« Sans acharnement ni à priori, mais avec objectivité et détermination, nous envisageons d’ouvrir systématiquement des enquêtes sur tous les cas de corruption dont nous aurons connaissance par suite de plaintes, de dénonciations ou par d’autres voies’’ a promis le nouveau procureur anti-corruption.
Seulement 10 jours après sa prise de fonction, le nouveau procureur de la République près du Tribunal de grande instance de la Commune III du district de Bamako en charge du Pôle économique et financier, le magistrat Mamoudou Kassogué, accompagné de ses collaborateurs, a animé le jeudi 22 août dernier, dans la salle d’audience dudit tribunal, un point de presse. Son objectif : dévoiler la stratégie que lui et son équipe comptent mettre en œuvre pour lutter contre la corruption au Mali. L’occasion a été propice pour le nouveau procureur anti-corruption, de montrer sa ferme détermination avec l’aide de l’ensemble des Maliens à combattre efficacement contre ce fléau.
Sachant bien que beaucoup de ses prédécesseurs se sont trouvés butés à ce problème, le nouveau procureur aura-t-il le courage de poursuivre l’évolution des dossiers de l’affaire des avions cloués au sol. En un mot jusqu’où ira-t-il ?
A l’entame de ses propos, le procureur en charge du Pôle économique et financier, Mamoudou Kassogué, a fait savoir que : « nous arrivons à un moment où beaucoup d’affaires de corruption sont révélées ou dénoncées tant dans le rapport 018 du Vérificateur général qui vient d’être publié que dans la presse et par des lanceurs d’alerte, un moment où la corruption dans notre pays est fortement évoquée dans l’actualité nationale et internationale. Cela est d’autant plus vrai que, plus une société est corrompu, plus elle est en voie de décomposition, donc d’anéantissement, car la corruption est le terreau qui nourrit toutes les autres formes de criminalité, notamment la criminalité organisée et la criminalité économique qui sont les pourfendeurs de notre développement ».
Pour le procureur, le phénomène de la corruption existe certes sous tous les cieux et dans toutes les couches socio-professionnelles. Mais, l’ampleur avec laquelle le phénomène est actuellement perçu au sujet de notre pays, tant au plan national qu’international, est inquiétante et doit nous interpeller tous, a déploré Mamoudou Kassogué. Pour lui, dans cette lutte, la justice d’une manière générale et le Pôle économique et financier en particulier, sont considérés comme étant les seuls responsables des causes de son échec.
Il a aussi précisé que les griefs qui sont généralement portés contre la justice par rapport à la lutte contre la corruption se regroupent autour de quatre points : il s’agit du non aboutissement de la plupart des enquêtes ouvertes ; la grande lenteur des enquêtes ; le nombre élevé de classement sans suites et le silence de la justice sur les cas de corruption révélés généralement par des lanceurs d’alerte. Mais, pour le procureur Kassogué, ces facteurs s’expliquent par la volonté de la justice de prendre du temps pour comprendre, afin de faire la part des choses, pour déterminer les circonstances exactes des faits, ainsi que les motivations qui les entourent, mais aussi pour identifier les vrais auteurs et éviter que des innocents soient condamnés, pour rechercher les produits des infractions en vue des saisies et confiscations.
‘’C’est ainsi que, sans acharnement ni à priori, mais avec objectivité et détermination, nous envisageons d’ouvrir systématiquement des enquêtes sur tous les cas de corruption dont nous aurons connaissance par suite de plaintes, de dénonciations ou par d’autres voies’’, a promis le nouveau procureur anti-corruption, avant de d’informer que ‘’ c’est déjà le cas, de l’affaire dite des avions cloués au sol et de l’affaire dite des ristournes de la Confédération des sociétés coopératives des producteurs de coton, révélées par la presse et sur une dénonciation anonyme’’. ‘’Nous avons ordonné l’ouverture d’enquêtes qui suivent actuellement leurs cours au niveau du Pôle économique et financier de Bamako’’ a-t-il précisé. Selon lui, ‘’ nul n’étant au-dessus de la loi, des poursuites seront systématiquement engagées contre toutes les personnes que les enquêtes feront découvrir comme étant présumés auteurs, coauteurs ou complices de faits de corruption ».
Dans tous les cas, il n’y aura pas de rétention de dossiers au niveau du Pôle économique et financier et le traitement des dossiers sera fait au mieux des intérêts de l’Etat, donc de l’intérêt général de l’ensemble des Maliens et dans le strict respect des droits de la défense, a assuré le Procureur Kassogue. Sur ces points, il a déclaré que « nous sommes parfaitement en phase avec la Chancellerie où le ministre de la Justice nous a assurés aussi de l’engagement des plus hautes autorités du pays à nous accompagner sur ce chantier.
Il a enfin promis que l’opinion publique nationale et internationale sera tenue régulièrement informée de l’évolution des dossiers dans les limites de ce que la loi permet.
A. M. Touré
22 Septembre