« Andry Rajoelina est élu Président de la République et je le félicite », a lancé Marc Ravalomanana, au lendemain de la proclamation de la victoire d’Andry Rajoelina par la haute Cour constitutionnelle.
C’est une courte vidéo publiée en fin de journée, mercredi, qui a finalement arrêté la position de Marc Ravalomanana. L’ancien président malgache, candidat déçu à la présidentielle, accepte le verdict des urnes confirmé la veille par la Haute Cour constitutionnelle (HCC), la victoire d’Andry Rajoelina, et sa propre défaite dans l’élection présidentielle malgache. La crise post-électorale entre lui et Andry Rajoelina – tant redoutée à Madagascar – n’aura donc pas lieu.
« Andry Rajoelina est élu Président de la République et je le félicite. Je lui souhaite du succès dans l’accomplissement de sa tâche. Les Malgaches ont besoin d’aide. J’aimerais qu’on arrête les poursuites, les diffamations, les arrestations, et les condamnations des innocents. Il est temps pour la réconciliation, l’amour, la solidarité », a-t-il notamment déclaré, la voix lente et un brin mélancolique.
Mardi, la HCC – dont les décisions n’édmettent aucun recours légal – avait rejeté toutes les requêtes des candidats et confirmé au centième près les chiffres provisoires de la Commission électorale nationale indépendante. Les résultats définitifs donnent 55,66 % à Rajoelina, 44,34 % à Ravalomanana, pour un taux de participation de 48,09 %.
Fanirisoa Ernaivo et Serge Imbeh, candidats qui se sont ralliés à Marc Ravalomanana au second tour, ont eux-aussi déclaré accepter ce verdict, non sans amertume. « Il y a eu tellement de fraude et de triche. La HCC n’a fait que légitimer tout cela. Le constat est désolant. Je suis sidérée », regrette Fanirisoa Ernaivo, contacté par Jeune Afrique. Leur camp avait dénoncé des « fraudes massives » et organisé des manifestations non autorisées sur la symbolique place du 13 mai, dont certaines dispersées par la police à coup de gaz lacrymogène.
Du côté du coordinateur de campagne de Marc Ravalomanana, Serge Zafimahova, le ton est plus incisif. Sur sa page Facebook, il écrit : « Les membres de la Ceni et de la HCC sont des hontes de la République, mais si on ne respecte pas un minimum de cadre institutionnel, le pays ira vers le chaos. Tous souhaitent la réussite au nouveau président. »
Andry Rajoelina, lui, a fêté sa victoire mardi soir à son QG, entouré de nombreux partisans. Après un discours dans lequel il a assuré de sa détermination à « sauver Madagascar et unir tous les Malgaches », des artistes (Jerry Marcoss, Lianah, TaaTense…) ont fait le bonheur du public de militants déjà comblés sur des sons de zouk et de musique typique malagasy.
Les proches du nouveau président malgache étaient là, également. « C’est le premier président né après l’indépendance. C’est vraiment une nouvelle page qui s’ouvre pour le pays », s’enthousiasmait dans la soirée Hajo Andrianainarivelo, leader du parti MMM et grand artisan de la victoire, assis aux côtés de de l’homme d’affaires Mamy Ravatomanga, PDG du conglomérat Sodiat et soutien de longue date d’Andry Rajoelina et de Norbert Lala Ratsirahonana, conseiller des trois derniers présidents.
Rajoelina pourra aussi compter sur les conseils de Herilaza Imbiki, magistrat qui compte parmi les dizaines d’experts à avoir participé à l’élaboration de son projet, l’Initiative pour l’Emergence de Madagascar (IEM) : « La plupart étaient désintéressés. Ils l’ont fait pour son programme et sa personnalité. Il a envie de changer le cours de l’histoire de Madagascar. »
Peu après le verdict de la HCC, Rivo Rakotovao, président de la République par intérim après la démission constitutionnelle de Hery Rajaonarimampianina, avait déjà félicité Andry Rajoelina et souligné des élections « transparentes et inclusives ». Le président sortant, « Hery », est en revanche resté silencieux et demeure d’ailleurs invisible depuis sa déclaration d’absence de soutien au second tour, le 30 novembre.
A l’international, le nouveau président malgache a déjà reçu les félicitations de la France, de l’Union Africaine, du Royaume-Uni, de la Chine, de l’Union Européenne, du Maroc ou encore du Japon. L’investiture est programmée pour le 19 janvier et un Premier ministre devrait être nommé dans la foulée.
Jeuneafrique