Le président par intérim de l’Union pour la République et la Démocratie (URD), Prof Salikou Sanogo, a expliqué ce samedi 7 janvier 2023, l’affaire devenue judiciaire qui l’oppose à son adversaire M. Gouagnon Coulibaly au sujet de la direction du parti. In extenso la déclaration.
Mesdames, Messieurs de la presse et des médias,
Chers présidents d’honneur ;
Madame Cissé Assitan Traoré épouse de feu Soumaila Cissé ;
Mesdames Messieurs les Présidents de Partis politiques et Organisations de la Société Civile ;
Chers camarades,
Chers invités,
Mesdames, Messieurs
Je vous remercie infiniment d’avoir répondu massivement à notre invitation pour partager avec vous notre part de vérité sur ce qu’il convient d’appeler désormais « L’Affaire URD ».
Mesdames et Messieurs de la presse,
Je voudrais saisir cette occasion pour présenter mes meilleurs vœux de Santé, de Bonheur, de Prospérité et de plein succès aux professionnels des médias que vous êtes, à vos familles, à vos partenaires ainsi qu’à vos auditeurs, téléspectateurs et lecteurs.
J’associe à ces vœux, tous mes camarades de lutte, l’ensemble du Peuple Malien, les amis et partenaires du Mali. Je prie, que la nouvelle année puisse être pour notre pays une année de paix, de réconciliation, de quiétude et de prospérité.
Permettez-moi de remercier toutes les éminentes personnalités ici présentes, qu’elles soient de la classe politique ou de la société civile, le Président d’honneur Bandiougou Bidia Doucouré, la Présidente d’honneur Mme Coulibaly Salimata Cissé, qui ont bien voulu nous accompagner dans cet important exercice.
Je voudrais adresser mes remerciements particuliers à Mme Cissé Assitan Traoré, l’épouse de Feu Soumaïla Cissé et à travers elle, à toute la famille de l’illustre disparu.
Les remerciements et les félicitations de l’ensemble des militants de l’URD vont également à nos deux camarades membres du gouvernement de transition ( Mme DIAWARA Aoua Paul Diallo et Ibrahim Ikassa Maiga ) pour leur engagement et les résultats obtenus par leurs départements.
Mesdames, Messieurs les journalistes ;
Notre parti l’Union pour la République et la Démocratie URD a été durement éprouvé en 2022 par le rappel à Dieu de nombreux et valeureux militants militantes notamment les Présidents d’honneur Abou SAMBA OULEY DIALLO, Younoussi TOURE et le Président du Conseil de Cercle de Kolondiéba Yaya BAMBA.
A leurs familles respectives, je réitère mes sincères condoléances.
L’année 2022 a été également difficile et meurtrière pour notre pays. Plusieurs personnes civiles et militaires, maliennes et étrangères ont perdu la vie au cours de divers incidents armés. A cette occasion, je voudrais tout d’abord m’incliner devant la mémoire de ces nombreuses victimes qui ont perdu la vie en défendant notre souveraineté et l’intégrité de notre territoire. Je réitère mes condoléances les plus attristées à toutes les familles endeuillées et mes souhaits de prompt rétablissement aux nombreux blessés.
J’ai une pensée émue à l’endroit de nos réfugiés, de nos compatriotes de l’extérieur et de nos compatriotes, civils et militaires, pris en otage par les forces du mal. Chacun d’entre eux en ce qui le concerne vit des moments particulièrement difficiles et éprouvants. A eux tous, j’exprime mon soutien, ma solidarité et surtout mon souhait le plus ardent de voir les otages regagner sans délai leur famille en bonne santé.
Comme d’habitude, je suis avec beaucoup d’attention les actions de nos compatriotes de l’extérieur qui se battent au quotidien pour assurer une vie meilleure à leurs communautés. Qu’ils trouvent ici l’expression de ma profonde gratitude.
Mesdames et Messieurs,
Le parti URD traverse aussi ces temps-ci, la crise la plus grave depuis sa création. Beaucoup de choses ont été dites à ce propos sur vos antennes et ondes. J’ai entrepris avec d’autres camarades toutes les démarches tendant à contenir ladite crise à travers nos principes et valeurs, mais en vain. Je voudrais ce matin procéder avec vous à un bref survol de cette situation très peu reluisante pour notre parti.
