La formation des travailleurs en syndicat est un droit reconnu par la Constitution. Cependant, ce droit est aujourd’hui en passe de devenir un moyen de chantage pour certains Responsables syndicaux. Les syndicats des structures étatiques et ceux du privé en font usage pour satisfaire leurs exigences. Force est de constater qu’aujourd’hui le syndicalisme est en train de perdre son sens premier pour devenir un moyen de pression à outrance, une voie de règlement de vieux comptes avec son chef hiérarchique.
Si, au départ, on décrète les grèves pour juste pour solliciter l’amélioration des conditions de vie et de travail des travailleurs d’une structure ou entreprise donnée, force est de reconnaitre que désormais les grèves sont en train d’adopter des changements dans leurs contenus et formes. Des Responsables syndicaux profitent de ce privilège à eux accordés par les textes pour rendre la vie dure à leurs Chefs hiérarchiques et aux autorités de l’Exécutif. Le problème est d’autant accru dans l’Administration publique où les Secrétaires Généraux des sections syndicales sont les cadres du Département les plus craints. Presque, tous sont des Faiseurs de rois pour les uns, manipulateurs pour les autres. Le qualificatifs nous manquent ici concernant ces Responsables syndicaux. Ces derniers font et défont le service au gré de leur volonté. A la moindre déception, le Responsable syndical menace d’aller en grève. Le problème est pire dans les structures où il y a mésentente entre le Premier Responsable du service et le Responsable syndical. Ce dernier fort de ses capacités de nuisance s’en prend souvent au Responsable de la boite. Dans ce cas de figure, le syndicalisme est senti comme un moyen de pression sur les Responsables du service concerné.
L’exemple nous est donné par le Comité syndical de la Pharmacie Populaire du Mali (PPM) où le Comité a déclenché une cessation de travail pour réclamer la tenue du Conseil d’Administration de la structure. Pour se faire entendre, le comité a organisé des sit-in devant le service et a tenu de point de presse.
Un autre cas qui est non des moindres de cette force syndicale nous est venue de l’Association des Promoteurs des Ecoles Privées du Mali (AEPAM) où les leaders de la section syndicale ont pris en otage la rentrée scolaire pour exiger le paiement des subventions par l’Etat. Il aura fallu que le Gouvernement verse 25 millions sur les 32 milliards à verser comme subventions à l’association. Le reste est payable après présentation des pièces justificatives de présence du nombre d’élèves au sein de ces établissements. Ce point n’est pas du goût de la plupart des promoteurs d’écoles privées ; car, le nombre d’élèves fictifs est assez élevé. Justifier leur présence physique n’est pas chose facile ; d’où la pomme de discorde entre les deux parties.
Une fois de plus, le syndicat a montré sa force de frappe, mais aussi ses faiblesses. Ici, on gonfle les chiffres avec des élèves fictifs.
Le syndicalisme est en train de perdre sa mission principale aura été de procéder par voie de pressions de toutes sortes à l’amélioration des conditions de vie et de travail de ses militants. Il est devenu aujourd’hui un moyen de pression contre les autorités. Pour ce faire, on use de ses prérogatives pour faire aboutir ses revendications. Mais, vu la situation, on a tendance à voir un syndicat de règlement de comptes et non de revendications. Aujourd’hui, il y a plutôt une lutte politique et non une lutte syndicale ; car, la plupart des leaders syndicaux appartiennent à des partis politiques et agissent au bon vouloir de ceux-là (partis politiques). Un véritable danger social et administratif. Il faut redonner au syndicalisme ses missions de revendications et non de règlement de comptes. Or, nous assistons actuellement à cette forme de revendication. Et personne ne dénonce cela. C’est dommage que nous soyons complices de cette forme de revendications.
Ambaba de Dissongo
Source: L’Observatoire