Tout en faisant le choix de ne pas se laisser entraîner à porter la responsabilité de la rupture radicale dans la mise en œuvre de l’Accord pour le Paix et la Réconciliation nationale issu du processus d’Alger, les responsables de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) disent suivre ce que le Gouvernement appelle la mise en œuvre intelligente dudit accord. Lequel, selon Attaye Ag Mohamed, « reste jusqu’à preuve du contraire le seul outil actuellement à disposition des parties pour construire une paix durable au Mali ».Premier du genre depuis sa mise en place en 2018 conformément à l’Article 50 de l’APR, le Séminaire de l’Observateur Indépendant pour la mise en œuvre de l’Accord a eu lieu le 16 Février 2022. Il a réuni, au-delà des responsables des Mouvements Signataires de l’Accord dont la CMA, le Ministre de la Réconciliation, Chargé de la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation Nationale, colonel Ismaël Wagué, le Représentant du Chef de fil de la Médiation Internationale, Président du CSA, le Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies au Mali, Chef de la MINUSMA, l’Ambassadrice Biza William, Conseillère Spéciale de l’Observateur Indépendant, les Ambassadeurs et membres du Corps Diplomatique accrédité au Mali, et les cadres et experts des partenaires internationaux qui accompagnent le Processus de Paix au Mali. Au regard des termes de références de cette rencontre et particulièrement du déroulé proposé, les participants ont passé en revue le contenu de l’observation effectuée pour une exploitation des recommandations faites et de convenir d’une stratégie de leur intégration en faveur de l’application et du suivi de l’Accord. D’entrée de jeu, le Chef de Délégation de la CMA au Comité de Suivi a salué l’opérationnalisation de cet observatoire dont la qualité des différentes publications périodiques est largement expressive de son indépendance et de son professionnalisme, mais aussi le leadership de la Fondation Jimmy Carter. Selon Attaye Ag Mohamed, six (6) ans après la signature dudit Accord, cela sans crainte de trahir la quintessence des neufs (9) rapports produits par l’OI, les actions menées sont essentiellement périphériques. « Il faut clairement reconnaître que l’entame des questions de fond, en l’occurrence celles relatives à la lettre de l’Accord, reste jusqu’ici de l’ordre de l’incertitude et de l’hésitation. Plusieurs années écoulées mais les espoirs de dividendes escomptés s’amenuisent auprès de populations », a regretté le porte-parole des mouvements. Peu d’optimisme Parlant du contexte actuel de la transition, les mouvements armés restent « malheureusement peu optimistes au regard de la réalité » que toutes les parties tentent « bien que mal d’inscrire dans l’ordre de simples turbulences qu’il faudrait à chaque fois nécessairement encaissées ». A LIRE AUSSI
En effet, souligne le Chef de Délégation de la CMa au CSA, « il y a un peu moins de 18 mois que des autorités de Transition, dont le plus haut leadership avait durant la première annonce solennelle de prise de pouvoir déclaré son entière adhésion à la mise en œuvre intégrale et diligente de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali issu du processus d’Alger. Cet engagement a été d’ailleurs inscrit en bonne place dans la Charte de Transition en vigueur. Vous témoignerez tous ici avec moi de l’apparition par la suite de formulations nouvelles comme telles que « mise en œuvre intelligente » et qui ont finalement fait partie des libellés des Politique et Programme d’Actions Gouvernementales de cette Transition. Il y a à peine quelques jours le seul projet de loi sur la Police Territoriale bien que non consensuel a été fièrement retiré à l’ordre du jour de la Session Extraordinaire en cours du CNT. La fixation d’une date précise de la Réunion Décisionnelle sur l’Armée Reconstituée, les Quotas globaux d’Intégrations et la Chaîne de commandement consensuelle, semble si difficile que l’on pourrait croire qu’elle ne sera finalement déterminée que dans le but de cocher une case de promesse ». A en croire M. Attaye, ces constats parmi bien d’autres, souvent plus flagrants et inquiétants, accordent toutes les raisons de faire de ce séminaire le lieu de franchise et de sincérité autour de la viabilité de l’Accord pour la Paix et la réconciliation. « Il ne se passe rien qui ne soit intelligemment suivi et compris. Mais nous avons en toute connaissance de cause fait le choix de ne pas nous laisser entraîner à porter la responsabilité de la rupture radicale », a-t-il averti. Et le Chef de Délégation de la CMA au CSA de marteler : « L’Accord pour la Paix et la Réconciliation reste jusqu’à preuve du contraire le seul outil actuellement à disposition des parties pour construire une paix durable au Mali. » Comme défis à relever, a souligné M. Attaye Ag Mohamed, « la Gouvernance de la mise en œuvre l’Accord, l’organisation cohérente de son système de monitoring et la mobilisation de ressources par les partenaires qui en ont pris l’engagement ». Cyril Adohoun L’Observatoire |