Le Parti politique Union pour la République et la Démocratie, URD, est dirigé au niveau national par un Bureau Exécutif National (BEN) élu par le Congrès pour un mandat de cinq (5) ans.
A l’issue du 4ème congrès ordinaire tenu par le parti U.R.D les 21 et 22 décembre 2019 à Bamako, l’honorable Soumaïla Cissé a été élu Président et le Professeur Salikou SANOGO premier Vice- Président du parti pour un mandat de cinq ans.
Le 25 décembre 2020 l’honorable Soumaïla CISSE décédait. A cette date notre pays était déjà engagé dans le processus de transition en cours et l’élection présidentielle était annoncée pour février-mars 2022. C’est alors que le parti a enregistré les adhésions de Boubou Cissé et de Mamadou Igor Diarra. Très rapidement, les ambitions présidentialistes de ces deux hommes allaient faire surface et introduire dans le fonctionnement du parti des pratiques aussi violentes que malsaines et contraires à tous les principes et à toutes les valeurs autour desquelles Soumaila Cissé et ses camarades ont fondé l’URD.
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A l’appel à candidature pour la désignation du futur candidat du parti à l’élection présidentielle, ils ont tous les deux fait acte de candidature mais se sont inscrits immédiatement dans une machination tendant à la modification des règles du jeu en la matière au sein du parti, règles du jeu qui ne prennent en compte à leurs yeux que le seul critère sur lequel ils pensaient pouvoir en imposer à tous : l’argent.
Contrairement aux dispositions en vigueur qui veulent que le candidat du parti à l’élection présidentielle soit choisi par le BEN, ils exigent que cela soit fait par les sections qu’ils ont pris soin préalablement de tenter d’instrumentaliser dans ce sens.
Je m’en voudrais d’aller plus loin dans mon propos sans saluer l’esprit de loyauté et de refus de succomber à la tentation de l’argent, de nombreux militants au niveau de nos sections, à l’intérieur comme à l’étranger. C’est d’ailleurs en plus de nos convictions personnelles, ce souci de nombreux militants de préserver nos valeurs, qui nous conforte dans cette lutte que nous menons.
Mesdames et Messieurs,
Pour atteindre leur but, le plan de ces camarades contestataires a consisté tout d’abord à tenter de provoquer un blocage au niveau des instances dirigeantes du parti afin de pousser à un changement de directoire en favorisant l’arrivée à la tête du parti de leurs hommes.
Les camarades du BEN engagés dans ce projet ont transformé les réunions du Secrétariat Exécutif et du BEN en séances d’invectives, de grossièretés et de contestations.
Les avis des Présidents d’honneur Younoussi Touré et Bandiougou Bidia Doucouré, sollicités à la demande même de certains de ces camarades contestataires ont été tout simplement rejetés par ceux-ci, de même que la décision de la Commission Nationale d’Arbitrage et de Conciliation. Je rappelle que dans les deux cas l’avis émis était de surseoir à l’organisation de tout congrès extraordinaire et de tout changement au sein de la direction du parti jusqu’au prochain congrès ordinaire du Parti prévu en 2024.
L’utilisation de la violence par ces camarades a atteint son paroxysme lors de la conférence nationale au cours de laquelle certains se sont livrés à la surprise générale des participants, à des actes des plus repréhensibles. N’ayant pu obtenir gain de cause lors de la conférence nationale, ils entreprennent d’initier une pétition pour l’organisation d’un Congrès extraordinaire.
Mesdames et messieurs les journalistes
Chers invités,
Le Congrès Extraordinaire est bel et bien prévu par les textes de l’URD mais à certaines conditions dont une est la demande par les 2/3 des membres du BEN. La pétition initiée avait pour but de réunir les signatures de ces 2/3, sauf que ceci n’a jamais pu être atteint ; mais pour arriver à leur fin, les initiateurs de cette pétition ont fait signer des personnes non-membres du BEN, au moins un membre du BEN décédé et ont utilisé la signature de plusieurs autres membres du BEN à leur insu. Ces faux ayant été constatés lors de l’analyse du dossier de convocation de leur Congrès extraordinaire, nous avons tout simplement notifié aux demandeurs un défaut de quorum qui ne nous permet pas de convoquer la tenue dudit Congrès. Ils sont passés outre et ont organisé le 16 janvier 2022 un Congrès au cours duquel le 14ème Vice-Président, Monsieur Gouagnon Coulibaly a été choisi comme Président du parti tout en gardant sans changement le reste du bureau exécutif national.
