La première adjointe assurait l’intérim à la tête de la capitale sénégalaise, alors que l’ex-maire Khalifa Sall est en prison depuis 600 jours. La mairesse a été élue par 64 voix sur 90 suffrages exprimés. Elle est élue pour une année seulement. Un nouveau scrutin aura lieu le 1er décembre 2019.
Soham El Wardini était très confiante avant le vote et avait donc raison de l’être puisque c’est à la majorité absolue qu’elle a remporté le scrutin. Les 83 élus se sont succédé à l’isoloir et ont désigné Soham El Wardini à une très large majorité dès le premier tour, avec 64 voix sur 90 (sept voix se sont exprimées par procuration).
Les deux autres candidats, Banda Diop et Moussa Sy, sont apparus assez isolés dans cette salle du conseil municipal. Ils ont obtenu respectivement 11 et 13 voix. Il y a eu deux abstentions. A l’issue du vote, la nouvelle élue a appelé au rassemblement. Elle « tend la main » aux candidatures dissidentes et souhaite « terminer ce mandat ensemble, pour le bien-être des Dakarois ».
A l’annonce des résultats, explosions de joie dans la salle du conseil et dans la rue de l’hôtel de ville.
Le vote était contrôlé et organisé par le préfet de Dakar et on le prévoyait sous tension. Finalement, les opérations se sont déroulées plutôt dans le calme. « Il ne faut pas tomber dans le piège », confiait un élu avant le début du vote. Le piège, c’était la mise sous tutelle de la ville par le président Macky Sall si ce conseil municipal n’avait pas pu se réunir sereinement.
L’Alliance pour la République, le parti présidentiel, n’avait d’ailleurs présenté personne. Ses membres minimisent à présent la portée d’une élection sans surprise, les membres du conseil municipal étant largement ralliés à Khalifa Sall.
Une fidèle parmi les fidèles
A présent en poste jusqu’en décembre 2019, Soham El Wardini ne va pas être dépaysée, puisqu’elle assurait déjà l’intérim de Khalifa Sall. S’occupant des affaires courantes, elle lui rend fréquemment visite et le consulte régulièrement depuis la maison d’arrêt de Rebeuss.
Une marque de loyauté parmi d’autres pour l’élue, qui se dit avant tout « heureuse de pouvoir terminer le mandat de Khalifa Ababacar Sall ». Elle pense « que les conseillers ont été assez responsables et consciencieux pour me laisser à la tête de cette ville et pour pouvoir peut-être terminer certains des projets qu’on avait décidé de finir avec les Dakarois ».
A bientôt 66 ans, l’ancienne première adjointe accède à une magistrature stratégique et prestigieuse. Un accomplissement réalisé par « une femme combattante, une travailleuse », qui « mérite son poste », commente Dada Mboup dans les couloirs de l’hôtel de ville. Pour cette élue, qui a voté Soham El Wardini, sa victoire « est la victoire de Khalifa Sall ».
Issue de la société civile, peu de choses destinaient Soham el Wardini à la politique et à son milieu. Décrite par ses proches comme loyale, engagée auprès des enfants et des quartiers en difficultés, elle est professeur d’anglais quand elle est repérée par des élus socialistes de l’Alliance des Forces de progrès, en 1999.
Aujourd’hui, elle n’exclut pas de se présenter pour l’élection de décembre 2019. Pour cela il faudra continuer à fédérer une large coalition au conseil municipal.
Source: RFI