Le candidat malheureux du second tour de la présidentielle de juillet-août 2018 doit-il accepter la main tendue de son Aîné Ibrahim Boubacar Kéita au risque de voir sa popularité s’étioler, ou camper éternellement sur sa position de président « auto-proclamé » au point d’entrainer le Mali sur la zone grise de ses partenaires dont certains ne tarderaient point à s’abstenir d’y investir? Soumaïla Cissé face au choix cornélien.Mali-main tendue IBK: hoix cornélien Soumaïla Cissé
Le 12 août dernier, un face à face a opposé aux urnes le Président sortant Ibrahim Boubacar Kéita de l’alliance Ensemble Pour le Mali (EPM) à son cadet Soumaïla Cissé de la coalition Ensemble Restaurons l’Espoir. Le verdict des urnes, selon le ministère de l’Administration et de la Décentralisation, puis la Cour Constitutionnelle du Mali, a donné IBK, vainqueur de l’élection, avec un score de plus de 67%. Contre au moins 32% au Chef de file de l’opposition.
Mais, Soumaïla Cissé n’oubliera jamais la défection de Aliou Boubacar Diallo de l’ADP-Maliba et Cheick Modibo Diarra du RPDM de la « lutte pour l’alternance » tant vantée et proclamée par les candidats quelques semaines avant l’élection présidentielle. Esseulé, Soumaïla Cissé a accepté d’aller à l’ « abattoir », même conscient que renverser la tendance face IBK est quasi impossible. L’esprit démocrate ayant prévalu.
Ces résultats, Soumaïla Cissé le reconnaît et semble ne pas le reconnaitre. Dans sa démarche, il est soutenu par Tiébilé Dramé, Ras Bath, Me Mohamed Ali Bathily, Me Mountaga Tall, Choguel Kokala Maïga, etc. qui seront rejoints par Paul Ismaël Boro et Moussa Kimbiri. Ayant échoué devant la CCM qui a rejeté en bloc les recours du candidat Cissé, le combat pour dénoncer ce qu’ils appellent « fraudes électorales » et « achat de conscience » ou le « Holdup électoral » s’est transposé dans la rue.
Bamako est devenu l’épicentre de la contestation, presque chaque semaine. De la Place de la liberté à l’Esplanade de la Bourse du travail, en passant par la Place de l’indépendance, l’itinéraire des marches de contestation de la « fraude » est connu des milliers de militants et sympathisants de l’URD. Sans passer inaperçus les meetings et conférence de presse, et les dernières caravanes avortées à la veille de la célébration des festivités du 22 septembre 2018.
Pour sortir de cet imbroglio, et éviter le pire au Mali et aux Maliens, le Président réélu Ibrahim Boubacar Kéita, déjà reconnu par la communauté internationale comme Chef d’Etat « légitime » et « légalement réélu », a fait un clin d’œil à tout Malien, sans exclusion aucune, soucieux de l’épanouissement du pays à la collaboration.
« A mon jeune frère, Soumaïla Cissé, chef de file de l’opposition dite républicaine, je voudrais tendre la main. Après la bataille électorale, il y a les retrouvailles. Car pour bâtir un avenir de tous les possibles… car pour bâtir un avenir de tous les possibles, le Mali doit pouvoir compter sur toutes ses filles et tous ses fils. Chacun aura sa place », a déclaré ce lundi 20 août 2018 « IBK ». Cette main reste toujours tendue jusqu’à aujourd’hui comme l’a déclaré le Président IBK le samedi 22 septembre dernier, marquant la célébration du 58ème anniversaire de l’indépendance du Mali :
« Aux acteurs politiques de la majorité́ et de l’opposition, aux animateurs de la société́ civile dont l’action participe à la consolidation de la démocratie, notre projet de société́ a jalousement préserver, je redis toute ma disponibilité́. Ma main leur reste tendue. Car au-delà̀ des frustrations et des contrariétés, il importe de renforcer ensemble la digue contre toutes les agressions, toutes les menaces sur les chemins de notre peuple, peuple de fierté́ avérée, de combats jamais esquivés, de dignité́ jamais négociée ».
Comme la réponse du berger à la bergère, Soumaïla Cissé dit ne pas voir cette main. « La main tendue par IBK est pour le moment invisible», a-t-il affirmé au lendemain de 22 septembre lors d’une conférence de presse. Au même moment Aliou Boubacar Diallo de l’ADP-Mali, candidat malheureux de ladite élection, dit accepter la main tendue d’IBK. Mais, Soumaïla Cissé reste droit dans ses bottes, arborant le radicalisme.
Revenons sur « …pour le moment invisible ». Cela sous-entend la disponibilité de Soumaïla Cissé à reconnaitre IBK comme Président de la République, par conséquent son Président, mais que le moment ne lui est pas encore propice à saisir cette main tendue de son frère aîné.
Tout compte fait, le président « auto-proclamé » Soumaïla Cissé est dans le dilemme, celui de bondir de facto sur cette main tendue de IBK au risque de se faire griller par les siens, à moins que le pouvoir lui donne des garanties sur son avenir politique et celui de ses soutiens. Ou camper sur sa position qui pourrait placer le Mali sur la zone grise de ses partenaires dont certains ne tarderaient point à s’abstenir d’y investir. Cette dernière option n’est bénéfique à personne, même aux militants et sympathisants du parti de l’URD.
Mali-main tendue IBK: choix cornélien Soumaïla Cissé
CYRIL/Icimali.com