La période de soudure que les paysans maliens craignent le plus sera particulièrement difficile cette année. Plusieurs familles paysannes n’ont plus rien à manger depuis des moins à cause de la mauvaise récolte. Le gouvernement qui a été alerté au sujet de cette pénurie alimentaire ne propose rien aux paysans livrés au bon vouloir des spéculateurs.
Les banques de céréales qui avaient pour objectifs de prévenir de telles situations ont été pillées. Incapable d’imaginer des réponses claires et satisfaisantes aux paysans, le gouvernement est resté dans le dilatoire. Il n’a pas pris le soin de relancer les bonnes initiatives qui ont sauvé les paysans lors des périodes de faim.
Les magasins témoins et autres lieux de ventes promotionnelles des céréales ont fait le bonheur des paysans et de la population malienne en général. Mais ce gouvernement n’a pas encore été en mesure de prendre des initiatives salutaires. Malgré le slogan de la rupture avec les anciennes pratiques qui ont creusé le fossé entre la population et les gouvernants, le gouvernement continue de promouvoir les intérêts d’une poignée de personnes.
Les 18 milliards de subvention aux produits de première nécessité auraient pu être utilisés pour renflouer les magasins de l’Office malien des produits alimentaires. Cela aurait permis de relancer les banques de céréales qui sont des boutiques de proximité. Les populations rurales qui souffrent déjà du manque de nourriture n’ont plus que les aides des bailleurs de fonds.
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Là encore, le gouvernement ne s’entend pas avec tout le monde, surtout les partenaires européens. Ainsi, la transition ne sera pas responsable de la gestion des 800 millions d’aide alimentaire de la France aux populations maliennes. Les autorités françaises ont été claires, l’argent qui a été annoncé ne tombera pas entre les mains du gouvernement malien. En effet, l’aide a été annoncée au lendemain de la dénonciation des accords militaires avec la France par la transition.
L’argent qui doit ainsi servir à soulager les personnes vivant dans l’insécurité alimentaire passera entre les mains des ONG. Le Programme alimentaire mondial(PAM) travaillera avec des partenaires locaux pour atteindre la population dans les milieux ruraux et dans les grandes villes. Le froid entre Bamako et Paris ne pourra donc pas être un frein à l’utilisation de l’aide alimentaire venant des contribuables français.
Le gouvernement de la transition ne s’opposera pas non plus à l’aide française pour des raisons évidentes. Il y a plusieurs millions de Maliens qui souffrent d’insécurité alimentaire cette année. Le pique sera la période de soudure, entre juin et août, où les paysans n’ont pas suffisamment à manger alors qu’ils doivent faire face à des travaux champêtres.
L’une des raisons de l’insécurité alimentaire au Mali est la mauvaise récolte faite lors de la campagne agricole passée. Les récoltes ont été catastrophiques dans plusieurs zones du pays à cause de l’insuffisance des pluies. Hormis la région de Sikasso, les pluies n’ont pas été au rendez-vous dans les zones agricoles du pays dont la production céréalière nourrit les zones arides plus au nord du pays.
La tendance des pays européens est d’isoler la transition sur certains plans. L’aide alimentaire dont il est question pourrait être utilisée par le gouvernement à des fins de propagande. C’est pour contourner ce risque que les Français ont choisi de passer par des organisations non gouvernementales.
Oumar KONATE
Source: La Preuve