Les images n’ont presque pas choqué grand monde le week-end dernier, mais il y avait de quoi révolter une nation en voyant les photos d’enfants squelettiques du centre des déplacés Peul de Faladiè. Le sort de ces innocents souffrant de malnutrition faute de moyens est d’autant plus choquant qu’au même moment, la polémique enflait autour de l’octroi de 50 millions de FCA aux religieux par le gouvernement. Comment peut-on laisser des enfants victimes d’un drame national vivre au milieu des ordures, des maladies et du manque d’eau potable?
Le centre des déplacés peul de Faladié à l’allure d’un village fantôme, avec des cabanes de fortune construits pêle-mêle. On pourrait jurer qu’il s’agit d’un mensonge, mais ce sont des centaines de familles ayant fuit la violence au centre du pays qui vivent dans l’insalubrité totale sur ce terrain vide en compagnie des ordures balayées de temps à autre par l’harmattan, ce vent qui véhicule le froid.
Les enfants vivent avec leurs parents ou proches et sont victimes de plusieurs maux dont des maladies respiratoires et surtout la malnutrition. Certains ont été transportés dans un hôpital par des citoyens de bonne volonté alertés sur le calvaire des enfants. Le gouvernement qui aurait pu agir en amont pour éviter aux enfants cette situation est sur la sellette, surtout après le rejet d’une somme de 50 ou 100 millions de francs FCFA par Mahmoud Dicko, le président du Haut conseil islamique du Mali.
Le chef religieux qui a organisé une journée de prière pour la paix au Mali avait indiqué que d’autres ont besoin de cet argent comme les déplacés du centre ou les cheminots qui sont en grève de la faim. Ces déplacés son en majorité des Peuls ayant fuit de la région de Mopti, notamment les villages du Pays Dogon. Certains sont aussi venus de la région de Ségou, principalement les zones du cercle de Macina où éleveurs et agriculteurs s’entendent mal depuis plusieurs années.
L’état des campements des déplacés peuls et la fragilité sanitaire des enfants indiquent que les infortunées qui y vivent ne bénéficient pas d’un appui important de la part du gouvernement et de la mission onusienne présente au Mali.
Pourtant, Tabital Pulaaku avait plusieurs fois lancé des appels aux autorités maliennes et étrangères afin que les centres accueillant les déplacés soient pris en charge. La présidente des femmes de Tabital Pulaaku, Dicko Fatoumata Dicko, avait particulièrement interpellé le président de la République. Elle a crié au secours mais son cri est trop court et la maladie continue son cours.
De toute évidence, les enfants peuls des camps de déplacés vivent un double drame. Il ya d’abord celui d’avoir quitté leur terroir de façon involontaire avec son corollaire de déscolarisation. Il y a ensuite les séquelles physiques et morales liées à la perte de la tutelle (mort de parents ou de proches) et l’exposition à la faim et à des maladies de tous genres dans les zones d’accueil comme Bamako, loin de leur milieu habituel.
D. Kéita
La Sirène