenu à Kéniéroba, à travers nos représentants (les membres du comité de crise). On nous avait regroupé, à cet effet, à Kéniéroba où sont arrivés ceux qui étaient à la Maison Centrale d’Arrêt de Bamako (Mamadou Traoré dit Le Roi du Parti Alternative Pour le Mali et Mallet Camara du CNDR), ceux qui étaient à Koulikoro (Yaya Sangaré de l’Adema-PASJ, Abdramane Korera de l’ASMA-CFP, Laya Amadou Guindo de l’ADRP), puis ceux de Dioïla (Me. Mohamed Ali Bathily de FASODE-M5-RFP Mali Kura, Samba Coulibaly de NEMA, et Mamadou Traoré de l’UNION).
Le professeur Amidou MAÏGA du RPM, Moulaye Oumar HAÏDARA du PDES et votre serviteur, Moustapha DICKO de l’Adema-PASJ, avons retrouvé nos camarades avec un grand soulagement et une très grande joie : la première fois qu’on se voyait depuis qu’on s’était séparé, un triste soir du 24 juin 2024 à la Maison Centrale d’Arrêt de Bamako.
Le premier ministre Ousmane Issoufi MAÏGA est arrivé le samedi 30 novembre 2024 à la Maison Centrale d’Arrêt de Kéniéroba et nous a reçus dans le bureau du régisseur de la prison. Et il nous a livré son message qui nous a rempli de joie, d’espoir et de gratitude. Il nous a expliqué toutes ses démarches qui devraient aboutir à l’heureux dénouement. Il nous a dit l’écoute et le respect dont il a bénéficié et a remercié les Autorités pour cela et nous a exhortés à œuvrer pour un Mali meilleur dans le rôle qui est le nôtre, celui des partis politiques, dans le destin d’un pays. Il nous engageait à travailler à la cohésion et au retour de la paix et de la sécurité dans notre pays. Ce que nous lui avons promis dans le cadre légal de nos activités, en lui rappelant d’ailleurs que l’Alliance n’avait lancé qu’un tel appel, le 31 mars 2024 et que toutes les actions qui en sont nées respectaient scrupuleusement l’esprit de cet appel, l’esprit républicain !
Et dès samedi, 30 novembre 2024, nous avons commencé à faire nos valises !
Il faut signaler que le premier ministre a été d’une grande disponibilité ; à son âge il était prêt à venir nous voir, même à minuit, pour nous annoncer la bonne nouvelle.
Permettez-nous encore une fois de le remercier, de lui dire toute notre reconnaissance, lui dire la reconnaissance de nos familles, de nos alliés et de nos camarades, de tout notre pays que cette pénible situation distrayait de sa mission essentielle : le retour de la paix et de la sécurité, le retour à la vie constitutionnelle !
Ce n’était pas une mission facile. Je n’étais pas de ceux qui comprenaient son positionnement. Je suis sûr de n’être pas seul en cela ! Mais Ousmane Issoufi est l’homme des défis et des missions difficiles : vous vous souvenez de la CAN 2002 et quand le Président Alpha Oumar KONARÉ, presque en désespoir de cause, l’avait nommé ministre des Sports et de la Jeunesse, lui qui n’était déjà plus jeune ! Le visage du nouveau Mali n’est pas sans sa patte !
Je ne parle pas de la dévaluation du franc CFA, en 1994 et le brio avec lequel il a sorti notre pays de la tourmente, comme secrétaire général au ministère des Finances et de l’Economie du ministre feu Soumaïla CISSÉ !
L’héroïsme, c’est quand l’engagement obstiné sort des sentiers battus et donne des résultats inattendus ! Merci, monsieur le premier ministre et très longue vie au service du Mali pour que de ton sac sortent encore des tours plus incroyables !
Nous disons infiniment merci au Comité de crise, à la Commission de conciliation à l’Alliance du 31 mars, à nos différents partis politiques, à nos jeunes, à nos femmes, à toute la classe politique malienne, à la société civile, à toutes les maliennes et à tous les maliens, aux hommes et aux femmes de bonne volonté, à travers le monde !
