La CEDEAO est-elle au bord de l’implosion? C’est dans une atmosphère de grande tension que la mission politique de haut niveau conjointe de la CEDEAO et de l’UNOWAS a quitté la Guinée-Bissau le 1er mars au petit matin. Une évacuation précipitée qui fait suite aux menaces d’expulsion proférées par le président Umaro Sissoco Embalo.
Dépêchée par la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement de la CEDEAO, la mission, conduite par l’Ambassadeur Bagudu Hirse, avait pour objectif d’appuyer les efforts des acteurs politiques et des autres parties prenantes pour parvenir à un consensus sur l’organisation des élections de 2025.
Arrivée à Bissau le 21 février, la délégation a multiplié les consultations avec divers acteurs : autorités gouvernementales, responsables politiques, organismes de gestion électorale, société civile et partenaires internationaux.
« Nous avons pris note des préoccupations soulevées par les parties prenantes et avons constaté un engagement en faveur d’un dialogue politique ouvert », a déclaré un membre de la mission. La délégation a alors élaboré un projet d’accord sur une feuille de route électorale et a commencé à le présenter aux parties prenantes pour obtenir leur consentement.
Un départ précipité
Cependant, la situation a pris une tournure inattendue lorsque le président Umaro Sissoco Embalo a exprimé son hostilité à la présence de la mission et a formulé des menaces d’expulsion. « Nous ne permettrons pas d’ingérence étrangère dans nos affaires internes », aurait déclaré un proche du Chef de l’État bissau-guinéen, selon une source diplomatique.
Face à cette escalade, la délégation n’a eu d’autre choix que de quitter le pays en urgence. « Nous avons été contraints de partir manu militari », confie un membre de la mission sous couvert d’anonymat.
- A LIRE AUSSI : https://icimali.com/senatoriales-2025-au-togo-le-parti-unir-du-president-faure-gnassingbe-sadjuge-34-sieges-sur-les-4141165-2/
Sénatoriales 2025 au Togo: Le parti UNIR du Président Faure Gnassingbé s’adjuge 34 sièges sur les 41
Une CEDEAO fragilisée
Cet incident marque un tournant préoccupant pour la CEDEAO, qui voit son rôle contesté au sein même de l’un de ses États membres. Alors que l’organisation tente de jouer un rôle de médiation dans plusieurs crises politiques en Afrique de l’Ouest, cet affront de Bissau pourrait fragiliser son influence.
La mission compte désormais présenter son rapport au Président de la Commission de la CEDEAO, Dr Omar Alieu Touray, avec des recommandations sur la manière d’assurer la tenue d’élections inclusives et pacifiques en 2025.
En attendant, elle appelle la population et les acteurs politiques bissau-guinéens à « rester calmes et à préserver la paix et la stabilité du pays ».
L’avenir des relations entre la CEDEAO et la Guinée-Bissau reste incertain, et cet épisode soulève des interrogations sur la capacité de l’organisation régionale à faire face aux défis politiques qui secouent l’Afrique de l’Ouest.
Cyril Roc DACK / Icimali.com