C’est un dénouement inattendu. Après cinq ans d’enquête, l’homme d’affaires corse à la tête d’une gigantesque fortune bâtie sur les jeux en Afrique, « le parrain des parrains » comme le surnomme la police, voit l’essentiel des charges qui pesaient contre lui s’effondrer.
« Corruption d’agents publics étrangers », « blanchiment de trafic d’influence », « exercice illégal de la profession de banquier » ou encore « abus de confiance », toutes ces charges pour lesquelles Michel Tomi avait été mis en examen il y a 5 ansont été abandonnées.
D’après le magistrat qui instruisait l’affaire, il n’y avait pas assez d’éléments pour les retenir. Dans le viseur de la justice française pour ses activités suspectes sur le continent, l’enquête avait mis au jour l’étendue de l’empire économique bâti par Michel Tomi en Afrique de l’Ouest, principalement dans le secteur des jeux, de l’hôtellerie et du BTP.
Proximité avec Ali Bongo et IBK
Des interceptions téléphoniques avaient aussi révélé la grande proximité entre Michel Tomi et plusieurs chefs d’Etat africains. Ali Bongo, au Gabon ou encore Ibrahim Boubacar Keïta au Mali. Le président malien, par exemple, voyait ses dépenses lorsqu’il venait en France pris en charge par le Corse. Mais au final rien qui permette de prouver des pactes corruptifs entre les deux hommes.
Résultat Michel Tomi n’est plus poursuivi que pour des faits de moindre gravité comme par exemple « complicité et recel d’abus de biens sociaux ». Il a accepté une procédure de plaider-coupable. Cette procédure, rare, permet aux personnes poursuivies de négocier les peines envisagées avec le parquet en échange de la reconnaissance de certains délits.
Pour le richissime homme d’affaires de 71 ans qui incarne l’une des figures de la Françafrique, cet univers où se mêle politique, affaires et banditisme, c’est une énorme victoire. Il n’aura donc pas de procès.
Par RFI Publié le 06-10-2018