Nos actions, vos protestations, votre soutien, vos prières et vos bénédictions, c’est aussi cette immense clameur des villes et des campagnes, soutenue par une presse écrite, parlée, télévisée, par les réseaux sociaux qui a donné ce résultat. Soyez-en tous félicités et remerciés. Ce pays est nôtre à tous, Maliens de l’Intérieur et de l’Extérieur.
Votre soutien à tous nous a fait garder espoir et tenu notre moral au beau fixe.
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Permettez-nous aussi de dire notre reconnaissance particulière à un certain nombre d’entre vous. Ce ne sera pas exhaustif, mais ce sera l’illustration de ce que chacun d’entre vous aurait voulu faire si les circonstances avaient permis. Dès les premières, Dr. Bocari TRETA est apparu à la Brigade d’Investigation Judiciaire (BIJ) et a été d’une présence constante. Il sera là jusqu’à la Maison Centrale d’Arrêt (MCA) de Bamako-Coura, lundi 24 juin 2024 et paiera les premiers matelas sur lesquels nous étions censés dormir. Il fut de nos premiers visiteurs dans nos différents lieux de détention et conduisit avec d’autres, toutes les tentatives de médiation pour faciliter notre libération.
Ce sont là des actions fortes qui marquent les esprits dans de pareilles situations où très souvent le vide se fait autour des victimes.
Le vide ne se fit pas autour de nous. D’autres camarades, frères et sœurs, filles et neveux ne lésinèrent ni sur leur temps, ni sur leurs efforts. Et ils sont nombreux, vous en êtes tous et toutes.
Laissez-moi personnellement citer quelques-uns, sans être exhaustif : le professeur Ali Nouhoum DIALLO, Mme SY Kadiatou SOW, Prof. Sanoussi BAMANI, Pr Guida LANDOURE, Boubacar BÂ dit BILL qui n’ont cessé d’emprunter les routes de Koulikoro, Dioïla, Kéniéroba. Ali, à son âge et avec sa santé fragile ;
– remercier et féliciter les premiers ministres Modibo SIDIBÉ et Moussa MARA, les ministres Cheick Oumar SISSOKO, Konimba SIDIBÉ, Modibo TRAORE, Abidou TEME, Adama Noupougnon DARRA, Mohamed Ali AG IBRAHIM, le président Mountaga TALL ;
– féliciter et remercier les camarades qui pilotaient le Comité de crise : Djiguiba KEÏTA dit PPR, Me. Mahamadou KONATÉ, Dr Modibo SOUMARÉ, Amadou KOÏTA, Souleymane DIALLO, la Commission de médiation, le camarade Issa DIARRA qu’accompagnaient souvent Arbon Boubèye MAÏGA et l’honorable Kissima MAGANÉ, ceux qui sont venus jusqu’aux portes de nos prisons et n’ont pas pu avoir accès à nous, soit qu’ils n’avaient pas de laissez-passer, soit qu’ils avaient confondu leurs laissez-passer (Djiguiba KEÏTA dit PPR, Makan Moussa SISSOKO, entre autres !) ;
– féliciter et remercier les directions et le personnel de nos partis politiques respectifs, certaines de nos sections, les démembrements des jeunes et des femmes, les militants ordinaires ;
– féliciter et remercier tous ceux qui ont fait le déplacement dans nos lieux de détention, tous ceux qui ont pris de leur temps et de leurs moyens pour intervenir en notre faveur, ceux qui ont fait des prières et des bénédictions. Merci à vous tous !
Nos camarades et nos familles ont entrepris le président du Haut Conseil Islamique, Ousmane Madani HAIDARA, le Chérif de Nioro du Sahel, Cheikh Bouyé HAIDARA et nous savons qu’ils ont pesé de tout leur poids dans notre libération et qu’ils sont intervenus publiquement et aussi discrètement auprès des Autorités. Qu’ils ont aussi fait des prières et des bénédictions ;
– remercier nos familles et nos épouses. Laissez-moi insister sur les épouses de Samba COULIBALY (Mme COULIBALY Fatoumata SOUMARÉ), de Yaya SANGARÉ (Mme SANGARÉ Diènèba DIAKITÉ), de Abdramane KORERA (Mme KORERA Oumou TOURÉ) qui ont fait le déplacement de Banconi, de Nioro du Sahel et de Kabala, à une vitesse folle, même dans la nuit ! Nous ne l’oublierons pas et si Dieu le veut, nous vous le revaudrons un jour !
