Nommé le 7 juin 2021, le Premier ministre aura un an à la tête du gouvernement dit de rectification, demain mardi. Une année au cours de laquelle le peuple malien a consenti d’énormes efforts pour la réalisation de la refondation de l’État. Mais douze (12) mois après, le bilan est loin des envolées lyriques de l’homme qui incarnait ce changement. Il s’est mis dans une tour d’ivoire pour que le Mali ne bouge même pas au rythme des réformes souhaitées pour donner une nouvelle vie à notre pays, afin d’amorcer l’émergence.
Le Mali, sous le gouvernement de la rectification dirigé par Choguel Kokalla Maïga, ne devrait pas se trouver à ce stade, où les mauvaises pratiques des régimes précédents prospèrent de façon dangereuse et bénéficient, malheureusement, du soutien sans faille des autorités de la transition qui ont juré de bâtir une nouvelle société malienne dans laquelle la justice sociale sera de règle. Le Premier ministre, chargé de conduire ce vaste chantier des reformes politiques, institutionnelles, sociales, économiques et culturelles, n’est pas parvenu à se mettre au- dessus du lot. Il n’a montré aucune capacité d’homme d’État à rassembler les femmes et les hommes autour d’un pays en crise depuis plus d’une décennie et fédérer les énergies pour trouver des solutions durables aux problèmes qui étouffent les masses populaires qui payent le plus lourd tribut des politiques désastreuses initiées par les dirigeants maliens. La preuve ? Choguel Kokalla Maïga n’a pu trouver aucun consensus sur aucune question d’intérêt national. Il en a fait à sa tête les Assises nationales de la refondation (ARN) dont les recommandations dorment encore dans les tiroirs. Alors qu’il tenait à celles-ci comme à la prunelle de ses yeux.
Qu’on ne se jette pas de fleurs. Une année après la rectification, les germes du chaos sont là. Le bilan est mitigé. C’est du surplace. Rien ne bouge en termes de changement qualitatif. Les mêmes hommes sont là avec les mêmes pratiques nocives à la marche du pays, soutenus par un Premier ministre qui donne l’impression comme s’il n’a jamais travaillé dans une administration. Les secteurs sur lesquels il devrait s’appuyer pour montrer à la face du peuple malien que le slogan Mali Koura n’est pas une vaine expression sont dans le coma. À commencer par l’administration publique. Elle est pire que sous le régime du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), chassé du pouvoir, en août 2020, pour mauvaise gouvernance. Elle se caractérise aujourd’hui par le retard chronique des agents, l’absentéisme, l’abandon des postes, le vol des matériels de bureaux, le refus d’exécuter des tâches à eux confiées par le chef de service, les magouilles, des nominations népotistes. Et pire, les jours des manifestations de soutien à la transition, c’est un silence de mort qui règne dans certaines structures étatiques.
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Alors que si le gouvernement de la rectification avait pris le bâton des sanctions pour les fonctionnaires indélicats, il allait bénéficier de l’appui de tous ceux désiraient un Mali nouveau. C’était un des jalons de la refondation. Mais, la rectification a raté le tournant du changement.
Et les conclusions des ARN que Choguel Kokalla Maïga avait lié le sort du Mali sont devenues le serpent de mer. Cinq (05) mois après, pas de fumée blanche. Sauf qu’un comité de suivi a été créé pour tromper la vigilance des Maliens. Pourtant, il tenait à celles-ci comme à la prunelle de ses yeux. Il pensait trouver aux assises la solution à tous les problèmes du pays.
L’incivisme et l’indiscipline ont de beaux jours devant eux. La circulation demeure encore le talon d’Achille de la transition. Aucune mesure n’a été encore prise pour le respect du code de la route. L’école, la santé ne bénéficient d’aucun soutien. C’est le laisser-aller.
De nouveaux propriétaires terriens sont nés. Mêmes pratiques : les paysans sont dépossédés de leurs champs de culture.
L’audit des structures étatiques, des programmes et des projets n’est plus au rendez-vous pour traquer les voleurs de la République.
Ce bilan n’honore personne. Il n’est jamais trop tard pour bien faire, dit-on. La balle est dans le camp de Choguel K. Maïga. Il est temps qu’il se donne les moyens nécessaires pour rassembler les Maliens en sachant que ses contre-vérités, sa falsification et sa réécriture de l’histoire, sa gestion solitaire du pouvoir, ont été contre productifs à l’union sacrée dont le Mali a besoin pour se faire entendre dans le concert des grandes nations.
On le sait bien, ce travail a bien commencé avec les décisions courageuses que les autorités de la transition ont déjà prises pour soigner l’image de notre pays sur la scène internationale. Mais cela, ne saurait se réaliser à long terme sans l’adhésion de tout le monde à la cause nationale.
Yoro SOW
Inter de Bamako