Je tiens à préciser que ni la charte des partis, ni les textes de l’URD ne prévoient une pétition pour convoquer les instances. C’est dire que le processus de convocation et d’organisation dudit Congrès Extraordinaire a violé toutes les dispositions statutaires et règlementaires de notre parti.
Mesdames et Messieurs,
Je m’empresse de vous dire que la seule fois que nous avons eu recours à la justice dans le cadre de ce dossier, c’était pour demander de ne pas permettre l’organisation d’un Congrès Extraordinaire qui n’a pas été régulièrement convoqué. Pour les autres fois ce sont nos protagonistes dans ce conflit qui nous ont trainé devant les tribunaux, contrairement à ce qu’ils tentent de faire croire.
L’enquête à la suite de laquelle le juge d’instruction du 9ème cabinet du Pôle Économique et Financier a inculpé non détenus, les nommés Gouagnon Coulibaly, Mme Coulibaly Kadidiatou Samaké, Kalilou Samaké, Mohamed Nouhoum Maiga et Ali Bazzi pour faux et complicité a été engagée à la suite d’une plainte pour faux et usage de faux contre X. Cette plainte a été introduite par trois membres du BEN dont les signatures ont été utilisées sans leur consentement et à leur insu dans le cadre de la pétition pour la convocation de leur congrès extraordinaire. Pour les besoins de la cause, ils sont allés jusqu’à fabriquer et à utiliser de faux cachets du Parti.
De tout ce qui précède, la Direction du parti a procédé à l’exclusion de 11 responsables y compris Gouagnon Coulibaly et à la suspension pour 6 mois de 18 responsables pour ces fautes graves commises.
Parallèlement, le sieur Gouagnon Coulibaly a saisi le tribunal de grande instance de la commune 5 aux fins de confirmation de son élection en qualité de Président du parti. Contre toute attente à la date du 04 avril 2022 ladite juridiction a fait droit à sa demande, en annulant également les sanctions prises contre eux et en m’enjoignant de procéder à la passation de service à Gouagnon Coulibaly au bout de 72 heures à compter de la signification de la décision sous astreinte de 500.000 Fcfa par jour de retard. Je tiens à rappeler que l’URD n’est pas un service, c’est un parti politique géré par des textes qui émanent de la loi portant charte des partis politiques. Ni les textes de l’URD ni la charte des partis n’ont prévu « de passation de service ».
Nos avocats ont régulièrement relevé appel de cette décision.
Une décision controversée de confirmation de ce jugement est intervenue à la cour d’appel de Bamako contre laquelle un pourvoi en cassation a été formé. Nous sommes dans l’attente d’une décision de la cour suprême du Mali. Nos juristes vous expliqueront les péripéties de toutes ces procédures.
Mesdames, Messieurs les journalistes ;
Je ne me lasserai jamais de rappeler notre attachement indéfectible à la République, à la Démocratie, à l’état de droit, à la justice et à l’égalité citoyenne.
C’est bien cela qui explique pourquoi nous nous sommes abstenus de réagir publiquement jusqu’ici. Nous ne voulions ni faire étalage public de nos problèmes internes ni interférer dans le cours de l’action judiciaire.
Notre parti a animé l’opposition pendant sept ans, sans craintes ni peur. Cette posture a exigé de nous, responsables comme militants de base, une union et une cohésion plus fortes, un engagement constant et sans calcul, une meilleure organisation, une excellente communication et un meilleur fonctionnement du parti à tous les niveaux. A cette époque toutes les campagnes d’intimidation ou d’intoxication qui ont consisté à vouloir ternir l’image de nos premiers responsables et à déstabiliser notre parti sont restées sans succès.
Nous ne saurions combattre certaines pratiques malsaines à l’échelle nationale et courber en même temps l’échine face à ces mêmes pratiques au sein de notre propre formation politique.
