Les récentes attaques terroristes perpétrées contre des infrastructures industrielles dans la région de Kayes continuent de susciter de vives réactions au sein de la société malienne. L’économiste et ancien conseiller économique à la Présidence, Modibo Mao Makalou, a tiré la sonnette d’alarme sur les lourdes conséquences économiques de ces actes violents, qu’il qualifie de véritable « guérilla économique ».
Invité de l’émission « Le Grand Jury » de Renouveau TV, le jeudi 3 juillet 2025, l’économiste malien n’a pas mâché ses mots : « C’est la guérilla économique actuellement », a-t-il lancé avec gravité, dénonçant la stratégie des groupes armés de s’en prendre directement aux moteurs économiques du pays.
Selon Modibo Mao Makalou, ces attaques s’inscrivent dans une logique d’asphyxie économique visant à paralyser non seulement la région de Kayes, mais tout le tissu économique national. « On a attaqué des engins lourds par rapport aux mines, on attaque des unités de production aujourd’hui, mais pour quel dessein ? C’est pour asphyxier, isoler cette première région », a-t-il déclaré.
L’économiste rappelle l’importance stratégique de la région de Kayes, qui abrite les mines de Loulo-Gounkoto, représentant à elles seules un tiers des recettes minières de l’État malien, avec quelque 8 000 employés. « Ce sont les deux plus grandes mines d’or du Mali, et la deuxième d’Afrique. C’est parmi les dix plus grandes au monde », a-t-il précisé.
Le coton, autrefois fleuron de l’économie malienne, est également en déclin. « Le coton est en train de baisser en tant que culture d’exportation et son poids dans l’économie est en train de baisser, et ça c’est très dangereux pour nous », a-t-il averti, soulignant la nécessité d’une vigilance accrue pour ce secteur vital.
Quant au secteur industriel, déjà éprouvé par la crise énergétique, il ne représente que 6 % du Produit Intérieur Brut (PIB) malien. « Ce sont ces unités industrielles qui ont été attaquées encore hier, sans compter l’impact déjà de la crise énergétique sur ces unités industrielles. Cela va affecter nécessairement ce secteur secondaire », a analysé Makalou.
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Dressant un panorama global, l’économiste a rappelé que le secteur primaire (agriculture, élevage, forêt) représentait autrefois 40 % du PIB, mais n’en pèse plus que 35 % aujourd’hui.
Le secteur tertiaire (commerce, transports, services financiers), quant à lui, est menacé par l’insécurité qui entrave la mobilité et les échanges. « Le port de Dakar, 70 % de nos exportations passent par ce port. Maintenant, si nous avons ce genre de guérilla, de terrorisme économique au niveau de Kayes, ça risque de couper Kayes de Bamako et Kayes de Dakar aussi », a-t-il expliqué.
Un appel à l’action nationale
Face à cette situation préoccupante, Modibo Mao Makalou exhorte les autorités et les forces vives de la nation à agir avec urgence : « Il faut qu’on se lève et qu’on puisse circonscrire ce problème très rapidement », a-t-il insisté, appelant à une réponse stratégique à la hauteur de la menace.
Dans un contexte où l’économie malienne peine à se relever des multiples chocs : insécurité, crise énergétique, instabilités sous-régionales, les propos de l’économiste apparaissent comme un cri d’alarme. Une alerte qu’il ne faudra pas ignorer si le Mali entend préserver son tissu productif et sa souveraineté économique.
Cyril Roc DACK / Icimali.com