Dégradation constante de la situation sécuritaire dans tout le pays, projet de découpage territorial, prolongation du mandat des députés, crise financière, cherté de vie, détérioration du pouvoir d’achat, mal gouvernance… Le Mali va mal et même très mal. En vue de dénoncer tous ces maux qui minent le pays, à cause de la gouvernance chaotique du président Ibrahim Boubacar Keïta, les deux pôles de l’opposition (le Front pour la sauvegarde de la démocratie etla Coalition des forces patriotiques) et l’Adema-Association ont décidé de battre le pavé le samedi 8 décembre prochain.
Deux jours après, le lundi 10 décembre, plusieurs associations de la société civile regroupées autour du CDR (Comité pour la défense de la République) organisent également une grande marche. Ces deux manifestations organisées à Bamako ont un point commun : Mobiliser les maliens pour dénoncer les dérives du régime en place.
Après la trêve observée pendant la période du Maouloud, l’opposition et la société civile remobilisent leurs troupes pour dénoncer les dérives « autocratiques » et « liberticides » du régime d’Ibrahim Boubacar Keïta. A cet effet, ils (opposition, société civile) projettent d’organiser séparément deux grandes manifestations le 8 et 10 décembre prochain à Bamako, à l’intérieur ainsi qu’à l’extérieur du pays. Aussi, les deux regroupements de l’opposition regroupés au sein du front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD), la Coalition des forces patriotiques (CofoP) et l’Adema-Association entendent à travers la grande marche populaire de protestation et de « résistance », le 8 décembre, faire entendre la colère du peuple sur la gestion jugée calamiteuse des affaires publiques.
Les organisateurs évoquent entre autres justifications de la manifestation, la paupérisation continue des populations, la cherté de la vie, la restriction des libertés, la répression policière, la violation de la constitution, les dérives anti-démocratiques et autocratiques, les projets de découpage territorial et de déstabilisation du Mali, l’insécurité permanente dans laquelle vivent les populations : le cas des habitants du centre du pays en particulier…
L’opposition prévoit également à cette occasion de condamner fermement les violences perpétrées, lors de son meeting, par la police, le 16 novembre à Bamako. En effet, le 16 novembre dernier, le rassemblement organisé par l’opposition avait été violemment réprimé par les forces de sécurité à coup de gaz lacrymogènes devant la Bourse du Travail. Lors du rassemblement, le député Amadou Araba Doumbia du parti SADI avait été blessé et deux jeunes manifestants ont été arrêtés et incarcérés au 1er arrondissement.
Plusieurs partis politiques et organisations de la société civile avaient participé à cette marche pacifique.
Contre la prorogation du mandat des députés
Pour sa part, le Collectif pour la défense de la République (CDR) de Mohamed Youssouf Bathily ( RAS Bath), projette d’organiser le 10 décembre 2018 à l’occasion de la Journée Internationale des Droits de l’Homme une grande manifestation dont l’objet est de protester contre le projet de loi organique portant prorogation du mandat des Députés à l’Assemblée Nationale, adopté, le jeudi 22 novembre2018, par l’assemblée nationale. Le CDR voit en cette prorogation une violation de la Constitution et une grave atteinte à la démocratie. Par cette marche, le collectif veut réclamer aussi la restauration des valeurs démocratiques mise en mal et le retour à l’Etat de droit.
En outre, le Collectif manifestera aussi contre le projet de découpage territorial qu’il juge dangereux pour l’intégrité territorial. Ras Bath et ses camarades veulent dénoncer à l’occasion de cette marche la fraude électorale, le bourrage d’urnes, l’achat de conscience à ciel ouvert… constatés lors de la présidentielle de juillet dernier et prévenir qu’il n’y ait pas de fraudes lors des prochaines échéances électorales, protester contre les violations des lois par les membres de la Cour constitutionnelle.
Les membres du CDR dénoncent également l’aggravation de la misère et exigent, « la fin des mesures politiquement dangereuse, économiquement inefficaces et socialement désastreuse ».
Pour le porte-parole du CDR, Ras Bath, cette marche est destinée à « exiger qu’on soit gouvernés autrement ».
Ces deux manifestations viennent se greffer à une situation sociale tendue avec la multiplication des grèves dans tous les secteurs (lire ci-dessous notre article). Autre sujet de préoccupation ? C’est la détérioration de la situation sécuritaire dans le Centre, avec son lot de victimes.
Le tout indique clairement que le président Ibrahim Boubacar Keïta (absent du pays depuis plusieurs jours pour des raisons de santé) se trouve dans l’œil du cyclone. Et avec lui, c’est le Mali qui est au centre d’une forte turbulence.
Mémé Sanogo
Source: L’Aube