C’est pourquoi le préambule de nos statuts stipule clairement, je cite : « Convaincus du rôle éminemment important que les partis politiques jouent dans la vie d’une nation, les militants de l’Union pour la République et la Démocratie (URD) se fixent comme objectif l’émergence d’une société de paix qui réponde aux aspirations fondamentales des Maliens tels que la liberté, l’égalité, la justice, le bien-être, la solidarité. » Fin de citation.
Il est évident que l’atteinte d’un tel objectif passe forcément par l’exemplarité, l’honnêteté, la loyauté de tous les cadres du parti. Aucun leadership imposé ou fortement contesté, dépourvu de toute vertu, en déphasage avec nos principes et nos valeurs ne saurait asseoir une gouvernance vertueuse à la tête de notre parti. De mémoire d’homme politique, je ne connais pas une seule formation politique en République du Mali dont le Président a été installé par la force publique, et en brisant les serrures des portes du siège dudit parti. Cette attitude inconcevable a jeté le discrédit sur notre Parti. Comment peut-on en être fier ?
Je profite de cette tribune pour demander à tous les responsables, militants, sympathisants de l’URD épris de paix et de justice, respectueux de nos valeurs et de nos principes, résolument engagés à perpétuer le combat de notre défunt Président et à honorer sa mémoire, de rester unis, mobilisés, déterminés afin de faire face aux défis auxquels nous sommes confrontés. Quelle que soit la forme, nous devons continuer ensemble le combat politique sans jamais nous éloigner de nos principes et valeurs qui ont forgé en nous l’espoir d’un avenir meilleur. Soumaïla l’a rappelé une fois : « Le chemin peut être long et difficile mais la vérité triomphera toujours ».
Chers camarades ;
Nous devons jouer notre partition dans le processus de transition en cours.
C’est l’occasion de féliciter les autorités de la transition, le Colonel Assimi Goita, Président de la transition, Dr Choguel Kokala Maiga Premier ministre Chef du Gouvernement et l’ensemble des membres du Gouvernement pour les décisions courageuses prises en faveur du respect de notre souveraineté et leur renouveler notre soutien. Inutile de rappeler que je suis avec des camarades qui font partie des premiers soutiens de la transition, parce que membres du FSD et du M5 RFP. Notre soutien se manifeste également par la présence de certains de nos camarades dans l’équipe gouvernementale.
L’inévitable refondation en cours doit déboucher sur un État fort, un État qui saura unir et protéger la Nation, un État qui crée l’espoir, un État dans lequel la justice est sainement distribuée. C’est en cela que nous avons inscrit notre combat, pour un Mali uni paisible et prospère, combat conforme à nos principes et valeurs.
C’est pourquoi, ceux qui ont adhéré à l’URD dans l’espoir de nous dévier de ce chemin que nous avons pris sous le leadership de feus Soumaila Cissé et Younoussi TOURE de doivent se résoudre à accepter qu’ils soient indésirables chez nous.
Nous ne pouvons pas être avec eux et en même temps être soutiens de la transition. Fort heureusement nous n’avons d’ailleurs aucun contact ni une quelconque relation avec eux.
Mesdames et Messieurs ;
Je félicite et encourage nos forces armées et de sécurité qui poursuivent avec détermination la lutte contre les forces du mal.
Les dures réalités de l’année 2022 et des précédentes exigent la mise à la disposition de nos forces armées et de sécurité de moyens adéquats afin de les rendre plus fortes, professionnelles, républicaines et capables de défendre et de garantir de manière durable la sécurité et l’intégrité du territoire national. Je salue les efforts colossaux déjà entrepris par les autorités de la transition dans ce sens et les exhorte à les poursuivre.
Mesdames, Messieurs les journalistes,
Les nombreux défis du moment auxquels le Mali est confronté seront pour vous l’occasion de faire preuve de votre sens de la responsabilité. De par vos plumes et vos ondes, je demeure convaincu que vous contribuerez à assurer la libre circulation des idées, à unir les Maliens, à apaiser les cœurs et les esprits et surtout à accompagner le nécessaire processus de refondation en cours.
Vous renouvelant tous mes vœux de bonne et heureuse année, je vous remercie de votre aimable attention.
QUE DIEU BÉNISSE LE MALI !