Des médiateurs ont obtenu des différentes chapelles de l’Adéma, le report des congrès des jeunes et des femmes, le temps de faire la paix et de resserrer les rangs. Serait-il possible ?
Avec l’Adéma, il n’y a jamais de place à l’ennuie. Chaque jour qui passe apporte son lot de rebondissements. Alors que pour les congrès des Mouvements affiliés, chaque camp affutait ses armes et préparait ses poignards, des médiateurs, autour du maire du District, du ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement et de Ba Gagnoua, ont obtenu le report des congrès.
Le prétexte tout trouvé a été sa concomitance avec le dialogue national inclusif qui a commencé. L’Adéma prenant part à ce dialogue, les médiateurs ont jugé nécessaire de faire en sorte que le report soit acté et accepté de tous.
Ainsi, pour nos interlocuteurs, “les avancées sont majeures : chaque camp a accepté le report. Chaque camp s’est inscrit dans la tenue d’un congrès apaisé et unitaire”. Pour cela, les parties se sont engagées à reconnaître au président Tiémoko Sangaré toute sa légitimité et son autorité, “et à le respecter comme président du parti”. Les médiateurs ont également obtenu qu’il ne soit pas fait obstruction à la participation de Mme Katilé au Congrès, et que, comme tout semble l’indiquer, si elle a la majorité, qu’elle prenne la tête du Mouvement des femmes du parti.
Les médiateurs ne cachent pas leurs satisfactions. Ils ont obtenu que l’abeille présente aux yeux de l’opinion publique, une unité et une entente cordiale. Mais, la question qui se pose est de savoir si c’est de façade ou si c’est sincère. Il nous revient que le président IBK, fortement cité dans la mésentente entre les camps, a sifflé la fin de la récréation en invitant les uns au respect des textes et en “tapant sur les doigts” d’autres.
Cependant, la constance à l’Adéma est que les concessions et les ententes ne sont que de courtes durées. Il y a des égos surdimensionnés et des questions qui n’ont été que refoulées. Quid du retour des exclus comme le ministre Dramane Dembélé et ses partisans ? Si leur retour est accepté, seront-ils cooptés au CE ? Comme certains l’exigent, ou devraient-ils retourner militer à la base, comme d’autres le disent, parlant du respect des textes et des procédures du parti ?
Quid de 2023 ? En réalité, toute la bataille est déjà à se niveau. Certains, doutant des intentions d’autres, se battent et se positionnent. Si personne, à ce jour ne met sur la table ces questions qui fâchent, il faudrait pourtant que le parti les mette sur la table et en débatte. Le plus tôt serait le mieux, sinon, il y a à parier que l’Adéma n’a pas fait l’économie d’une nouvelle déchirure, certainement, la dissension qui serait de trop.
Il n’y a qu’à voir tout le gâchis que les difficultés de concessions et les mésententes de ce parti ont causé même au pays. Fondamentalement, depuis 1991, au Mali, rien ne se meut sur l’échiquier politique qui ne soit Adéma par son essence. Il nous faut faire le procès, un jour, de ce parti. Pour n’avoir jamais su mettre le Mali en avant.
La mésentente et la suspicion, il est vrai, est dans l’ADN du parti, né de mélanges qui n’ont jamais pris, et coupable de n’avoir jamais su ou voulu faire une introspection.
Alexis Kalambry
Mali-Tribune