Le vendredi 15 février 2019, Soro Guillaume et ses soutiens politiques ont porté sur les fonts baptismaux un Comité Politique (CP). Une plateforme chargée, déclarent-ils, de mener des réflexions sur les grands sujets d’intérêt national. Ce comité devrait notamment proposer des instruments et cadres de promotion de la démocratie, de consolidation de l’Etat de droit et de défense des valeurs républicaines. Reste à savoir pourquoi Guillaume Soro quitte le navire ‘’houphouëtiste’ ’au contrôle pour celui de l’opposition…
Ce qui est sûr, c’est qu’en signant cet acte politique, le désormais ancien président de l’Assemblée nationale, qui assure à tout prix garder des secrets d’Etat, n’entend pas non plus être astreint au droit de réserve. Même s’il reste dubitatif quant à ses ambitions présidentielles pour 2020, n’a-t-il pas déclaré quelques jours plus tôt qu’il quittait « le tabouret pour aller chercher un fauteuil plus confortable » ? Le fauteuil présidentiel ?
La nouvelle Constitution ivoirienne n’interdit pas à l’actuel président Alassane Dramane Ouattara de briguer un troisième mandat. Toutefois, après dix années de pouvoir, ADO sera quasi- octogénaire en 2020. En dépit du flou qu’il entretient sur sa candidature à la prochaine présidentielle, nombreux sont les observateurs à douter qu’il chercherait à se succéder à lui-même. Avec l’acquittement de Gbagbo par la CPI et le retrait du PDCI-RDA de la mouvance gouvernementale, la recomposition du jeu politique ivoirien est inéluctable
Puisque Guillaume Kibafori Soro (GKS) n’avait plus la chance de rester le dauphin constitutionnel d’ADO (la nouvelle Constitution oblige), il n’avait que le choix de quitter le navire du pouvoir pour tenter sa propre aventure politique, rivalisé qu’il est au sein du RHDP par le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur. Mais est-ce la bonne stratégie politique ?
Pour l’heure, c’est le RHDP, le FPI (les deux tendances confondues) et le PDCI-RDA qui se partagent la sphère politique ivoirienne. Toutes ces formations ont déjà fourni à la Côte-d’Ivoire un président de la République. Et nombreux sont les Ivoiriens à voir le futur président venir forcément de l’une de ces formations ou d’une coalition de partis. Comment GKS pourrait-il alors émerger du jeu politique pour devenir le futur président ivoirien ?
De toute façon, le bon sens veut bien qu’il fasse tout pour combler son retard dans l’occupation de l’arène politique. Ce qui l’obligera à transformer rapidement son Comité politique en Parti politique. Cela n’est pas hors de sa portée car ses soutiens, qui sont nombreux au sein du RHDP comme dans d’autres formations politiques, prendraient logiquement le train avec lui. Du courage donc Guillaume…pour franchir le rubicon !
Gaoussou M. Traoré
Source: Le Challenger