la question des relations entre la Confédération des États du Sahel (AES) et la CEDEAO a été abordée. Le Président John Dramani Mahama a reconnu un certain manque de confiance entre les dirigeants des deux organisations sous-régionales, mais il a insisté sur la nécessité de rétablir un dialogue respectueux et constructif. Il a affirmé que le Ghana, sous sa présidence, s’engageait à favoriser des relations apaisées entre l’AES et la CEDEAO
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Accra 2025 : L’heure du dialogue entre la CEDEAO et l’AES a-t-elle sonné ?

Par-delà les lignes de fracture régionales, une occasion historique s’esquisse. Un dialogue stratégique entre l’Alliance des États du Sahel (AES) et la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

À l’invitation de John Dramani Mahama, président fraîchement réélu du Ghana, les chefs d’État sahéliens – le capitaine Ibrahim Traoré (Burkina Faso), le général Assimi Goïta (Mali) et le général Abdourahamane Tiani (Niger) – sont conviés à Accra, les 22 et 23 avril 2025, à une réunion extraordinaire du Conseil des ministres de la CEDEAO. Une main tendue, sur fond de célébration du 50e anniversaire de l’organisation ouest-africaine. Une invitation, aussi, à rebâtir ce qui a été défait.

Le retrait fracassant de l’AES en janvier dernier a marqué un tournant historique. Mais la rupture, loin d’être irréversible, a ouvert une brèche féconde : celle d’un rééquilibrage géopolitique africain, où l’autonomie stratégique ne s’oppose pas nécessairement à la coopération régionale. En cela, le président ghanéen joue une partition singulière. Il ne cherche pas à punir, encore moins à isoler. Il propose de dialoguer.

Mahama, médiateur d’un ordre régional en recomposition

Depuis sa réélection, John Mahama s’emploie à incarner une CEDEAO rénovée. Il a multiplié les gestes diplomatiques à l’égard de l’AES, menant en mars une tournée remarquée à Bamako, Niamey et Ouagadougou. Sa posture est claire : reconnaître les dynamiques souverainistes sans les marginaliser. Un pari audacieux, mais lucide. Car les États sahéliens ne se définissent plus comme des dissidents, mais comme des précurseurs.

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L’AES, née d’une nécessité – celle d’assurer la sécurité, l’intégrité territoriale et la dignité de peuples longtemps relégués aux marges –, entend désormais peser dans le concert régional. Et ce, non par la confrontation, mais par la construction patiente d’un nouveau récit. Mahama l’a compris. Il sait que la stabilité du Sahel est indissociable de celle de l’Afrique de l’Ouest toute entière.

Des lignes de convergence possibles

L’invitation d’Accra pourrait inaugurer une séquence de réconciliation. Encore faut-il que les conditions soient réunies : respect mutuel, reconnaissance de la légitimité des trajectoires politiques, et volonté partagée d’affronter les périls communs – terrorisme, crise climatique, marginalisation économique.

À l’heure où les puissances extérieures peinent à comprendre les réalités africaines, les États du continent, eux, redessinent leurs alliances. L’AES, loin d’être un isolement, représente une ambition. Il s’agit de reconfigurer les règles du jeu, de repenser la solidarité sous une autre grammaire. Moins verticale. Plus enracinée. Davantage connectée aux aspirations populaires.

Si l’AES accepte l’invitation, la réunion d’Accra pourrait devenir le point d’inflexion d’un nouvel âge géopolitique. Si elle la décline, elle rappellera que toute alliance ne peut être durable que si elle respecte la souveraineté. Dans les deux cas, l’essentiel est sauf : l’Afrique de l’Ouest est entrée dans une ère de recomposition où l’AES, qu’on le veuille ou non, est devenue une force incontournable.

Chiencoro Diarra

Source : Sahel Tribune

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