Le putsch a été manqué à la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI). Amadou Ba et Dr Beffon Cissé restent respectivement Président et 1er Questeur de l’organe indépendant. Annoncée en grande pompe à coup de tapage médiatique, la destitution du Président et du 1er Questeur est nulle et non advenue. Que les meneurs de cette honteuse fronde arrêtent de se livrer en spectacle.
La tension était vive dans l’après-midi du mardi 23 octobre au siège de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI). En convalescence, le Président de la CENI, Amadou Ba, entouré par certains membres de l’organe, a reçu en audience la cheffe de la mission d’observation électorale de l’Union Européenne. Juste après, le Président Ba devrait s’entretenir avec la presse sur la situation actuelle au sein de la CENI. Car la veille, quelques membres, à travers un communiqué de presse, avaient annoncé le retrait des responsabilités au Président et au 1er Questeur pour « indiscipline budgétaire ».
Les meneurs de la fronde qui n’arrivaient pas à accéder à la salle d’audience, ont alors tenté de forcer l’entrée. Des bousculades s’en suivent ainsi que des coups de poing. On déplore des blessés et des vitres brisés. Une équipe du commissariat du 14ème arrondissement est dépêchée sur les lieux. Les policiers tentent de faire descendre par la force certains frondeurs qui opposent une résistance en hurlant. Des va-et-vient se multiplient. Le climat est tendu dans la cour où les journalistes invités pour la conférence de presse assistent à des scènes d’insultes.
L’interview du 1er Questeur, Dr Beffon Cissé est interrompue par un certain Mamadou Maïga. Me Moctar Mariko, l’un des meneurs de la fronde, souffle de temps en temps quelques mots aux oreilles de certains journalistes. Dr Beffon Cissé répond aux questions des confrères qui sont souvent virulents dans leurs répliques. Le 1er Questeur rejette en bloc les dénonciations et rassure que l’argent utilisé pour régler le véhicule n’était pas destiné à payer les travailleurs.
Interrogé par notre confrère Serge Daniel, Me Moctar Mariko confie : «Il s’agit tout simplement d’indiscipline budgétaire. Il semblerait que le Président de la CENI et le Questeur aient touché les indemnités des membres de la CENI de Kayes à Kidal pour payer le reliquat du prix d’un véhicule. Et c’est ce qui a mis la CENI dans cet état de cessation de paiement ».
Une suspension nulle et non advenue
Que dit le règlement intérieur de la CENI ? Quelle est la valeur de la plénière du lundi ? Visiblement, les frondeurs sont en difficulté, car ne disposant pas du nombre requis pour convoquer une plénière. Les textes de la CENI prévoient deux modalités de convocation d’une plénière : c’est soit le Président de la CENI, soit à la demande des 2/3 des membres. La plénière au cours de laquelle le 2ème Vice-président, Me Moctar Mariko annonce la suspension du Président et du 1er Questeur n’a enregistré que la présence de huit membres. Or les 2/3 des membres ne peuvent être atteints qu’avec la signature de dix membres. Cette plénière n’a pas été convoquée conformément aux dispositions du règlement intérieur de la CENI. Donc, elle ne peut pas engager la CENI. « Le Président était dans son bureau le lundi. Le 1er Vice-président était là. A quel titre, le 2ème Vice-président convoque la plénière ? », nous confie une source indépendante.
Il est impossible légalement pour les frondeurs de destituer le Président et le 1er Questeur. Le putsch a lamentablement échoué. Amadou Ba et Dr Beffon Cissé restent respectivement Président et 1er Questeur.
Les manœuvres qui viennent d’être étalées sur la place publique sont en cours depuis l’élection du magistrat Amadou Ba à la tête de la CENI. Les perdants, notamment de la majorité présidentielle, ont tout mis en œuvre pour paralyser le fonctionnement de cet organe capital dans la supervision du processus électoral. La Cour Suprême avait été saisie pour obtenir la destitution du premier responsable de la CENI.
Ainsi, toutes les activités entreprises par le Président Ba sont sabotées à l’interne par des membres vraisemblablement manipulés par des leaders politiques. La finalité de toutes ces manœuvres est d’obtenir la dissolution de la CENI. C’est pourquoi, le Ministre de l’Economie et des Finances qui a déjà tout mis en œuvre pour asphyxier financièrement la CENI a envoyé une mission d’audit. Une fausse querelle au Président de la CENI. La réaction du Ministre en charge de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation qui a demandé le règlement intérieur de l’organe est attendue dans cette affaire.
Il nous revient, de sources crédibles, que l’organe indépendant n’a aucune révélation concernant l’élection du Président de la République.
Chiaka Doumbi
Source: Le Challenger