Vous êtes le symbole de toutes nos épouses et de nos enfants qui arpentaient chaque jour les longs chemins menant aux Maisons d’Arrêt et de Correction de Koulikoro, de Dioïla, de Kéniéroba et de Bamako.
C’est en votre nom, que nous remercions toutes les Autorités morales, religieuses et traditionnelles qui ont été à votre écoute et se sont mobilisées pour notre libération.
Merci aux journalistes, aux activistes des réseaux sociaux qui sont venus nous voir et nous ont encouragé.
Le séjour en prison n’est pas facile. Mais nous ne pouvons pas ne pas remercier l’administration pénitentiaire de toutes les prisons où nous avons séjourné : elle nous a traités partout avec honneur et dignité ! Nous en profitons pour demander aux Autorités de bien vouloir améliorer les conditions de détention dans nos prisons, où cela est tout simplement catastrophique, pour les prisonniers de droits communs surtout, d’accélérer les procédures judiciaires pour aérer les espaces carcéraux où s’entassent nombre de nos compatriotes privés de leur liberté !
Hier, c’était le 10 décembre, Journée internationale des droits de l’homme. Nous avons, comme chaque année, depuis 1994, organisé l’EID (Espace d’interpellation Démocratique). Ce symbole immense doit nous rappeler la victoire de notre Peuple, en 1991, sur la dictature. Nous avons conquis la liberté d’expression et d’opinion, la liberté d’association, de réunion, de croyance. Seule cette dignité fait avancer les peuples et les rend forts.
Un homme qui a dédié sa vie à ces combats s’est éteint et a été accompagné à sa demeure, hier : le professeur Issa N’DIAYE. Pr. Issa N’DIAYE a marqué de son empreinte indélébile l’histoire de notre quête démocratique et de notre pays. Que son âme repose en paix !
Tous les enfants de notre pays ont leur place autour du foyer pour participer à la construction nationale. Nous pensons à nos frères et enfants privés de cette participation. Et nous ne pouvons pas ne pas demander qu’ils retrouvent leur place dans la lutte pour un Mali qui gagne : Adama DIARRA dit Ben le Cerveau, Étienne Fakaba SISSOKO, Youssouf Mohamed BATHILY dit Ras Bath, Issa Kaou N’DJIM, Mme SIDIBÉ Rokia DOUMBIA dite Rose la vie chère, Clément DEMBÉLÉ et tous les autres. Comment ne pas avoir, ici et en ces instants, une pensée pour notre camarade Adama SANGARÉ, ancien maire du district de Bamako, pour toute sa générosité et sa disponibilité pendant notre séjour carcéral. Nous vous demandons de joindre vos prières aux nôtres pour son élargissement, dans les meilleurs délais. Nos remerciements appuyés vont au camarade Adama Konaté, militant Adéma-PASJ dont chaque visite était, pour nous, signe d’espoir, sinon de bonnes perspectives. Nous n’oublions pas d’associer à ces remerciements, M. Amadou Baba CISSÉ, président de l’ASMA-CFP pour sa prese ce aussi discrète qu’efficace. Nous remercions particulièrement nos Forces armées et de sécurité pour leur travail remarquable accompli sur le théâtre des opérations, afin d’assurer la sécurité des Maliennes et des Maliens. Toutes nos sincères condoléances aux victimes civiles et militaires tombées sur le champ d’honneur dans la guerre atypique qui nous est imposée.
Merci pour votre aimable attention !
Pr. Moustapha DICKO
4ème vice-président de l’Adema-PASJ
Porte-parole des ex-détenus