Alors que le Mali vient de bénéficier d’Aides d’urgence du FMI pour un peu plus de 72 milliards de FCFA et pour près de 36 milliards de la Banque mondiale, destinées à faire face aux besoins humanitaires et énergétiques des populations du pays, l’ancien Premier ministre, Moussa Mara, Expert-Comptable, a exprimé des ‘’inquiétudes structurelles’’. Toutefois, Mara propose aux autorités de la Transition une batterie de mesures.
Dans un communiqué qu’il a publié ce vendredi 3 mai 2024 ‘’sur la situation financière du Mali’’, l’ancien Premier ministre dit se réjouir de ‘’cette intervention étrangère qui’’, à selon lui ‘’soulagera les peines d’une partie de nos compatriotes’’. « Je salue l’action des autorités de la transition pour avoir solliciter ces soutiens et continuer à poursuivre nos relations avec les institutions financières internationales », a-t-il félicité.
Toutefois, l’Expert-Comptable a exprimé des ‘’inquiétudes structurelles’’. Entre autres, Moussa Mara note « le défi de la fourniture de l’électricité qui ralentit l’économie du pays au point de lui faire perdre au moins 0,5% du PIB soit un minimum de 60 milliards de FCFA en 2024, le défi de nos dépenses de fonctionnement qui dépassent déjà nos recettes fiscales ’’. En exemple, explique-t-il, ‘’la somme des dépenses de salaire, de défense et de sécurité et les remboursements de dettes consomment presqu’entièrement nos ressources propres’’. « Dans ces conditions, on ne peut financer de manière appropriée ni l’éducation, ni la santé et encore moins les infrastructures qui sont indispensables au développement du pays », fait-il savoir.
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L’Expert-Comptable a souligné que ‘’les déficits publics dépassent les normes de gestion de l’UEMOA d’au moins 120 milliards’’. « Nous devons les réduire alors qu’ils s’accroissent », s’inquiète-t-il. Avant d’en tirer les conséquences : « La résultante de cette situation financière difficile est le recours à l’endettement dans des conditions difficiles, ce qui accroit les charges, les déficits et les difficultés et nous rapproche chaque jour de la faillite. »
Par ailleurs, l’ancien Premier ministre Moussa Mara note « l’absence de perspectives politiques », elle « constitue un facteur bloquant pour toute relance économique au Mali ». Car, dans le contexte actuel, souligne-t-il, il sera difficile que les acteurs économiques maliens investissent au pays, ‘’ne sachant pas de quoi demain sera fait. A fortiori les investisseurs extérieurs !’’
Nécessité de mesures appropriées
L’Expert-Comptable estime qu’il est impératif que les autorités de la Transition engagent, sans délai, des mesures appropriées. Dans sa batterie de mesures, Moussa Mara propose de ‘’faire preuve de la plus grande transparence sur la situation économique et financière de l’Etat et du pays, seule condition permettant de convaincre nos compatriotes à participer aux efforts pour sortir des difficultés’’. Aussi ‘’obtenir un approvisionnement régulier en électricité en recourant à la seule solution disponible et durable, l’achat d’énergie en provenance de la Côte d’Ivoire et inscrire le pays dans la trajectoire d’accès aux énergies renouvelables rentables en préservant l’environnement et en renforçant la coopération avec tous nos voisins dans le cadre du marché ouest africain de l’énergie en cours de construction’’.
L’ancien Premier ministre conseille aux autorités de la Transition de ‘’engager un plan crédible de réduction du train de vie de l’Etat et de rationalisation des dépenses comportant la révision à la baisse des avantages de toutes les autorités politiques et de tous les responsables publics’’, de ‘’créer les conditions d’un retour consensuel à l’ordre constitutionnel après des concertations sérieuses et inclusives avec les acteurs politiques’’.
Enfin, il faut ‘’renforcer les relations avec la communauté financière internationale mais également les partenaires bilatéraux disponibles pour obtenir des concours financiers substantiels et à des conditions concessionnelles’’. Ceci permettra au pays de ‘’faire face aux arriérés vis-à-vis des acteurs économiques intérieurs (fournisseurs de l’Etat, écoles privées…) et aux difficultés de paiement de certains acteurs comme les cotonculteurs’’, de ‘’restructurer son endettement et accroitre ses marges de manœuvre financières’’ et de ‘’engager des mesures d’accroissement des ressources propres seules à même de soutenir durablement ses politiques de développement’’.
Pour conclure, l’ancien Premier ministre dit compter sur le sens patriotique des autorités de la transition et leurs efforts, ‘’ nécessaires afin que les succès sécuritaires et en matière de défense ne soient pas compromis par les difficultés financières qui s’annoncent’’.
Cyril Roc DACK / Icimali.com