Alors que la presse est ignorée dans la gestion de la Transition, le président de la Maison de la Presse, Bandiougou Danté, réitère sans ambages, lors de l’ouverture de l’Atelier national de réflexion sur la relecture du cadre juridique des médias maliens, qu’aucune refondation n’est possible dans une démocratie sans une presse libre, indépendante et responsable.
Depuis le lundi 11 octobre 2021 se tient pour quatre jours à Bamako un atelier national de réflexion sur la relecture du cadre juridique des médias. L’ouverture dudit atelier a réuni autour du président de la Maison de la Presse le Ministre de la Refondation, chargé des Relations avec les Institutions, Pr Ibrahim Ikassa Maïga, et son collègue de la Communication, de l’Economie Numérique et de la Modernisation de l’Administration, Me Harouna Toureh, le représentant du Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, le Représentant de la Haute Autorité de la Communication, le Président de la Commission de l’Éducation, de la Culture, des Technologies de l’Information et de la Communication, de l’Artisanat et du Tourisme du Conseil National de Transition, les Directeurs Généraux de l’ORTM et de l’AMAP, le Président du GPAC, les responsables des organisations professionnelles de la Presse, et les partenaires techniques et financiers qui sont JHR, Fondation Hirondelle, UNESCO, UNICEF, Fondation Friedrich Ebert etc. On notait également la présence des pionniers de cette presse malienne moderne qui, ont pensé et écrit les textes, les plus avancés pour l’époque. Je pense ici à Samory Touré l’audacieux, Hameye Cissé le visionnaire, Sidiki N’Fa Konaté le multidimensionnel et le talentueux, Ramata Dia la battante.
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Le Mali compte aujourd’hui près de 500 radios privées (commerciales, associatives, communautaires), près de 200 publications écrites en Français et en langues nationales et une soixantaine de médias en ligne (portails, journaux, web TV…) et une quarantaine de chaines de Télévisions. « Cet essor extraordinaire des médias maliens a été favorisé par la mise en place d’un cadre législatif et réglementaire consolidé au fil des différentes journées de réflexion dont la dernière remonte à l’an 2009 », a fait savoir le président de la MP, Bandiougou Dante.
En effet, en 2010 sous la houlette du Ministère de la communication et de la Maison de la Presse, nombre de textes ont été proposés aux pouvoirs publics de notre pays. « Plus d’une décennie après, ces textes sont devenus obsolètes et ne répondent plus aux exigences d’un monde qui évolue rapidement », a fait savoir Bandiougou Danté, selon lequel l’une des recommandations fortes des 3èmes journées de l’information et de la communication était l’engagement d’un processus de relecture des textes et règlements régissant le secteur de l’information et de la communication.
Dans le contexte actuel de refondation de l’Etat malien et avec l’arrivée de nouveaux acteurs dans le paysage médiatique, il est nécessaire d’évaluer le chemin parcouru, analyser sans complaisance les forces et faiblesses de notre arsenal juridique et réglementaire afin de dégager des pistes pour l’adapter à l’environnement actuel. « La transition est une opportunité inouïe pour réussir ce travail historique », a signifié le président de la Maison de la presse.
Le 27 février 2021, les professionnels des médias se réunissaient à Ségou, ville chargée d’histoires, pour élaborer les Termes de références de cet atelier de relecture du cadre juridique des médias. Les travaux étaient dirigés par nos aînés Hameye CISSE et Cheick Oumar Maïga alias Gilbert.
Durant quatre jours, les participants dont les acteurs du monde judiciaire auront à « définir sinon redéfinir le statut du journaliste professionnel, définir la presse en ligne édité à titre professionnel, clarifier le statut des sites internet personnels et les blogs édités à titre non professionnel, définir les délits de presse et proposer plutôt des sanctions pécuniaires que la privation de liberté ».
Aussi sera-t-il question de « préciser les contours de la convention collective de la presse, mettre l’accent sur le caractère obligatoire et l’indexation de l’aide publique directe et indirecte aux recettes de l’Etat, réviser les critères d’éligibilité à cette Aide, renforcer les critères du régime de déclaration d’organe de presse » et « proposer des solutions concrètes pour sauver d’une mort certaine le secteur de l’audiovisuel ».
A en croire le premier responsable de la presse malienne, « aucune refondation n’est possible dans une démocratie sans une presse libre, indépendante et responsable. Aujourd’hui, seule une réelle volonté politique peut aider à trouver des solutions appropriées et durables aux maux des médias maliens dans le cadre de la refondation de notre pays souhaitée par les plus hautes et par l’écrasante majorité des maliens ».
Il est attendu qu’au sortir de cet atelier, l’espace médiatique malien sera doté de propositions de projets de cadre juridique adaptée aux réalités d’un monde digital et d’élargissement des libertés et des droits avec son corollaire d’élargissement des devoirs.
DCA
Source : Le SOFT