Le ministre de l’Economie et des Finances, Dr. Boubou Cissé, dans ses efforts de toilettage financier, se heurte toujours à la ténacité de ses agents subalternes, rompus dans la gestion opaque, au niveau des Directions des Finances et du Matériel (DFM). Lesquels sont en complicité avec certains soumissionnaires.
Actuellement, le ministre Boubou Cissé a un dossier sous sa main qui mérite une très grande attention et beaucoup de prudence. Il s’agit d’un marché d’attribution de 7327 tablettes et accessoires informatiques dont le processus a été parsemé d’irrégularités perpétrées dans le dessein manifeste d’écarter de la course les autres soumissionnaires.
Depuis quelques temps, un bras de fer oppose la société SOPRESCOM éliminée au dépouillement des offres à la société attributaire provisoire du marché pipé. Tout a commencé au mois d’avril 2018 avec un appel d’offres du ministère du plan et de l’aménagement du territoire pour la fourniture de matériels informatiques devant servir au recensement de la population et de l’habitat en 2019.
Dans son offre, la société SOPRESCOM a été moins-disant tout en répondant à tous les critères des clauses du contrat relatif aux conditions de qualification applicables aux soumissionnaires.
Cependant, quelle ne fut la surprise de ses responsables lorsque la DFM les informa par courrier que le marché est attribué à une société qui propose des sommes faramineuses. Tenez-vous bien, la société SOPRESCOM propose 691 668 800 FCFA alors que l’autre entreprise est à 942 435 375 FCFA et curieusement, c’est cette dernière qui fut déclarée bénéficiaire provisoire du marché. Cela est difficile à comprendre car c’est comme si la DFM voulait jeter plus de deux-cents millions de l’Etat par la fenêtre.
Face à une telle injustice flagrante, SOPRESCOM n’est pas restée sans réagir et a exigé des explications sur le rejet de son dossier. Sur cette interpellation, la DFM répondit de façon peu convaincante que les scanners fournis par SOPRESCOM dans un marché similaire ne constituent pas un matériel informatique et que c’est ce qui fut la cause du rejet de son offre.
Sur la contestation engagée par SOPRESCOM, l’Autorité de Régulation des Marchés et des Délégations des Services Publics (ARMDS) a démenti le mauvais motif de rejet avancé par la DFM, et a ordonné la réintégration de l’offre de la société SOPRESCOM SARL, l’évaluation de l’appel d’offres qui doit donc poursuivre son cours.
Pour contourner le caractère obligatoire de la décision de l’ARMDS, s’imposant tant à l’administration qu’à toutes les parties, la DFM, ne devant normalement pas prendre partie, a fini par montrer son vrai visage au grand jour en se permettant de saisir la justice avec l’attributaire provisoire pour demander l’arrêt de l’exécution de la décision d’évaluation de l’ARMDS, ainsi que son annulation, afin de leur permettre de livrer à l’Etat du matériel informatique de moindre qualité. Ce qui occasionnera une perte de plus de 250 000 000 FCFA.
Ce n’est pas tout. L’affaire étant pendante devant la Section administrative de la Cour suprême, cette haute instance du pays a rendu sa première décision en l’absence de SOPRESCOM, victime d’une grossière erreur de date de convocation pour comparaître à l’audience.
En effet, la société SOPRESCOM SARL représentée par son gérant est avisée le mercredi 19 décembre 2018 à 15 heures moins, que l’affaire sus mentionnée est inscrite au rôle d’audience de la section administrative le jeudi 19 décembre 2019 à 15h, pour représenter ses observations orales.
Alors qu’en réalité, l’audience s’est tenue quelques minutes après la remise de cette convocation pour ainsi rendre le même jour une décision de sursis favorable à la DFM et à l’attributaire provisoire en l’absence de SOPRESCOM.
Quel manque de logique car la date du jeudi indiquée sur la convocation devait correspondre normalement au 20 décembre 2018 au lieu du 19 décembre 2018. Suite à cette erreur grossière de date de convocation, permettant au processus de passation du marché de suivre son cours, les responsables de SOPRESCOM demandent que justice soit faite au cours de la seconde manche consistant en la procédure en annulation qui est actuellement en examen auprès de la section administrative de la Cour suprême. Que la logique et la vérité fassent surface. Que le mérite paye.
En attendant, tous les regards sont tournés vers le ministre de l’Economie et des Finances qui est le dernier signataire de ce dossier qui fera perdre plus de 250 millions à l’Etat en ces temps de sérieuses contraintes budgétaires où le moindre centime doit compter pour le pays.
Ce dossier est donc peut-être l’occasion pour le ministre de l’Economie et des Finances de se montrer cohérent avec les principes de bonne gouvernance qu’il a toujours promus, en se scandalisant contre la gabegie qui a atteint son paroxysme dans ce dossier. Ne serait-il pas mieux de s’informer suffisamment sur la transparence de ce marché ?
En tout cas, en apposant hâtivement sa signature sur un tel dossier controversé, il pourrait jeter un discrédit sur sa personne, hautement distinguée.
Sinaly KEITA
Source : Le Reporter