Hama Amadou, rentré jeudi à Niamey après trois ans d’exil, a été arrêté ce lundi matin. Il lui reste huit mois de prison à purger après sa condamnation dans une affaire de trafic de bébé.
C’est, accompagné de son avocat, maître Mossi Boubacar, qu’Hama Amadou s’est présenté à la brigade de la gendarmerie nationale de Niamey très tôt ce lundi 18 novembre au matin. De sources judiciaires, il avait été convoqué la veille pour se présenter à la brigade.
Dans la matinée, Hama Amadou est arrivé à la prison de Filingué, située à 180 km au nord de Niamey. La même prison où il avait été détenu avant son évacuation sanitaire en France en 2016.
Depuis le jour de son arrivée, ses lieutenants l’ont affirmé, Hama Amadou se mettra à la disposition de la justice de son pays. Aujourd’hui, c’est chose faite, la procédure a été respectée.
Vers une grâce présidentielle ?
Combien de temps Hama Amadou va-t-il rester en prison ? C’est la principale question que tout le monde se pose à Niamey. Pour beaucoup de ses lieutenants, et même dans la mouvance présidentielle, beaucoup pensent qu’Hama Amadou pourra bénéficier d’une probable grâce présidentielle. Dans les milieux judiciaires, on rappelle que la grâce est un domaine réservé et du seul pouvoir discrétionnaire du président de la République, Mahamadou Issoufou.
Les deux hommes se sont d’ailleurs entretenus plus tôt dans le weekend par téléphone. Hama Amadou a en effet reçu en milieu de matinée ce dimanche un coup de fil du président Issoufou Mahamadou qui lui a présenté ses condoléances. Selon le député de l’opposition, Soumana Sanda, c’est la première dame Malika Issoufou, accompagnée de l’épouse du Premier ministre, qui a servi d’intermédiaire entre les deux hommes politiques et qui a passé à Hama Amadou son époux au téléphone.
Reste à savoir aussi s’il sera possible pour Hama Amadou de présenter sa candidature à la présidentielle, il a en effet été désigné l’été dernier, par son parti, le Moden Fa Lumana. D’après l’article 8 du Code électoral révisé récemment, pour être éligible, il faut avoir un casier judiciaire vide. Cela concerne, selon le texte, « les individus condamnés définitivement pour un délit à une peine d’emprisonnement ferme, égale ou supérieure à un an. »
■ Une affaire qui remonte à 2014
Hama Amadou, ancien allié au président et devenu principal opposant, avait été condamné en 2016 pour avoir participé à un trafic de bébés qui auraient été conçus au Nigeria puis amenés au Niger via le Bénin. L’ancien président de l’Assemblée nationale avait été condamné par contumace par la cour d’appel de Niamey, pour « recel d’enfants » dans un trafic international d’enfants. Toutes les requêtes de ses avocats ont jusque-là été déboutées.
Au-delà de Hama Amadou, dans cette affaire, une vingtaine de personnes ont été mises en cause par la justice. Notamment Hadiza, la seconde épouse d’Hama Amadou qui avait écopé d’un an de prison ferme. Le cerveau de ce trafic avait été condamné à cinq ans de prison. Parmi les autres personnalités concernées figurent l’ancien ministre de l’Agriculture Abdou Labo, des banquiers, des hommes d’affaires, un officier de l’armée, ainsi que leurs épouses. Depuis le début de cette affaire, Hama Amadou dénonce un procès politique.
Rfi