Les appartements meublés connaissent un engouement croissant au Mali, devenant une tendance très prisée par la jeunesse, notamment les mineurs. Ces ensembles d’habitations indépendantes au sein d’immeubles collectifs sont destinés à être des lieux de repos, de vacances ou de traitement d’affaires, mais leur utilisation a été détournée par certains pour en faire des endroits de débauche et de destruction massive.
Le marché des appartements meublés au Mali, en particulier dans le secteur immobilier, est florissant. Cependant, il souffre d’une gestion déficiente, et aucune réglementation n’est appliquée pour protéger les mineurs. Ces jeunes transforment ces lieux en espaces de consommation de chicha, de cigarette et de stupéfiants, ainsi qu’en scènes d’agressions graves et de sexualité en groupe, voire de viol. Les victimes laissent des traces indélébiles !
La location de ces appartements est devenue anarchique. Les jeunes clients, y compris les mineurs, sont souvent loués sans qu’une demande de carte d’identité soit effectuée, mettant ainsi leur sécurité en péril. Ne serait-il pas temps de réglementer les conditions d’accès à ces appartements ?
Selon un propriétaire locateur d’appartements, qui a préféré garder l’anonymat, certaines personnes louent ces lieux pour y organiser des fêtes d’anniversaire ou d’autres événements entre amis, tandis que d’autres s’en servent à des fins sexuelles. « Des jeunes garçons qui ne peuvent pas rentrer avec une fille chez eux, font recours aux appartements. Malheureusement, les propriétaires d’appartements n’exigent pas l’âge pour louer un appart. C’est pourquoi, on a des mineurs qui louent des apparts », explique-t-il.
Il arrive fréquemment que des mineurs, garçons et filles, soient présents. Mais, l’absence d’exigences concernant l’âge des locataires favorise la présence de mineurs dans ces appartements. Un groupe de jeunes a été récemment observé louant un appartement avec trois chambres climatisées et un salon pour 40 000 F CFA par jour. La soirée a dégénéré en consommation de chicha, d’alcool, de drogue, de prostitution et d’actes de violence.
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L’exemple de Moussa Traoré, un jeune homme de 20 ans, qui a volé l’or de sa mère d’une valeur de 5 millions pour louer un appartement à Kalaban Golf, souligne les dérives de ce phénomène. De même, une fête d’anniversaire a tourné au drame pour une jeune fille qui a été violée par son copain et ses quatre amis lors d’une de ces soirées.
Cependant, certains utilisent ces appartements meublés comme des lieux de détente inaccessibles en famille, où ils peuvent inviter des amis à danser, fumer de la chicha ou faire un barbecue. Ces locataires défendent cette pratique pour se divertir avec leurs amis. Malheureusement, ces soirées se terminent souvent en tragédie, parfois même avec des meurtres.
Pour le bien de la clientèle et en particulier des jeunes mineurs, il est nécessaire de revoir les conditions de location des appartements et de mettre en place des mesures strictes. Outre les critères de paiement et de durée de location, l’exigence de la carte d’identité doit devenir obligatoire. Les autorités doivent prendre des mesures et promulguer une loi pour punir sévèrement les locataires qui enfreignent ces règles.
M. Sadio Sidibé, responsable d’une agence immobilière locale, appelle à ce que toute agence osant louer un appartement à des mineurs soit amendée et arrêtée par la police. De son côté, l’avocate Kadiatou Traoré suggère que, « sur le plan juridique, il est impératif d’adopter une loi spécifique pour réguler la location des appartements meublés et mettre fin à ce fléau ».
Au regard de ce qui précède, les appartements meublés, bien que concurrents des hôtels, sont de plus en plus préférés par les vacanciers d’aujourd’hui. Cependant, il est urgent de mettre en place des régulations pour éviter que ces lieux ne se transforment en nids de débauche et de violence, protégeant ainsi la jeunesse malienne. La prise de conscience et l’action des autorités et du secteur privé sont primordiales pour promouvoir une utilisation responsable de ces appartements meublés et assurer la sécurité des usagers, en particulier des jeunes mineurs.
Awa TRAORE et Cyril A.